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15 déc. ~ Arnaud Fournier ~ Ep. 2/2


l Dead Hippies l Kill Me Sweetly l

Tandis que les concerts épisodiques de Hint continuent de ravir les fans avec le post-hardcore free jazz noise qu'on leur connaît. Alors que La Phaze en dormance depuis plusieurs années remet le couvert, Arnaud Fournier a décidé de lancer ce qu'il appelle son vrai projet solo, ou presque... dans une veine noise dance floor (!!), intitulé Dead Hippies. Un album sorti en 2013 et un deuxième dans les cartons qui s'est fait doubler par la droite par l'inattendu Atonalist.

Je sors de mes deux mois les plus dingues depuis dix ans, confie Arnaud en cette mi-décembre.

J'avais de tout... Atonalist, de la régie concert, la tournée Hint, des séances de coaching artistique, plus la relance de la Phaze.. ajoutant être le premier agréablement surpris du retour en activité du groupe de pungle, comprendre jungle punk ou le contraire.

Personne ne s'y attendait, même pas nous, ajoute-t-il au sujet de la Phaze.. On s'est revus l'été dernier... Ça faisait dix ans qu'on avait pas composé ensemble… Le plaisir était là. On a recomposé quelques titres. C'est resté un peu secret pendant 4-5 mois. On ne savait pas ce que ça allait donner...

Le résultat est un premier titre sorti le 13.12.2017.

[ je suis très content de traverser les époques...

J'ai de la chance ! ]

La tête pleine de projet, Hint et lui-même apparaissent d'un autre côté comme des rescapés d'une époque de référence, ces années 90 en France, dont tous les Bästard, Portobello Bones, Thugs, Condense, Deity Guns, Sloy, Drive Blind, Seven Hate, etc... ont disparu peu ou prou de la circulation pour la même plus grande tristesse de leurs fans.

Les groupes disparaissent tous, pour des raisons diverses, tempère-t-il. Plus pour des problèmes humains et artistiques qu'autre chose, mais je sais qu'en tournée avec la Phaze, j'en retrouvais dans des groupes ou en techno. Je revois plein de zicos de la scène de l'époque depuis 25 ans. Moi, je fais ce que je veux... je suis très content de traverser les époques. J'ai vu les 90, les 2000, les 2010 et je vais attaquer les 2020... J'ai de la chance !

En même temps, il n'y a pas de secret pour les trublions hyperactifs que sont certains artistes... jouer, tourner, amène à rencontrer des gens, à partager des expériences et donne des envies de projets. Ainsi, Arnaud ne compte plus vraiment les collaborations ou albums faits seul ou à plusieurs.

C'est le gré des rencontres. J'ai sorti des disques. Ça fait quand même 25 ans que je fais ça. J'ai fait mes premiers concerts à 18-19ans, se souvient-il.

Pour Atonalist, ça s'est déclenché après un concert à Petit Bain… Renaud Pion était là, on a parlé, je ne pensais même pas qu'il écoutait Hint. On s'est enfermés dans un studio sans se connaître et il s'est trouvé que ça a collé. Ça aurait pu ne pas marcher mais ça a fonctionné.

Je n'avais pas prévu de faire ça... ça a bousculé mon planning pour Dead Hippies. Donc le deuxième est dans les cartons et j'attends de voir ce qui va se passer... ce sont des rencontres.

[ Pour moi, il n'y a pas de bon genre ou de mauvais genre...

plus des bons groupes ou des mauvais groupes ]

En réécoutant tout Hint ou presque, à commencer peut-être pas la grande compilation 93-99, l'auditeur se rend vie compte qu'il y avait une certaine schizophrénie entre noise et free jazz, avec des bases d'electro punk, proches par moment de l'industriel, jusqu'à des choses plus ambient... autant de composantes qui se retrouve dans Atonalist d'un côté et dans Dead Hippies de l'autre, ce dernier se faisant le théâtre de jeu d'une volonté musicale plus ludique.

C'est pour pas m'ennuyer, tranche Arnaud. J'ai ça depuis les débuts. Avant Hint, j'écoutais surtout Sonic Youth, le Velvet... des choses plus noisy pop. Quand j'ai fait la Phaze, des gens ont trouvé ça chelou, mais dix ans après ils étaient aux concerts.

J'ai cette dichotomie... Pour moi, il n'y a pas de bon genre ou de mauvais genre, plus des bons groupes ou des mauvais groupes, résume-t-il. J'ai collaboré parfois avec des antithèses... avec Manu Chao au Brésil et avec Matthias Delplanque… Je suis guitariste dans l'âme, même si je suis trompettiste de formation... Après je manie la MAO depuis un bout de temps... j'aime bien tous les trucs electro... Dans tous les projets, ce ne sont pas des projets à batterie... il y a toujours une base électronique.

