31 juil. ~ Erzatz
l Erzatz l Meian l
La piste offerte de présentation de ce disque est celle de la boucle bouclée mais l'impression est plutôt celle d'une fin de cycle qui permet et permettra de passer à autre chose, de franchir un cap, de continuer à élargir les horizons peut-être même, qui sait.
Originellement appelé Ersatz... devenu R;Zatz, le projet retrouve ici, me suis-je laissé dire, son E...
E comme essence, essentiel, estampe, esquisse...
Ce simple choix orthographique produit, au propre comme au figuré, une meilleure intelligibilité tout au long des 11 titres clairs-obscurs de Meian... une simplification qui s'accompagne d'une épure musicale du plus bel effet. Beats parcimonieux, piano fantomatique, guitares souterraines, et lignes de chant éthérées.
Subsistent quelques réflexes d'hybridations electro (Yougure), ou plus franchement hip hop avec la présence de Maurice Greene aka M. Sayyid d'Antipop Consortium, mais une distance a été mise au fil du temps avec les éléments dub break noise et les fabrications toutes en rupture, pour se tourner vers des structures plus mélodiques, sans pour autant parler de pop. Plus chantées aussi... avec des choix de sonorités plus intemporelles, moins marqués par l'époque à laquelle le projet a vu le jour.
La mutation de R;Zatz/R-Zatz/Erzatz semble par moment avoir suivi l'évolution du catalogue de Jarring Effects, auquel l'histoire de la passion de Céline Frezza pour la production est intimement liée.
Elle a en effet travaillé dès 2004-2005 sur des projets aussi variés que les dubesques Redbong et Ez3kiel, chacun dans leur genre, mais aussi le projet de rencontre très electro froide entre le Chinois Wang Lei et les Lyonnais d'High Tone... Sous son propre nom ou sous le masque de L'Enfant, elle aura entre temps travaillé avec Brain Damage, Mat3r Dolorosa, les azimutés de Picore ou les transcontinentaux Midnight Ravers et Filastine & Nova.
Pour les histoires de boucles bouclées, l'apprentissage et la collaboration prolongée Julien Aku Fen Oresta, guitariste d'High Tone, conserve tout son sens. Le travail continu avec son compagnon de route de longue date Takeshi Yoshimura trouve sur Meian un aboutissement tout en délicatesse qu'il serait facile de vouloir comparer aux techniques d'Ukiyo-e, magnifiques estampes japonaises.
Le groupe a changé, certains membres sont partis. Il a fallu prendre le temps du changement, de trouver une identité à deux, explique Céline en référence à la relativement longue période depuis le précédent disque.
Takeshi est dans le projet depuis le début, rappelle-t-elle. Il y a toujours des chansons avec lui, mais c'est sûr que le fait que l'on soit plus que deux met nos deux personnalités plus en perspective, ajoute-t-elle, parlant d'un album de transition.
Aucune longueur et un effet amusant de boucle, encore, quand le disque redémarre après le dernier titre, avec donc cet effet de ne plus forcément savoir où est le début et où est la fin.