31 août ~ Herman Düne ~
l Herman Düne l Switzerland Heritage l
Au difficile et combien inutile jeu de choisir parmi ses disques les cinq ou dix que quelqu'un emmènerait sur une île déserte, il y a de fortes chances que celui-ci se retrouve plus souvent qu'à son tour dans la sélection. Bien sûr, c'est peut-être un peu exagéré... mais pas plus que l'énoncé du problème en lui-même... Qu'est-ce que j'irais f*** avec cinq ou dix disques sur une île déserte... alors que mon téléphone peut en contenir plusieurs milliers.
Toujours est-il que ce disque, en son temps et encore maintenant, reste assez fascinant.
Quand ce Switzerland Heritage arrive sur nos platines Ween vient plus ou moins de sortir White Pepper tandis que son gentiment anachronique 12 Golden Country Greats est encore dans les mémoires. Le Songs:Ohia de Jason Molina vient de sortir un doublé The Lioness/Ghost Tropic magistral et ce groupe, sournoisement présenté par son label comme maroco-suédois à l'époque de leur premier single, fait son petit bout de chemin dans les classements des radios têtes chercheuses de la Férarock*.
La vague du Kutu Folk, dont St. Augustine, et le virage folk de Renaud H-Burns Brustlein ne sont pas encore en ligne de mire... et ce disque made in France, ou plutôt pour le coup, en Suisse, à Genève, vient bousculer l'ordre établi qui laissait les rênes du folk frêle et possédé à tout un gotha de hérauts américains intouchables, aux rangs desquels Will Oldham n'était déjà pas le dernier.
En quatorze titres, la paire confraternelle d'auteurs-composteurs-multi-instrumentistes, David-Ivar et André, épaulés de leur nouveau batteur Néman déconstruisent pour mieux reconstruire un ensemble de chansons taillées dans l'arbre du folk minimaliste et baignées, pour certaines, de mélodies pop redoutables... rendant difficile l'exercice le plus souvent non sollicité de dire lesquelles sont meilleures que les autres...
... personnellement, juste ... Speed of a Star, After Y2K, Going to Everglades, With a Tankful of Gas, Expect the Unexpected.
L'équilibre du disque et sa richesse résultent-ils de la répartition militairement helvétique du nombre de titres entre les deux têtes pensantes du projet ?
La qualité du rendu repose-t-elle sur les épaules de F.Lor, l'un des deux frères Loureau, Fabrice en l'occurence, de NLF3, mais également et surtout de Prohibition, et de leur propre label Prohibited records à qui l'on doit par ailleurs le The Full Mind Is Alone The Clear d'Heliogabale et Whales Lead To The Deep Sea de Purr, ... ?
Le sentiment d'apesanteur qui se s'en dégage vient-il d'un équilibre inhérent à ce tréma qui s'effacera au moment du reformatage du groupe ?
Peu importe, l'or de ce disque n'est pas resté dans les coffres du studio des Forces motrices, tournant la page d'un bug de l'an 2000 (Y2K) qui n'eut pas lieu et marquant au passage de son empreinte la scène indé française à l'heure de ce siècle naissant.
* et certainement dans celles des radios Campus, mais je ne saurai l'affirmer pleinement.