Avec Dead Hippies, Arnaud creuse le sillon d'une musique lourde, à guitares, axée sur le côté dansant mais avec un mur de noise comme il le décrit.

Le kick fait bouger, explique-t-il. C'est de la noisy dance.

J'ai fait l'album tout seul, dit-il au sujet de Kill Me Sweetly, dont la grande majorité des titres est instrumentale, Arnaud posant, chose rare, sa propre voix sur certains mixes.

Je ne veux surtout pas faire un truc pour rentrer dans des cases. C'est mon premier projet solo donc que ça me ressemble. Je veux qu'on retrouve tout ce que j'aime, le côté dansant electro, les guitares comme dans la Phaze et aussi le mur de guitares super noise de Hint.

Après j'ai appelé trois copains, pas les meilleurs gratteux de la terre mais je voulais privilégier l'esprit dans le camion... J'ai monté le live de toutes pièces (...) avec des mecs, des potes, qui avaient des métiers à côté ... pas toujours évident, résume-t-il au sujet d'un projet qui fit son premier concert au Bus Palladium devant un parterre de professionnels poliment curieux face à un concert qui réussissait néanmoins à prendre les gens par la main et les faisant un petit peu plus que dodeliner de la tête.

[ Pour le deuxième, j'ai changé la physionomie du projet

... Je trouvais qu'il manquait de la voix ]

Mais Arnaud confie sa déception, face aux règles dans un milieu dont la reconfiguration rend les choses plus difficiles pour les musiques pourtant pas si atypiques mais qui privilégient les plus grosses cylindrées faciles à travailler et laissent les petits acteurs ramer sur le sable.

À l'époque j'étais déçu. Sur une saison, on a fait 28 concerts. Je sortais de quatorze ans avec la Phaze, s'exclame-t-il en référence à des tournées qui ont eu compté jusqu'à quatre fois plus de dates.

Pour le deuxième, j'ai changé la physionomie du projet. Je trouvais qu'il manquait de la voix, raconte celui qui n'a jamais vraiment chanté dans Hint et qui a d'ores et déjà saisi l'opportunité de laisser le micro à d'autres, sans avoir pour l'instant réfléchi à sa transposition scénique.

J'ai pas réflechi à ça (...) Je suis parti que sur du neuf... en trois ans j'ai 40 titres. J'en ai produits douze, treize et j'en ai gardé que dix, raconte Arnaud.

Le premier je l'ai fait très très vite, il a ses défauts, ses longueurs, le deuxième, j'avais pas le droit à l'erreur. Il fallait faire beaucoup mieux que le premier... concède Arnaud au sujet d'un album homogène et diablement dansant réuni sous le titre pressenti de Resister.

Je veux être ultra satisfait de la première à la dernière note sur ce disque. Je veux que ce soit à 100% toujours. C'est celui qui m'a pris le plus temps à faire, concède Arnaud avant d'ajouter... même si Atonalist était une gageure vu qu'il y avait beaucoup de personnalités, c'est très orignal et je suis très très fier de l'avoir fait.

Pour Resister, la fierté qu'il peut en tirer est à l'égal de la qualité des 10 titres qu'il en a gardé qui sont plus riches et multicouches, plus electro mais pas moins punk, parfois indus, avec des incursions orientalisantes saisissantes.

Il est au chaud je sais que c'est un bon disque (...) Il a fallu sélectionner les dix meilleurs, sur les quarante titres que j'ai fait…

J'ai fait des morceaux avec ma voix... j'ai eu des retours qui disaient que c'était bien moi j'y arrivais pas... puis un feat a deboulé... puis un chanteur anglais... raconte-t-il presque soulagé de ne pas avoir à s'y recoller. Déjà ils chantent dans leurs langues maternelles (...) et ils ont un groove que j'ai pas, tease-t-il au sujet d'un côté d'un titre avec Jason C. Medeiros, aka Mr. J. Medeiros, du groupe de rappers The Procussions, et de l'autre six titres qui placent Dylan Bendall devant le micro, plus connu pour sa présence dans à la guitare dans Lab° et 1=0, ainsi que dans le rare Quark, projet parallèle au sein duquel il est possible d'apprécier son timbre de voix entre Johnny Lydon et Jello Biafra.

Il peut faire plein de choses du dinginguandé anglais au punk américain. Il groove, c'est énergique, acquiesce Arnaud au sujet de ce 2e disque pour lequel il cherche toujours un label et la structure capable de le faire tourner. Un disque qui prend autant une nouvelle orientation qu'il n'ouvre les horizons de sa noise dance avec une envie intacte de faire du boucan avec plein de guitares.

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