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02 déc. ~ Jean-Louis Murat ~


l Jean-Louis Murat l Live in Dolores lli

Chaque nouvel album de Jean-Louis Murat est une porte ouverte sur l'inconnu.

Parmi la liste des qualificatifs aussi récurrents que les parfums banane, fraise ou raisin (?) d'un Beaujolais nouveau, il existe quelques constantes dans la conséquente discographie et titrologie du bonhomme... imprévisibilité, poésie à l'altitude pastorale autant qu'érudite, registre sémantique paladin autant que troubadour, pour cet artiste taiseux qui jouit aujourd'hui d'un respect aussi imposant que l'Eglise de Bredons sur le village du Cantal qui porte son nom d'emprunt, même si son inspiration vient plus évidemment du Murat-le-Quaire sur lequel trône le Puy-de-Sancy.

Insaisissable, il fait partie de ces artistes qui estiment qu'il serait dommage de faire deux fois le même disque, même s'il se dégage au fil du temps une cohérence globale qui excuserait presque l'iconoclaste pratique moderne qui consisterait à mettre une discographie complète dans un lecteur portable numérique et de lancer une gargantuesque lecture random...

Si ses disques offrent tous les délectables aspects de la chronique et de la carte postale d'une certaine ruralité, ils se font aussi le plus souvent le théâtre de vastes laboratoires exploratoires ou expiatoires dont la cohérence n'appartient qu'à lui. C'est là toute la beauté d'un artiste qui aurait acquis la liberté de faire simplement ce qu'il veut. Une liberté souvent chèrement payée mais qui a le mérite d'être ce qu'elle est... une musique libérée des contraintes.

Surtout, ses albums laissent immanquablement et systématiquement quelques titres au panthéon des plus belles chansons écrites dans la langue de Baudelaire... (Frankie, Le Jour se lève sur Chamablanc, Agnus Dei Babe, Qu'est-ce que ça veut dire, Tel est pris, l'Heure du berger, Colin-Maillard, le Temps qu'il ferait, la Maladie d'amour, l'Au-delà, les Hérons, Dieu n'a pas trouvé mieux ... pour ne citer qu'eux)

[ la simplicité et la facilité semblent rester étrangers à l'ADN du garçon ]

Musicalement, il emprunte régulièrement des voies de traverse quand il serait plus simple de creuser le sillon d'un album qui séduit... ici de la vielle à roue, là du bouzouki, ou encore quelques vibrations blues du désert, de soul, d'électrojazz made in Saint-Germain-des-Prés, et d'un certain blues autant du Delta que d'Arizona...

... mais la simplicité et la facilité semblent rester étrangers à l'ADN du garçon. Quand l'aventure textuelle vient en surimpression, le résultat en est l'exhumation de textes de Pierre-Jean de Béranger ou Madame Deshoulières.

Jean-Louis Bergheaud, de son vrai nom, a la curiosité musicale et l'érudition littéraire vagabonde, coincé entre un amour inconditionnel pour le Massif central, les voix féminines, les grandeurs surréalistes de certaines région d'Amérique du Nord comme de ses belles lettres.

Si la signature avec le label PIAS semble lui avoir redonné du coeur et des ailes au regard de l'impressionnante série de petits bijoux que sont Toboggan, Babel, Morituri... ce hat trick renvoie à de savoureuses heures durant les années Virgin/Labels.

Il y a peu de débat à considérer Mustango comme l'un de ses albums majeurs, voire l'un des meilleurs disques qu'il ait été donné à la musique en France, et pas seulement parce que l'on y retrouve le gotha de la scène de Tucson et Jennifer Charles d'Elysian Fields.

Mais ce Live in Dolores a quelque chose de plus, à mon goût, un goût qui ne me porte que rarement sur les albums enregistrés en public. Comme le Happy Birthday Public de Kat Onoma ou l'Olympia 2002 de Christophe, ce faux vrai live de la tournée de l'album Dolores augmenté du mini album Jean-Louis Murat En plein air, paru dans un premier temps dans une édition spéciale destinée aux lecteurs d'un quotidien hexagonal, plonge l'auditeur dans les ambiances feutrées d'une nuit d'été étoilées gorgées d'émotions qui envahissent le crâne transformer en géode sous la voute céleste.

Juste beau. Point. La lenteur des tempos couronnés de ce timbre de voix sablonneux sont magnifiés par l'impression d'espace et le bruit de la nature qu'il affectionne tant.

Le format au grand air des ambiances apporte souvent chez Murat quelques clefs à des disques dont les choix artistiques de production, disais-je ci-dessus, n'appartiennent qu'à lui, mais les réinterprétations de certains titres gagnent en altitude comme rarement dans l'exercice du live.

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