23 déc. ~ I Am a Band ~
l I Am A Band l Hearbreaking Chemistry l
Fabien Bréart voulait un groupe à lui tout seul, ou presque, pour pouvoir exprimer ce qu'il avait en tête et qui ne rentrait pas dans les cases de ses autres groupes, à commencer par The Lost Communist... dont l'aventure s'est arrêtée en 2010.
I Am A Band a donc pris le relais, délaissant le rock garage revendiqué sixties façon Detroit, pour prendre la route sous la forme d'un one-man-band, avec en tête la légende Hazel Atkins.
Le parcours d'un blues, folk fantasmé, d'une émancipation musicale mais pas moins rude (?)
En trois épisodes, il retrace peu à peu, pas à pas, chansons après chansons, un parcours en mode hobo sillonnant la carte du folk, de la country, le tout matin de soul sixties...
Autant Ruins of South affichait la couleur du Sud américain entre gospel Nouvelle-Orléans et blues du bayou, autant son Heartbreaking Chemistry montre le chemin parcouru, et, la distance et la variété qui nourrissent son voyage au coeur de l'Amérique rurale. Un voyage certes fantasmé mais personnel et intérieur plus que géographique, car pour Fabien, aller aux Etats-Unis pour confronter sa musique et/ou en creuser le sillon serait potentiellement...
... la chronique d'une déception annoncée, j'en suis persuadé, dit-il, ajoutant... Je veux dire (...) je veux y aller mais j’ai peur des circuits pour touristes, il faudrait que je sois guidé pour sortir des sentiers battus. Il faut surtout s’attendre à être surpris et à trouver autre chose que ce que je croyais, se voyant plus comme... l’enfant limougeaud qui préfère se construire son univers sans complexe...
Son itinéraire à ce jour l'a pour l'instant ramené à Limoges après un séjour à Bordeaux qui fut un révélateur, pour le musicien qu'il est.
Bordeaux est devenu une grande métropole mondialisée et touristique très agréable à visiter mais je ne sais pas si ça m’intéresserait d’y revivre, tranche-t-il en faveur du Limousin.
À la base, j'étais guitariste, et je me suis mis à la basse par nécessité on va dire, quand j'étais ado, au moment de monter mon premier groupe. J'ai poursuivi ensuite dans différents styles, du jazz, notamment, raconte-t-il.
Ensuite, vers 21-22 ans, j'ai déménagé à Bordeaux pour mes études et j'ai pris en pleine poire la scène garage rock de cette ville, c'était au début des années 2000. Une fois revenu vivre à Limoges, j'ai rencontré de nouveaux musiciens (...) c'est alors que j'ai voulu monter un groupe de garage rock et c'est devenu The Lost Communists.
Pendant les Lost Communists, je me suis remis progressivement à la guitare car j'ai eu envie de faire des chansons dans un autre registre, folk blues country on va dire, ajoute-t-il, et surtout, de les chanter moi-même. Mais ça ne correspondait pas vraiment au registre du groupe, j'ai donc commencé à répéter tout seul dans mon coin ce qui est devenu progressivement I Am a Band.
Armé de quelques reprises bien senties, Fabien donnait quelques indices sur la direction qu'il allait emprunter, se taillant l'autoportrait musical d'un Wayfaring Stranger, potentiellement en route pour Jackson, avec en tête le souvenir obsédant d'un amour perdu à qui tout sera pardonné dès son retour (As Long)... des chansons quo font résonner les noms de Johnny Cash seul ou accompagné de June Carter, Lee Hazlewood et Nancy Sinatra, Greg Reigning Sound Cartwright,... il chantait ses aspirations à laisser la Californie derrière lui pour rejoindre Tucson, Arizona.
[ Je me permets quelques arrangements...
mais je fais en sorte que ces morceaux puissent tenir la route sur scène ]
Si son EP Follow me Down invitait déjà à s'aventurer au Tennessee, une cover country rockabilly de PJ Harvey ouvrant les horizons. Avec ce deuxième album, il a souhaité faire quelque chose de plus intime, dit-il, sans se poser la question du genre ou d'une époque.
J'avais juste envie de présenter des chansons qui restituent des influences digérées, sur des thèmes qui me sont cher, dit Fabien.
Résultat, il brouille les cartes et fait visiter tout le territoire de la country folk... le New Jersey du Boss, les Rocheuses de The Loner, la fièvre et la sueur du rhythm'n'blues de l'Alabama, la crainte divine du tonnerre dans le ciel du Colorado, étendues aériennes en passant pas le sablonneux
Continuant à céder au rituel de la reprise référencée... il continue à célébrer la Blanche Albion, ou presque, The Dark Places tirée du Let England Shake de Miss Polly Jean laisse la place à la country soul gospel des Britanniques Soulsavers, aka Rich Machin et Ian Glover... avec le spectral Revival.
Selon les morceaux, viennent s'ajouter ici où là une guitare électrique pour appuyer l'acoustique, ou le contraire, un orgue, des choeurs, ... trahissant un tempérament un pue moins loup solitaire qu'il pourrait n'y paraître.
Non, pas tellement solitaire, avoue-t-il, à temps partiel en tout cas. Jouer tout seul est un peu frustrant parfois, j'ai besoin de partager avec des musiciens sur scène. Et puis, j'ai des chansons qui me viennent avec des arrangements ou des rythmes particuliers peu compatibles avec le format one man band.
J’ai une Jacobacci Royale que j’adore. J’adore les vieilles grattes au son roots comme des Stratatone, confie-t-il. Après je ne suis pas expert, je ne fais pas de collection, j’ai trois guitares depuis des années et ça me convient.
Il y a toujours eu des arrangements à l'orgue ou une deuxième guitare sur quelques morceaux dans les autres albums, précise Fabien. Je me permets quelques arrangements effectivement, mais je fais en sorte que ces morceaux puissent tenir la route sur scène sans l'orgue. Ou alors je ne les joue pas.
La scène et le studio sont deux travaux très différents, je n'essaie pas de faire un truc live sur disque qui se voudrait une restitution fidèle de ce que je fais sur scène, explique ce fan de vieilles guitares.
Voilà qui est dit.