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24 oct. ~ Pascal Comelade ~


l Pascal Comelade l Rocanrolorama (1974-2016) l

La musique, cette tour de Babel dont certains artistes ont découvert ou imaginé une pierre de Rosette qui permet, sinon aux hommes, au moins à leurs musiques de s'entendre au-delà de la discorde originelle.

Pascal Comelade est de ceux-ci. Le plus catalan des Montpelliérains s'est construit un langage musical au fil de 40 années passées à construire des versions sonores de ces mobiles qui se placent au-dessus du berceau des jeunes enfants.

Que ce soit à base de piano-jouets, ou autres toys instruments, de fanfares folles, d'un simple piano, ou de musique électronique -telle qu'il pouvait la pratiquer avec son ami Richard Pinhas au début des années 1970-, il flotte au-dessus de sa discographie une légèreté, une dérision et un humour qui contrastent avec l'audace et la créativité inhérentes à ses compositions, aussi bien qu'à son catalogue de reprises.

Son espéranto personnel brodé de français, de catalan et d'anglais ajoute au dadaïsme d'une discographie tentaculaire... que ce Rocanrolorama ne pouvait que résumer à grands coups de raccourcis claviers...

164 morceaux ne sauraient effectivement suffire à résumer une oeuvre qui s'étend sur près d'une centaine d'albums, EPs, bandes originales de films, compilations... depuis une époque où la cassette ou le vinyle était les supports de choix... C'est pourtant ce que le principal intéressé a fait dans un coffret de six disques, épuisé, forcément, puisque tiré à 1.000 exemplaires.

[ en filigrane une nébuleuse qui pourrait servir de référence généalogique ]

Si 164 titres ne pouvaient circonvenir cette galaxie pataphysique, ce cabaret galactique, cette éponge symphonique... alors que dire des 69 sélections de sa version abrégée qui ne risquent pas d'y parvenir...

C'est en tout cas une belle porte d'entrée façon Gaudi nous invitant à pénétrer dans la basilique de sa famille sacrée, au sein de laquelle figurent, pour n'en citer que quelques-uns, par ordre alphabétique... Pierre Bastien, The Limiñanas, Miossec, PJ Harvey, Richard Pinhas, Robert Wyatt, ...

Toute la beauté et la grandeur de l'oeuvre de celui qui se disait un temps né dans l'improbable village de Sant Feliu de les Forxetes, inviterait à continuer à dresser un parallèle avec l'inachevé Temple expiatoire de Barcelone... mais celui qui est accessoirement aussi membre de l'Académie catalane de Cinéma est surtout et avant tout un fin connoisseur et critique de musique, comme le montre le recueil de ses écrits monophoniques (et épisodes épistolaires), avec une distance d'appréciation de l'oeuvre des autres équivalente à celle que, modeste, il confère à la sienne.

C'est ainsi qu'il agrandit sans peine et en filigrane la nébuleuse qui pourrait servir de référence généalogique, en engloutissant et revisitant sans vergogne... les Stones, Jonathan Richman, Elmore James, Igor Stravinsky, Marcel Duchamp, Brian Eno, Captain Beefheart, Bob Dylan, Faust, Les Kinks, Vince Taylor, Maurice Ravel, Black Sabbath, Gun Club, Philip Glass, James Brown ,Lords of the New Church, Leonard Cohen,...

Père caché d'une Amélie Poulain par transitivité, il dompte ainsi les moulins à vent de la créativité et se pose en Picasso de la cover, en Zappa andalou, en Dali du piano miniature, en Buñuel de la symphonie de poche, en Morricone du boléro, ...

Ce Rocanrolorama réussit donc quelque part à réunir un ensemble de cartes postales instantanées d'époques en enfilade avec la fluence d'une musique qui coule de source, même s'il faut un peu de préparation et de bagage pour boire à cette fontaine-là.

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