25 jan. ~ Temperance (Dominique Dalcan) ~
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Calmitude et slow funk mâtiné de tendre post-r'n'b ?
La temperance est définie comme l'une des quatre vertus dites cardinales qui discipline les désirs et les passions humaines, plus spécialement en matière de nourriture et de boissons alcoolisées*.
Voilà qui interdirait presque, pour ceux qui me connaissent, de m'intéresser à ce nouveau projet de Dominique Dalcan. Les mêmes admettront que j'ai néanmoins un appétit pour nombre de styles de musiques différents selon les humeurs ou l'histoire d'un projet, comme le suggèrent le choix, ici, de couleurs plutôt que de catégorisation par étiquettes.
Si je n'ai jamais non plus spécialement été fan de ce que fait l'auteur-compositeur sous son nom propre, j'étais comme beaucoup tombé sous le charme de son projet Snooze. Soit. Il semble donc écrit que je sois destiné à succomber aux projets alternatifs. Ipso facto Temperance.
Cet album éponyme est un vrai délice (une fois passé le choix de la pochette). Légers, fins, éthérés, fluides, les différents mouvements se suivent, ne se ressemblent pas, et donnent l'impression d'assister à une murmuration, cette danse aérienne évoluant au rythme des battements d'ailes d'une nuées d'étourneaux.
(la comparaison en images ?)
crédit wildaboutimages - Gretna Green Starling Murmurations
Pourquoi parler de mouvements et non pas de titres ?
Parce que parfois le changement de direction intervient au beau milieu d'un titre justement. On pense avoir identifié une direction mais non. Pris séparément, les titres pourraient donc paraître inachevés, mais une écoute au fil de l'eau procure un sentiment d'intimité et d'apaisement notable.
Un battement de cil, de percussion, la montée d'une nappe ou d'une boucle, un changement de tonalité vocale,... et Dominique Dalcan vous emmène ailleurs...
D'une base piano-voix à des choses plus orchestrales ou orchestrées, d'une pulsation souterraine soul à des vocalises empreintes de gospel, il nous fait faire le tour de son appartement cérébral, un sorte de loft multi-pièces ambient, r'n'b, glitch pop, ... qui communiquent par de grandes portes avec baie vitrée sur la musique noire et une écriture musicale qui (me) renvoie à Mark Hollis, Scott Walker et même par moment (si si) à Prince (Never Get Me Back).
À noter que le mix est en grande partie attribué à Elegia, i.e. Laurent Collat, un bon argument en soi.
Le résultat. Neuf titres, 34 minutes qui manquent leur objectif de tempérance (et c'est tant mieux), tant les émotions, les images, les couleurs y murmurent une envie de grands espaces et de liberté auxquelles il serait dommage de ne pas laisser une chance de nous prendre par les sentiments au propre comme au figuré.
*cf Platon