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22 déc. ~ HushPuppies ~


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Un, deux, trois... petits tours et puis s'en vont...

La musique est un organisme vivant, ne serait-ce que parce qu'elle est le plus souvent l'expression d'émotions et de tranches de vies de personnes faites de chair, de sang, parfois de larmes, qu'elles soient de peine ou de joie.

Souvent également quand le coeur n'y est plus, la musique meurt. Parfois, le coeur n'y a jamais été, comme en témoigne les sorties discographiques cyniques de certains chefs de rayons qui considèrent la musique comme une marchandise et remplissent les étalages de produits lyophilisés et sans saveur. Mais là n'est pas le sujet.

C'était en tout cas, par incidence, la teneur d'une discussion, comme il s'en tient au comptoir, dans les salons aux murs tapissés de disques, ou chez l'un des quelques disquaires parisiens passionnés, en l'occurrence Ground Zero pour ne pas le nommer, tenu par Frank Pompidor, batteur de son état.

Un groupe naît, grandit puis disparaît. C'est toute l'histoire de la musique... qui voit moins souvent des carrières s'étendre sur cinquante ans, n'en déplaise aux fans d'un certain défunt monument national, ou des Rolling Stones, comme leurs pendants new wave bientôt quarantenaires de The Cure ou Depeche Mode.

L'éphémérité est même beaucoup plus courante qu'il n'y paraît, même si ça n'enlève rien au manque que cela créé chez des fans désolés par la disparition de leurs groupes favoris... pourtant à bien y regarder, Joy Division n'a sorti que deux albums, dont le second était déjà posthume en ce qui concernait Ian Curtis ; dans la foulée, Bauhaus n'a pas non plus sorti plus de quatre disques d'affilée, en 1980, 1981, 1982 et 1983 avant de tirer le rideau... pourtant ces groupes ont influencé leur lot de générations de groupes.

Avec trois disques au compteur, les HushPuppies n'ont pas eu le temps de fêter dix ans, qu'ils passaient à autre chose. Ils ont néanmoins apporté plutôt la preuve par cinq, ou par trois, selon que l'on considère le line-up ou la discographie, de ce que la France est capable de produire un rock sixties sur disque et de lâcher en live un monstre garage énergique et calibré pour les grosses scène comme les petits clubs. Plus précisément, dès leur premier disque, l'ambivalence du quintette était cristallisée par le fait d'enregistrer un disque avec Peter Deimel au studio Black Box sous la direction artistique de Benjamin Diamond. Un grand écart entre les univers de l'électro et du rock qui raye le parquet qui mélangeait guitares nerveuses, claviers dandy 70's et une rythmique au trot.

La fin de l'épopée des Hushpuppies, a laissé comme un vide. Pourtant à se pencher sur leur discographie, il est frappant de sentir au fil des trois albums officiels un glissement vers quelque chose de moins guitaristique, comme si Wil aux claviers avait peu à peu pris le pouvoir... Frank l'explique aussi par le simple que l'univers musical entourant le groupe avait évolué et que les les envies s'étaient réorientées vers des chose plus contemporaines... suscitant l'envie de choses moins radicalement pied au plancher.... La victoire de James Murphy sur Jeffrey Lee Pierce ? Celle de Metronomy sur Johnny Kidd & the Pirates ?

Oui et non surtout, comme évoquée, la vie d'un organisme vivant qui ne se satisfait pas d'être enfermé dans une case, dans la boîte (à chaussures) du rock’n’roll garage sixties... qui leur valait néanmoins d'être honorablement taxé de Hives à la française.

Sur scène, les expatriés Perpignanais n'avaient à rougir de rien si ce n'est de la marque incandescente qu'ils laissaient dans le sillage de leurs prestations live, ne serait-ce que dans la foulée de leur 2e disque Silence is Golden, organiquement rock, dont l'iconique mantra I Want My Kate Moss et l'enchaînement Down, Down, Down-Fiction in the Facts qui en 8'30 ne manquaient pas de chatouiller le rock so British des Libertines, Supergrass ou Kinks.

Sans trop d'espoir de les voir remettre le couvert, une formation embryonnaire appelée Quatorze, dont on ne saurait trop dire si elle survivra à ses premiers enregistrements, donne en tout cas un ersatz de continuité logique au dernier et bien nommé Bipolar Drift, dont la restitution scénique ne perdait rien en fougue.

Toujours est-il que ce Quatorze ne coupe pas les cheveux en quatre avec une transe d'une petite dizaine de minutes dans une veine qui confirme le talent de le gang des frères Jourdan avec la même voix stratosphérique d'Oliver, une rythmique Can-esque et des nappes zombie, même si nous dit-on à l'oreillette en cette fin 2017, que les conditions ne sont pas spécialement réunies pour en faire plus... L'avenir le dira.

Quoiqu'il en soit, reste la musique. Heureusement.

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