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08 nov. ~ Alexandre Varlet ~


l Alexandre Varlet l Naïf comme le couteau l

Une poésie simple et belle et un style musical affirmé, posé, délicat et soigné ne suffisent pas toujours à émerger ou rester sous les radars du public.

L'histoire d'Alexandre Varlet est un peu aussi l'histoire de vents contraires et de marées à contre courant mais c'est surtout celle d'une belle sincérité.

La pochette de son premier album ressemblait à s'y méprendre à celle du premier disque d'un autre artiste auquel il était possible de le comparer à l'époque... Joseph Arthur, l'usage de la boucle et du sampler en moins... et la suite de carrière également, quoique.

À la différence de l'américain qui s'est depuis perdu dans la musique de stade, le Français a ardemment et courageusement poursuivi sa route, creuser son sillon mais pas sa tombe, malgré l'adversité. Car vaut-il mieux se fourvoyer ou rester fidèle à soi-même ?

Tombé peut-être trop jeune (?) dans l'enfer de ces majors qui ont toujours plus montré leur intérêt au retour sur investissement qu'au développement de carrière... mais tant mieux si le succès est au rendez-vous, hein... estimeront-elles avant de passer à autre chose dans le cas contraire.

Ce n'est malheureusement pas souvent/toujours le cas et c'est alors toute la force intérieure de l'artiste qui doit être convoquée pour trouver la force de continuer.

Longtemps j'ai moins aimé la vie / j'ai eu pas mal de soucis et tutti quanti

mais le désir est inifini / plus d'une fois il m'a surpris / le désir est inouï

(Tutti Quanti - Ciel de de Fête - 2007)

Il faut dire que le virage de l'an 2000 fut une belle hécatombe dans les modèles et lignes éditoriales des maisons de disques. Il est déprimant de constater qu'après Naïf comme un couteau, sorti en 1998, qu'Alexandre Varlet s'est en gros retrouvé à changer de label à chacun de ses disques...

Le facteur chance existe et il se trouve que les planètes n’ont jamais été bien raccords en ce qui me concerne, confesse Alexandre en regardant dans le rétroviseur. Mais dans ce parcours pour survivre artistiquement j’ai gagné un point qui me ferait presque dire merci aujourd'hui : j’ai une entière liberté.

[ J'aime tellement la musique...

je n'en ai jamais autant joué ]

Aujourd'hui, il dit écouter plus de musique que jamais.

J’aime tellement la musique, dit Alexandre, ce qui serait un réel secret si ça ne s'entendait pas autant dans ses disques.

Je n’en ai jamais autant joué, essentiellement de la guitare baroque, renaissance, ajoutant... Je me contrefous du consensus ambiant.

Cet amateur de belles phrases, de mots choisis et de mélodies délicates, a depuis prêté sa prose et ses compositions à nombre d'artistes ces dernières années, pas les plus célèbres, mais c'est en soi la simple marque du respect qu'il inspire...

Incompris tel un Manset, avec qui il partage un timbre de voix reconnaissable entre tous ? Destiné à être redécouvert trop tard comme un Townes Van Zandt ?

S'il lui avait fallu cinq ans pour passer à la suite, il n'a jamais arrêté, et le sixième disque est à cette heure-ci dans la boîte... à nouveau chez 7e ciel, parmi les siens, ces gens qui lui offrent la reconnaissance qu'il mérite, même s'il mérite plus...

Au fil des disques, l'électronique qui était en toile de fonds de son premier ouvrage, comme l'envie d'arrangements à composantes florales, ont parfois pris le premier rôle, mais la tendance est un retour à l'épuration, sans se départir de ces petites décorations intimistes à base de pianos, vents, cordes et textures diverses.

[ J’aime l’idée de faire le mieux qu’on peut avec ce dont on dispose ]

On retrouve à n'en pas douter dans ce disque aux couleurs du peintre Soulage, spécialiste du noir flamboyant, la part de ténèbres qui obscurcissait le très recommandable Ciel de Fête, il y a dix ans. Ciel de Fête avait cette empreinte rare d'une new wave teintée de post-rock, ou le contraire, rare dans l'univers de l'expression française s'entend.

On retrouve aussi à présent cette guitare qu'il manie si élégamment, tel un canif, le tout surmonté de trouvailles vocales dont la musicalité scotche, dans tous les sens du terme, y compris l'enivrement.

J’aime l’idée de faire le mieux qu’on peut avec ce dont on dispose. Ainsi, j’ai dû développer mon jeu de guitare, ma voix comme matière… pour me rapprocher de certains artifices ou ambitions orchestrales qui m’étaient inaccessibles.

Tout est dit, ou presque.

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