26 jui. ~ La Canaille ~
l La Canaille l 11.08.73 l
Infatigable, insatiable, Marc Namour reprend le costume de La Canaille.
Il trouve le temps de le faire parce que le verbe est comme un drogue. Il ne dit pas autre chose, dans de nombreux textes et cette fois-ci de manière plus explicite dans Parler aux Inconnus...
Je suis de ceux que le micro attire comme un aimant / Un vase communiquant appelé MC, communément / J'aime la proximité de mon art de rue et profite d'avoir les mots, avant qu'un jour je ne parle plus...
Car s'il est quelqu'un qui sait... que la liberté d'expression ne s'use que si on ne l'utilise pas, c'est bien Marc.
La prose en bandoulière, césure au pied, le cliquetis des mots comme le flingue sur la tempe d'un constat social aride (Connecté), Marc Nammour a un flow unique et félin qu'il cultive et arrose d'instrumentaux dont la qualité est une fois encore éclatante sur ce 11.08.73, en révérence à Clive Kool Herc Campbell, un hommage qui résonne avec l'oeuvre clipesque de Baz Luhrmann avec The Get Down.
Au fil des 11 titres, entouré du plus français des rappers new-yorkais, Mike Ladd, du Lyonnais Lucio Bukowski, de JP Manova, il marche sur l'eau et sur les tempos, passant en revue l'histoire du rap et de ses sonorités, old school comme synthétique, flirtant avec la trap... et toujours cette prédilection pour les vrais instruments.
Le précédent album de La Canaille remontait à 2014, mais ce n'est pas comme si ce Jurassien d'adoption et militant de la cause ouvrière avait chômé entre deux disques, trouvant -malheureusement- les causes à dénoncer et les collaborations qui siéent... dont la rencontre marquante avec Serge Teyssot-Gay.
Le Peuple de l'Herbe, récemment, un spectacle sur Aimé Césaire, les projets Zone Libre et Interzone, avec également Cyril Bilbeau et Khaled Aljaramani... des kilos et des années d'expérience...
Quand, il en revient à son pré carré, il se montre toujours aussi doué au tirage de portrait que sur l'album la Nausée...
...Modigiliani, Delacroix, plus que Rubens ? À la fin de l'envoi, il touche.
Et quand il pleure sur la bande FM, et la fête à la saucisse des Victoires de la Musique, difficile de ne pas être d'accord, le tout assorti d'un appel à faire du bruit... le genre de texte à ranger à côté de celui, inégalable, de Casey qui invitait les jeunes pousses du rap à apprendre à écrire ou à se taire.
On ne pourra accuser ni l'un, ni l'autre, de vouloir donner le crédit de l'éducation à leur auditoire.
Troubadour contemporain face à la déchéance lénifiante des sujets abordés au quotidien, à quelques exceptions près, dans la presse, à la TV... et dans le rap, avec un flow authentique et un choix de mots remarquables, y a pas photo...