02 oct. ~ Artús ~
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L'étiquette roots folk traditionnel rock alternatif expérimental ressemble à un gigantesque fourre-tout auquel la famille Artús réussit néanmoins à donner corps et âme.
Depuis 2003, l'originelle familha Artús a élargi les rangs et fondé la famille Pagans autour d'un laboratoire singulier conçu comme le foyer d'un fond commun d'évidence qui rend, notamment les musiques gasconnes et occitanes intelligibles aux auditeurs contemporains actuels plutôt qu'aux contemporains qui la virent émerger.
Le groupe-collectif Artús, aujourd'hui composé de Roman, Matèu et Tomàs Baudoin, ainsi que Roman Colautti, Nicolas Godin et Alexis Toussaint, affiche aujourd'hui ... ... 17 ans d’existence avec pas mal de productions d'abord sous le nom de Familha Artús, puis sous le nom Artús, énonce Roman Baudoin en référence aux quelques cinq albums, deux EP, une bande originale et un disque d'expérimentations avec des artistes tous plus ou moins membres en tant que tel ou sous différents projets parallèles de Pagans Musica.
[ On a grandi avec le groupe...
il a évolué avec nous, sans limites et sans certitudes ]
Il y a donc le collectif et les participations individuelles sous différentes formes... Artús optant pour la forme d'expression la plus rock, avec des influences individuelles mêlant également musique prog et métal.
Artús se revendique clairement du mouvement Rock in opposition surtout politiquement, explique le vielliste à roue alto et soprano.
Esthétiquement nous avons beaucoup évolué avec diverses périodes -musique trad, musique électro, rock prog, métal...-confirme Roman. On a grandi avec le groupe, il a évolué avec nous, sans limites et sans certitudes, mais par contre avec toujours un souci de progression technique, intellectuelle et artistique.
C'est en parti ce qui explique la longévité du groupe, je pense. La seule contrainte qui existe depuis le début, c'est de créer à partir du patrimoine culturel immatériel de notre coin. Esthétiquement aujourd'hui nous sommes sur un rock progressif à la King Crimson dont on est fan depuis le début.
On a tous des parcours assez différents, mais pour aller vite, on a des formations musicales solides en parallèle de parcours de musiciens populaires -divers groupes de rock ou de trad de l'adolescence à aujourd'hui, ajoute celui qui avec ses camarades qui n'usurpent pas es influences qu'ils citent, allant de Magma à Swans, en passant par Einstürzende Neubauten.
On est tous de grands mélomanes, ce qui est essentiel pour des musiciens de l'oralité,. On échange beaucoup là-dessus avec souvent des débats animés...
La musique comme axe de débat, de militantisme et de sensibilisation voilà qui redonne ses lettres de noblesse à un moyen de communication ancestral qui fonctionna pendant des siècles, bien avant l'apparition des serveurs de données érigés en gardiens d'un patrimoine colossal autant que discutable.
[ On s'est toujours référés au rock médité, composé...
à l'inverse du post rock planant et éthéré et de la musique drone statique ]
Artús vient du celtique arzh et signifie ours, tout comme Ors en occitan... mais leur propos est plus global pour ces mousquetaires du patrimoine palois et plus largement gascon, le groupe revendiquant la langue gasconne comme partie intégrante de leur univers sonore et poétique.
On va dire que le patrimoine musical de Gasconha n'est plus vraiment un sujet pour nous, mais plus un savoir faire technique et esthétique qui constitue le fond de notre pratique, on choisit ensuite un objet conceptuel à chaque nouvelle création. Le dernier disque Ors n'est pas un manifeste pour la protection de l'ours, c'est plus subtile que ça. On explique notre positionnement nuancé dans le livret. On ne décide pas du jour au lendemain de parler d'un sujet aussi puissant, il s'impose à nous et à l'histoire du groupe au fil de nos recherches et de nos rencontres.
Quand on traite un sujet avec Artús, c'est souvent très conceptuel et renseigné avant de commencer à créer... ensuite, quand on rentre dans la création, on essaie de laisser passer l'émotion. On vit avec les thématiques pendant 2 ou 3 ans... alors mieux vaut les connaître bien, et surtout y trouver un intérêt personnel... nous explique-t-il, avouant que le groupe commence à plancher sur un autre sujet... secret pour le moment.
Cet album, peut-être plus que les autres, est une farandole païenne de batterie, guitare baryton, vielle alto, violon, tambourin à cordes, chant, boha, synthétiseur, percussions... qui résonne d'un emusicalité universelle... au point que la voix, les paroles, et les mélodies pourraient paraître parfois provenir de pays et continents invisibles depuis la Gascogne, au-delà de la Méditerranée et de l'Oural.
Un sacré instrumentarium qui modernise le genre... sans aller jusqu'à, comme le font d'autres dans un registre plus occitan, à savoir Super Parquet, France, ... à adopter une posture qualifiée souvent de musique drone ou simili post rock..
Oui, on s'aperçoit bien qu'en ce moment nos potes de Super Parquet, La Novìa, Sourdure... ont le vent en poupe. C'est vraiment super pour eux et ils le méritent amplement, mais finalement Artús reste un peu sur la touche pour diverses raisons, estime Roman.
On a commencé bien bien bien avant ce regain d’intérêt pour (ces) esthétiques (...) et c'est vrai que notre pratique ne s'y réfère que peu... On s'est toujours référés au rock médité, composé, aboutissant à des compositions souvent complexes et alambiquées, à l'inverse du post rock planant et éthéré et de la musique drone statique.
On n'est pas dans l'air du temps, veut-il croire, à l'heure où émergent des musiques traditionnelles du monde entier que de jeunes générations passent au crible du jazz contemporain ou de la transe sonique. Artús y ajoute une énergie qui fait la sève d'une musique vivante, organique, et orageuse. L'auditoire en ressort conquis ou dérouté comme à chaque nouveau volume de création sonore.