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07 fév. ~ Casey ~


l Casey l Libérez la bête l

C'est le 8 mars 2010 que la bête fut lâchée sur le label d'une irréductible défenseuse et défricheuse de la scène française que nous sommes nombreux à regretter encore aujourd'hui. La rencontre entre ces deux personnages pourrait presque sembler inéluctable a posteriori, mais à l'époque aussi.

Casey n'est pas connue pour mâcher ses mots. Les productions efficaces de Laloo posées en alternance avec celles de Héry tout au long de ce qui se présente comme un double album vinyle font également partie de ces morceaux de références du rap français par une qualité qui n'avait rien à envier à ce qui se faisait outre-Atlantique, et que le temps qui passe n'a pas émoussé.

Qu'est-ce qui fait la différence ? Sur cet album comme sur les autres titres où Casey a posé ses textes au fil du temps, aux côtés du collectif Anfalsh, de la Rumeur, de Zone Libre, et d'une impressionnante liste d'autres*, sa plume trempée au goudron s'affiche sans concession avec un recul froid, une agilité littéraire féline aux crocs bien acérés.

Les textes sont farouches, mais bien moins violents que la réalité qu'affrontait et qu'affronte toujours toute une frange de la population. C'est aussi en cela que les textes de Casey sont indéniablement juste et puissants (Marié aux tours). En 2010, ils sont déjà le résultat d'une sédimentation de la société qui reste d'actualité pour beaucoup trop de personnes. Dans un tel tableau digne de Pierre Soulages, il faut une certaine force et une force certaine pour arriver à entrevoir un fil d'espoir dans ce cocktail d'inégalités et d'injustices qu'elle peint au vitriol. Et pourtant, ma réalité, mentalité, c'est d'gratter mon paradis à temps sans le regretter / pour faire le tour d'la terre j'n'ai pas l'éternité / malgré tout je reste l'enfant aux rêves illimités. (Rêves illimités)

Elle déroule la liste des illusions d'ambition qui auraient pu bercer ceux que le politiquement correct décrit comme des jeunes de banlieue cantonnés aux cages d'escalier à cause des portes que la société leur claque à la gueule.

Cette bête est une créature de littérature et de culture de l'histoire, de la Martinique, de l'esclavagisme et de l'évangélisation sauvage, qui utilise les mots comme chair à canon. Son dictionnaire de rimes est un exemple qui évite les rimes faciles et laxistes brandies comme des trophées par nombre de rappeurs en carton qui n'arrivent pas à la cheville de ses allitérations accrocheuses.

Un destin castré, prostré en queue de train / postée en retrait, sans rêveries, ni entrain / mon mépris c'est mon abri forcé et contraint / mes regrets sont corsés / maintes fois aperçus dans ces récits recto ou verso que je déverse ici / mon pédigrée perso me paraît sans issue / on veut prendre la bête au lasso, vu que peu l'apprécient

* http://fr.wikipedia.org/wiki/Hostile_au_stylo

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