03 juil. ~ Okala - オカラ ~
l Okala - オカラl
Ce french-o-rama est l'occasion de (re)découvrir la longue liste de groupes made in France qui démontrent que la qualité musicale n'est pas le simple apanage des artistes anglo-saxons... que le pays du béret, de la baguette et du fromage qui pue héberge de longue date des artistes de valeur, au rang desquels certains sont considérés comme mythiques tandis que d'autres sont morts de ne pas avoir rencontré leur public. Mais pullulent aussi toute une série d'artistes en activité et de nouveaux venus qui donnent à entendre le meilleur dans toute une gamme de styles musicaux dans lesquels ils peuvent aisément botter l'arrière-train de leurs propres influences...
Il est question, bien entendu, de ces nombreux artistes, catalogués comme trop underground, ou hors format, et qui restent en conséquence dans l'ombre d'un gotha de happy few qui brillent pour d'autres raisons que leur originalité ou créativité musicale.
Sans amertume ou rancoeur face à un manque flagrant de volonté, d'intérêt, ou tout simplement de courage, de la part de personnes dont la prescription est sensée être le métier, il ne reste au public, et aux plus passionnés et curieux d'entre eux, qu'à trouver par soi-même la curiosité et la volonté de défendre des artistes dont certains finiront peut-être ensuite par être portés par quelques suiveurs patentés qui ont de toute évidence perdu la notion de ce que leur métier implique... écouter de la musique.
À ce petit jeu-là, il fut un groupe, Nathaniel Isaac Smog, originaire d'une des régions de France les plus pauvres en références musicales, la Picardie, dont rien que le nom -Nathaniel Isaac Smog, pas la Picardie- présageait d'un destin haut en couleur, contrastant avec les choix esthétiques de la pochette de l'unique disque publié, 28 minutes de pure douceur et d'ambiances d'une pop éthérée brillante, avec un parfum de culture classique, de rêveries, à la Chopin.
C'était la base de Nathaniel Isaac Smog, l'onirisme, dit son chanteur Baptiste Okala au sujet d'un projet dont l'écoute appelait des noms tels qu'Elliot Smith, Syd Matters, Sébastien Schuller, Divine Comedy, The Beatles...
Quand j'ai commencé mon projet, je ne connaissais que les Beatles parmi ces noms, se rappelle-t-il. J'ai découvert les autres au fil du temps, souvent lorsqu'on me disait Tiens, ta musique me fait penser à untel ou untel (…) C'était assez drôle parce que j'essayais de cacher mon ignorance, ajoute-t-il dans un grand sourire.
Mon premier instrument c'est la flûte traversière, avoue le musicien, passé par le conservatoire, un parcours qui laisse des traces autant qu'il prépare à l'exploration musicale... lui qui, à l'époque, dit-il, était ultra fan de Michael Jackson.
Mon truc, c'était plutôt la musique baroque, en flute traversière, je trouvais ça tellement rock'n'roll (...) Le piano, je l'ai appris seul parce qu'il y en avait un à la maison. Et j'ai commencé à composer au piano (...) un peu autodidacte, mais je suis limité au piano, je suis très mauvais à la guitare, j'adore cet instrument mais c'est clairement pas le mien, confesse-t-il modeste.
Harmoniquement, il y a sans doute pas mal de classique dans certaines de mes chansons. Du classique, je pense que j'ai gardé l'amour des thèmes, des mélodies... ajoute-t-il, au sujet de ce genre musical encore trop souvent jugé par les adeptes de musiques actuelles comme un style de musique très/trop intellectuel, alors qu'il se révèle extrêmement fécond dans l'approche de compositions pop modernes.
La suite est presque le fruit du hasard, celui des rencontres, et d'une demande peut-être un peu trop pressante pour la tête pensante et le maître d'oeuvre de ce petit bijou à conjuguer au passé.
(Nathaniel Isaac Smog), ça a commencé solo. Ensuite, c'est devenu plus ou moins un groupe avec la scène, raconte-t-il. Je composais depuis un moment dans ma chambre. Myspace est apparu, CQFD des Inrocks aussi... J'ai commencé à partager mes musiques sur internet.
J'ai été contacté par Catherine Watine qui souhaitait monter une compilation en partenariat avec les Inrocks qui s'appelait Indie Moods. Elle m'a proposé d'en faire partie, et ça a commencé comme ça.
Je me suis retrouvé à participer à mon premier concert au Divan du Monde... seul au piano. Après ça, on m'a proposé des concerts dans ma région, et j'ai voulu m'entourer de musiciens. C'était ma première expérience, je n'avais jamais été dans un groupe avant ça, je découvrais tout. La première fois qu'une salle de concert m'avait proposé une date, ça avait été la panique quand on m'a demandé une fiche technique! je savais pas ce que c'était.
Dès lors, comme cela arrive parfois, souvent, une tornade se lève et amène à faire les choses presque dans l'urgence. Tout étant relatif, puisque ses compositions ne descendent que très rarement en dessous des sacro-saintes radiophoniques 3 minutes 30. Dans la foulée et au rayon des rencontres, un disque réalisé presque par accident, sous l'aile de Rémi Alexandre (Shorebilly, Syd Matters, H-Burns...).
C'est une des plus belles rencontres de ma vie, il m'a appris énormément, tranche Baptiste.
