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08 sept. ~ Yelli Yelli ~


l Yelli Yelli l Terre de mon poème l

Un disque, comme une révélation, une belle histoire d'héritage, de modernité, et cross-over des cultures.

En tête, une interview intéressante de Claude Sicre des Fabulous Trobadors, qui expliquait le choix artistique de son duo tambourin-beat box-voix par une recherche de ses racines. Il avait découvert Jimi Hendrix, à l'époque, mais il racontait que très vite il s'était interrogé sur les origines de son blues à lui, l'Occitan qui n'avait jamais vu un chant de coton et qui en tant que futur musicologue s'était mis en quête de ses racines... pour les trouver dans le Nordeste du Brésil...

La transmission des traditions orales et musicales est un élément fondamental pour tout mélomane qui se respecte... comprendre ou ne serait-ce qu'observer les échos, les concordances, les similitudes de sonorités et/ou d'instruments entre les pays reste une source d'émerveillement pour les plus curieux et les plus attentifs. Comment par exemple expliquer que les sonorités entendues à Urumqi, aux confins de la Chine, du Kazakhstan et de la Mongolie, puissent autant évoquer le gnawa nord-africain ? Au-delà de la tectonique des plaques, c'est aussi et avant toute une question d'Histoire et de migrations qui remontent à bien avant l'invention du train et de la bicyclette.

Emilie Hanac, franco-algérienne dont les racines renvoient autant en République tchèque qu'en Kabilye, a commencé comme de nombreux artistes par s'éveiller aux sons de leur propre jeunesse, entre la musique entendue à la maison et la bande son de l'adolescence.

Irrémédiablement, dans un premier temps, ce sont les sons souvent venus d'outre-Manche et d'outre-Atlantique qui prennent le dessus. Auteure, compositrice et interprète, elle aura donc commencé par lancer un projet pop folk électrique en langue anglaise, sous le pseudonyme de Milkymee...

Quatre albums plus tard, dont la B.O. d'un film, après des séjours au Japon, en Suède, elle décide de se tourner vers ses origines méditerranéennes.

Et comme nous sommes tous la somme de nos expérience et qu'une existence se définit par la confrontation et l'intégration de ce que nous transmettent nos parents, nos proches et des personnes que l'on rencontre au fil du temps... la renaissance d'Emilie Hanac, désireuse de se tourner vers ses racines maternelles, se fait sous le nom de Yelli Yelli, le surnom que lui donnait son grand-père quand elle était enfant, nous dit-on.

J’étais arrivée à un moment où j’avais l’impression de devenir une caricature de moi-même, confiait-elle aux Inrocks à la sortie du disque. J’étais au bout d’un cycle. C’est alors 
que j’ai commencé à me plonger dans l’histoire de ma famille. Et l’inspiration est revenue.

Les titres écrits ou interprétés se présentent en kabyle, en anglais et en français avec une musique baignée de mélopée nord-africaines mais passée au philtre de son existence de globetrotteuse.

Le tout affiche une sincérité dès le premier titre des douze titres de cette terre de poèmes qu'elle chantait sans la connaître autrement que par les récits familiaux, jusque récemment.

Terre de mon poème que je ne connais pas, tu brûles sous ma peau, chante-t-elle d'une voix aussi claire que le ciel bleu des cartes postales que nous envoient ses chansons.

La rencontre et l'entente évidente entre la fillette (Yelli Yelli) et le plus alpin des artistes anglais, Piers Faccini, globetrotter musical lui aussi, aboutit à un disque chaud, sablonneux, porté par une brise des matins gorgés de rosée qui ne peut que séduire par l'intelligence des arrangements et de l'ambiance qui s'en dégage sur quarante petites minutes. Une preuve, pas si innocente, de ce que le choc des cultures n'existe que si elles sont mises en confrontation.

Il y a environ deux ans, Emilie Hanak (aka Yelli Yelli) m’a contacté pour la première fois, dans l’idée de travailler avec moi sur un projet de reprises de chansons kabyles qui avaient bercé son enfance, raconte fièrement sur son site/blog l'artiste auteur-compositeur indépendant qui a co-réalisé le disque et l'a sorti sur son propre label Beating Drum.

Nous avons rapidement décidé qu’il serait plus intéressant d’écrire des compositions originales. A partir de ce moment, le projet est devenu une collaboration à part entière, de l’écriture des chansons à leur performance enregistrée.

En ces temps tourmentés de l’histoire de l’Europe, je pense que le propos de Yelli Yelli est important. Ses chansons nous rappellent de façon opportune que beaucoup d’entre nous sont issus d’une lignée d’ancêtres dont la route a été longue et ardue avant de trouver un foyer, conclut-il à juste titre.

* Domaine, film franco-autrichien de Patric Chiha (2010) avec notamment Béatrice Dalle

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