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23 oct. ~ Molecule ~


l Molecule l 60°43' Nord l

Ce disque de Molecule est plus qu'un disque. C'est une aventure qui invite à l'aventure. Un voyage sonore d'une petite heure pour rendre compte, réinterpréter, sublimer 34 jours de navigation bien au-delà du 40° de latitude Nord.

Difficile avec le recul de se dire que l'on ne pouvait pas s'y attendre mais le passage du dub à la transe vagabonde marine, mais l'audace et l'idée de ce disque reste formidable, au sens premier du terme.

Les ambiances dub ont cette dualité rare de pouvoir déboucher sur des climats froids ou chauds. Romain Delahaye manipulait déjà avec talent une bonne dose de sonorités aquatico-éoliennes, s'éloignant au fur et à mesure de racines roots pour évoluer vers des choses plus fouillées et construites. Un peu comme un chef cuisinier excellant dans la cuisine de terroir qui se laisse peu à peu séduire par la cuisine moléculaire. Les goûts les couleurs certainement, mais parmi ses multiples collaborations, comment ne pas saluer plus spécifiquement les titres avec Martina Topley-Bird. Mais ceci est une autre histoire.

À l'époque de la bande son du film La marche de l'Empereur, Emilie Simon, coutumière de l'IRCAM et de son la laboratoire GRM, expliquait comment elle était aller chercher des sons dans son réfrigérateur en captant par exemple la lente fragmentation de la glace. Avec ce 60° 43' Nord, il va sans dire que la proposition de Molecule porte les choses un peu plus loin.

[ cinq semaines sans escale à bord d'un navire de 90 mètres ]

Romain et son studio ont embarqué pour cinq semaines sans escale à bord d'un navire de 90 mètres de long, 2300 tonnes, et son équipage, dans un décor de sous-marin soviétique, raconte-t-il dans 981mb. Il décrit le paradoxe de l'expérience et de son rêve... composer là où le silence n'existe pas (...) la musique comme seul refuge.

Plus qu'un album tourné vers la mer, c'est vers le navire et l'expérience intérieure de celui qui l'habite que s'est tourné le compositeur, prisonnier de sentiments mixtes, isolé au beau milieu de l'océan, sans échappatoire, redoutant le confinement, confronté aux éléments et la musicalité d'un monstre des mers... dont il restitue les ambiances et en sublime l'intensité, transfigurant une batterie de sonorités qui pourraient source d'angoisse et de stress en une bande son profondément apaisante.

Il évite le piège d'une électro qui aurait pu verser dans le froid et l'industriel pour offrir à l'auditeur une mise en abyme onirique qui explose la logique de la petite boîte à musique, surtout quand le live qui en découle est présenté, ou plus précisément projeté, sur les quatre mur d'un endroit comme la Gaîté lyrique, à Paris.

Cette expérience concrète, au sens de confrontation au réel tout autant qu'au sens harmonique, ne pouvait vraisemblablement pas en rester là. Romain est donc reparti encore plus au Nord, au delà des 52°42'N de Shannon (Irlande), et des 61°58' des Îles Féroé... au Groënland.

L'expérience d'immersion n'en est pas moins extrême, pour ce qui est de l'isolement, et des températures, qui donnent leur nom au projet, -22,7°C. Par contre, la philosophie de l'aventure précise un peu plus les contours de ce que Romain entend proposer... une musique sous influence, obéissant à un dogme artistique, comme il le raconte depuis son retour, rejetant bien intuilement l'étiquette de musique concrète.

Mais tant que la musique est bonne, dirait un poète d'un autre genre... Le premier titre présenté de ce périple s'appelle Sila, qui en inuit, renvoie à l'idée d'esprit et de nature. Tout est dit, et conjugué au futur composé.

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