Je cherchais un studio d'enregistrement, j'ai contacté un studio qui s'appelait Microbe Studio/Mellow à St-Cloud. Je suis allé rencontrer le gars qui s'en occupait... Il écoute ma musique et me dit Ah ! Je sais qui il te faut pour enregistrer, ta musique me fait penser à Syd Matters. Il faut que je te présente Rémi !
Rémi est arrivé une demie-heure plus tard, il a écouté, il a aimé, et voilou, confie-t-il au sujet de la genèse de son Requiem for a Happy Life.
On est en 2010, soit deux ans après une apparition sur la compilation CQFD, et, sort donc un disque, dont la collaboration avec l'ingénieur du son, multi-instrumentiste, producteur continue à porter ses fruits à ce jour.
Il y a un an de petits concerts, puis un an de préparation du EP. Je travaille lentement, s'excuse-t-il presque.
Sur Requiem par exemple, je n'avais pas encore de bassiste attitré alors (Rémi) s'est chargé des basses (...) La guitare était déjà présente dans mes maquettes, je la jouais moi-même mais c'était pas très très joli, avec les cordes qui frisaient sans cesse, se souvient-il.
Brother, c'est une chanson que j'avais composé 3 jours avant l'enregistrement. Et j'ai revu tout son arrangement au studio même car Rémi m'avait fait découvrir le Wurlizer.
Il a toujours été très bien veillant envers ma musique, c'est un excellent producteur. Il m'a aidé à aller chercher plus loin et à voir plus clair dans mes arrangements... et aussi parfois à raccourcir mes chansons
Sur scène, néanmoins, les sets duraient bien au-delà de cette timide demi-heure tirée de ce mini-album au titre ambivalent.
Les chansons étaient réarrangées pour la scène, je les allongeais, et il y avait 3 autres titres en plus. Les titres duraient en moyenne un peu plus de 5 min chacun.
J'ai du mal à écrire des chansons respectant scrupuleusement le format radio (...) Ma mère est prof de musique, je pense que ça vient d'elle, dit-il en souriant.
Je ne peux pas zapper les intros quand je compose, et encore, mes maquettes sont souvent beaucoup plus longues que les versions définitives ! et mes morceaux ont souvent plusieurs parties, un peu comme des mouvements.
Un EP ou mini-album... avant de disparaître de la circulation, mais dans les sphères de la création musicale, le noir et blanc est rarement le témoignage d'un quelconque manichéisme. Les raisons sont souvent plus complexes qu'elles n'y paraissent.
Après Nathaniel Isaac Smog, j'ai fait un petit break plus ou moins volontaire. NIS, ça s'est terminé pour plein de raisons. Des évènements familiaux, d'une part, qui m'ont plombé à l'époque, et puis le fait que j'étais pas très entouré.
Du coup je gérais trop de choses. J'y arrivais plus grosso modo. Un manager avait rejoint l'équipe tardivement et ça ne s'était pas bien passé.
Baptiste revient aujourd'hui avec de nouveaux titres sous son nom propre... Okala, pour notre plus grand plaisir... un retour, un nouveau départ, après une trop longue absence, diront les fans de la première heure.
Je me sentais un peu bloqué dans NIS, je sais pas trop pourquoi, peut-être parce que j'avais choisi la forme d'un groupe. Là, j'envisage plus les choses en solo. Je me sens plus libre d'exprimer et d'orienter le projet comme je veux.
Ça a l'air d'un recommencement, même si pour moi c'est juste une continuité, confesse Baptiste.
Assez, naturellement, l'envie de travailler avec Rémi Alexandre s'est renouvelée.
Rémi avait déjà enregistré Nathaniel Isaac Smog. On bosse bien ensemble, du coup naturellement je me suis lancé dans ce futur EP avait lui (...) En parallèle, il montait son set live de Shorebilly, alors il m'a proposé de rejoindre l'équipe... avec qui il joue et tourne depuis 2 ans, travaillant en parallèle sur son nouveau projet.
Un EP de 7 titres est en préparation. Il est enregistré et mixé, j'en suis hyper hyper fier, dit-il au sujet d'une palette de titres, dont un premier extrait vient d'être publié, Lion's Den.
On a tout enregistré à deux uniquement, la guitare basse et les guitares acoustiques et électriques aussi du coup. Il y a juste deux titres sur lesquels j'ai fait appel à un batteur, Arnaud Gavini, qui joue avec Rover.
Sept titres sur lesquels, on retrouve ce mélange de sonorités et cette empreinte classique (NDE, Forbidden Love, …) qui trouvent une assurance nouvelle dans l'expérience acquise et partagée depuis la fin de Nathaniel Isaac Smog.
Je suis quelqu'un d'extrêmement timide, conduire un projet c'est un peu violent pour moi, confesse Baptiste.
NIS m'a donné une énergie folle, j'y mettais tout mon cœur (mais) j'avais besoin de mûrir un peu émotionnellement. Travailler pour Shorebilly... ça m'a apporté énormement. Me retrouver derrière, voir comment d'autres musiciens dans un autre projet travaillaient, c'est ce qui me manquait.
Je sais pas encore quand il va sortir, il faut que je commence à tourner un peu avant de lancer la machine.
En tout cas rendez-vous est pris.