12 oct. ~ Ulan Bator ~
l Ulan Bator l Stereolith l
Quelque part... ou plutôt un jour... de 1993, Amaury Cambuzat (voix, guitare et piano/claviers) et Olivier Manchion (basse, flûte, bandes, ...) ont décidé de monter... Ulan Bator, très vite rejoints par Franck Lantignac (batterie, trompette, tabla,...). Une mine d'inventivité et d'audace pour un parcours hors norme, loin du diktat du mercantilisme et au plus profond d'albums plus ou moins tumultueux.
Choisir comme nom la capitale de la Mongolie pour un projet musical était déjà un poème en soi. Plus qu'un groupe, Ulan Bator est devenu au fil du temps un concept, avec de nouvelles invitations au voyage à chaque fois que la dimension du groupe changeait et se réorganisait autour d'Amaury.
Plus de vingt ans et dix albums, et plus d'une demi-douzaine de labels plus tard, la discographie exploratoire des sphères atmosphériques de la musique est devenu une source systématique de surprises quant à la teneur des futures productions dévoilées sous cette appellation. Comment s'en offusquer puisqu'il n'y a, somme toute, rien de plus triste et rébarbatif que voir des groupes construire une discographie sur un ensemble de riffs ou de gimmicks statiques et copiés-collés d'albums en albums.
La ville est la capitale la plus froide du monde, nous dit-on. Perchée à plus de 1300m d'altitude, elle bénéficie d'un climat froid et sec. L'hiver y est froid et long tandis que l'été bref et frais... Un descriptif qui convient amplement à des constructions sonores, dans lesquelles la voix n'est souvent qu'un ingrédient de plus, même quand elle est -aussi souvent- en français dans le texte. Très tôt s'est opéré un rapprochement fusionnel avec le proto kraut rock des Allemands de Faust et une association tout sauf innocente avec le label des Disques du Soleil et de l'Acier à qui l'on doit une belle série d'albums de Pascal Comelade.
[ À mille années lumières des explorations musicales...
et du post-rock séminal des débuts ]
Remontant le temps, sans aller jusqu'au fondateur de l'empire mongol Gengis Khan, chaque disque d'Ulan Bator apporte son lot de singularité et d'authenticité comme l'omniprésence de la vielle à roue sur Abracabra ou des ondes Martenot sur En France / En Transe... sans céder à la tentation de les utiliser comme éléments modaux qui verseraient dans une musique simplement drone.
Acquise minutieusement et avec détermination, la respectabilité du groupe intègre un disque* sous la houlette de Michael Gira mais repose avant tout néanmoins sur les choix radicaux, les lignes ou chemins de traverse surprenants, jusque dans la rencontre avec l'organiste-guitariste James Johnston (Gallon Drunk, Lydia Lunch, Bad Seeds) qui vient clôturer la période italienne, plus pop, même s'il faute dire vite.
À mille années lumières des explorations musicales et du post-rock séminal des débuts, et sans les ingrédients plus noise qui resurgissent le plus souvent en présence d'Olivier, Stereolith en offre une version réplicante synthétique, comme un chaînon manquant entre Swans et Einstürzende Neubauten, avec une touche de dark wave.
La voix reste comme à l'accoutumée posée, affleurante, incantatoire... et la prépondérance des synthés, du piano et saxophone dessinent les contours d'un rock atmosphérique en opposition de phase du bruitisme qu'on a pu leur connaître... Et qui n'en est pourtant pas si éloigné.
Une certitude, doublée d'une évidence, subsistent néanmoins... Chaque nouvel album restera logique, compact, original et sans fioritures, avec son lot de surprises qui laisseront le projet musical occuper une place à part dans la scène française malgré, grâce, ou indépendamment de l'éternel retour d'Oliver Manchion.
*Ego Echo.