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16 nov. ~ Ukandanz ~


l Ukandanz l Awo l

Vous pouvez danser, si vous voulez, mais attention à ne pas confondre cet Ukandanz avec le label electro de Popof.

La question se pose souvent de savoir si tout a été dit, mélangé, hybridé en musique, si un nouveau style majeur émergera un jour où l'autre comme ce fut le cas du rap, pourtant né au-dessus du berceau de la soul et du blues, de l'electro enfantée par le détournement et la réappropriation d'instruments de mesure de laboratoire chimiques autant qu'électroniques...

... Bien sûr, depuis, nombre d'artistes n'ont eu de cesse de tester avec plus ou moins de succès tous crossovers et autres crossroads imaginables...

Faut-il rendre grâce ici à Peter Gabriel qui popularisa, avec une touche très synthétiquement 80's certaines musiques et artistes du monde glanés ici et là. L'histoire de la musique en retient déjà que ce fut l'une des démarches les moins expérimentales, torturant au passage quelques nobles univers musicaux sous l'égide de l'inévitable Michael Brook. Moins expérimentale - en son temps et en la matière - mais pas la moins bénéfique pour présenter au reste du monde des monstres en leur pays tels que Youssou N'Dour, Nusrat Fateh Ali Khan, U. Srinivas...

... pour autant l'une des récentes publications du label, les Amazones d'Afrique, sous la houlette de Doctor L vaut plus qu'un simple détour et quelques chapeaux bas, sans parler du repérage du très Hendrixien... Speed Caravan.

Toujours est-il qu'il semble donc qu'il y ait une nouvelle vague de fond aussi originale qu'intense qui mette au jour des rencontres entre artistes oubliés ou contemporains et artistes occidentaux fricotant avec l'expérimental, l'improvisation, le jazz et autres musiques audacieusement sonore et déstructurées...

Que ce soit Akalé Wubé avec Girma Bèyènè, The Ginger Accident avec feu-Slow Joe, voire également les tribulations de Serge Teyssot-Gay... pour ne citer qu'eux... bref une vague de fond qui enfle agréablement...

Dans cette sphère Ukandanz et son chanteur éthiopien Asnake Guebreyes donneraient presque un second souffle à l'attraction qu'avait suscité l'empire défunt de Haïlé Selassié à l'endroit du mouvement rastafari... au point que la préemption discutée de Mulatu Ashtatke sur l'univers Ethiojazz semble s'éroder chaque jour un peu plus au profit d'une myriade d'artistes en provenance de la corne d'Afrique, non obstant la mémoire qu'il faut avoir de l'influence de Mahmoud Ahmed.

Si l'exhumation de cette luxuriante scène 60's-70's d'Addis Abeba, et au-delà, nous arrive avec cohorte de versions emballées dans de douces mélopées lumineuses, à base de guitares ou de claviers, sur lesquels flottent des cuivres chauds et légers, l'option prise par Ukandanz est radicalement plus sombre.

À qui souhaite apprécier la comparaison, il suffit d'écouter autant la version de Bèlomi Bènna de Mahmoud Abbas que le quatuor lyonnais reprenait sur son premier album, quitte à la mettre en parallèle, bien sûr, avec celle des Néerlandais The Ex, plus fidèle à l'originale que l'on ne pourrait s'y attendre.

Au-delà des quelques compositions disséminées sur leurs deux premiers disques, c'est un chemin plus d'avant-garde jazz punk que le groupe adopte pour ses ré-arrangements de classiques d'époque par le guitariste Damien Cluzel. L'audace réside jusque dans l'interprétation d'Asnake, dont les versions sur la compilation Ethiopiques vol.18 étaient littéralement plus traditionnelles. Car c'est bien sûr sans surprise que l'on constatera une filiation avec la collection nourrie par Francis Falceto, par le biais de Buda Musique et le département EthioSonic.

Si c'est moins marqué sur Awo, Ukandanz fait donc bien des choix plus radicaux, sans chercher à s'inscrire dans une quelconque réinterprétation ou fidélité à l'héritage éthiojazz. L'éléphante exubérance du saxo tenor de Lionel Martin et les lignes primales de guitare et de basse groovent grave, au propre comme au figuré, encadrées par une batterie martiale mais féline et chatoyante.

Explosion sonore garantie au royaume des expériences éthio-machin-chose.

Les gens connaissent peu ou pas la musique éthiopienne et ses codes, donc il faut toujours aller les chercher pour les retourner ensuite, déclarait à la radio FIP, Damien Cluzel, initiateur du projet. Et ceux qui connaissent cette musique, il faut les convaincre que la vision que nous en avons est la bonne.

Une vision plus punk que jazz, mais certains artistes de la seconde catégorie ne l'étaient-ils pas autant si ce n'est plus que ceux de la première ?

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