12 août ~ Saåad ~
l Saåad l Verdaillon l
Verdaillon est le fruit de deux bonnes années de travail pour le projet toulousain lyriquement ambient Saåad, initié en 2010 par Romain Barbot et devenu duo au fil du temps et des collaborations répétées avec Grégory Buffier.
Deux jours de prises et ainsi dire deux années de travail jusqu'au mastering, c'est ce qu'il aura fallu pour sortir un album concept autour de l'orgue majestueux d'une imposante mais discrète église de la capitale d'Occitanie.
Notre-Dame la Dalbade, ses briques rouges, ses meurtrières, sa tour à créneaux, son patrimoine gothique méridional classé au registre des monuments historiques se fait secrète dans les petites ruelles du quartier des Carmes, et de fait elle recèle un orgue impressionnant par rapport à la taille de l'édifice, l'orgue qui a été le centre de toutes les attentions de ce projet.
Au final, ce n'est pas tant l'instrument et ses cheminées qui se retrouvent au centre des compositions planantes mais bien toute l'église.
Les deux fans d'improvisation ont su y trouver l'inspiration pour prendre le temps de donner vie à des notes vivantes, en suspension, qui donnent une certaine mesure du caractère enveloppant de l'endroit et de la mystique qui s'en dégage. Une suite pour ainsi dire logique aux trois mouvements de Charnel Ground, inspirés à l'époque par une pensée tantrique liée à l'offrande de soi.
Ils auraient peut-être pu imaginer des ambiances similaires dans le gouffre de Padirac mais ils n'y auraient pas trouvé tous ces grincements de boiseries, le bruit des mécaniques de ce monstre totémique, quelques remous de l'eau du bénitier et des mouvements d'air presque palpables.
Entre field recording, samples et tableau sonore, c'est tout l'endroit qui semble prendre vie à nos oreilles durant 40 minutes définitivement organiques et hypnotiques, pour un final flamboyant.
S'ils revendiquent une grande part d'improvisation dans la composition, il ne faut absolument pas y voir une forme de facilité car il n'y a rien de plus complexe que de savoir proprement improviser, à deux, comme à plusieurs, et c'est donc sans grand étonnement et donc une certaine cohérence que l'on observerait et expliquerait la confluence naturelle avec d'autres adeptes de ce type de créations sonores, à savoir Frédéric Oberland d'Oiseaux-Tempête, et Paul Régimbeau de Mondkopf... avec qui ils évoluent en parallèle sous le patronyme de Foudre !
Et dire, que Romain était dans une vie pas si lointaine que ça au chant et à la guitare dans un projet légèrement plus bruitiste, appelé Montreal on Fire, avant qu'il ne soit pris d'une envie de voyager et de ramener avec lui des sons et des textures capturées un peu partout dans le monde (Baltique, Grèce, NY, ...) et emprisonnées dans sa boîte à musique pour les restituer comme les pages d'un journal intime dans lequel il puiserait l'inspiration des titres de ses oeuvres aussi surprenantes qu'ils sont évocateurs de l'origine éventuelle de leur création.