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27 sept. ~ La Maison Tellier ~


l La Maison Tellier l Avalanche l

Dès le premier jour, il était facile de se sentir bien dans les murs de La Maison Tellier, celle establie en l'an 2004 à Rouen et non pas celle du même nom, connue de tous, à Fécamp, dont Guy de Maupassant narrait en 1881 l'histoire des pensionnaires de petite vertu dans un recueil de nouvelles.

Si la seconde a inspiré la première, la fratrie des Helmut, Raoul, Léopold, Léon, Alexandre, Alphonse, Igor, ... a su, avec le temps, trouver la patience et surtout la force de résister aux intempéries pour s'imposer par son originalité et sa prose dans le trop grand désert du folk, de la pop western et de la chanson française.

Le remplissage de la salle des anciennes pompes funèbres parisiennes, rebaptisées 104, en février de cette année témoigne d'une notoriété acquise et méritée... mais qui aurait dû, selon moi, intervenir de longue date.

Il est effectivement en soi indécent, voire triste, d'avoir dû laisser filer dix années et cinq albums pour leur reconnaître un statut de respectabilité qui sonnait comme une évidence dès les premières ballades country de leurs démos et de leur premier album éponyme !

Qu'il s'agisse des No Name #1 & #2, One More Beer ou Fraulein S dans la langue de Vic Chesnutt comme de La Chambre Rose ou d'À la petite semaine, les titres débordaient d'une musicalité des grands espaces et d'une poésie des huis clos qui ne demandaient rien d'autre que d'être entendues par le plus grand nombre... comme se fut le cas pour quelque 250 chanceux et chanceuses réunis un dimanche après-midi de février 2006 au Nouveau Casino...

Le charme de cet aréopage hillbilly from Normandy fut instantané. À l'image de celui de la jeune artiste du nom de Lippie qui assurait le changement de plateau.

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Photos Marion Ruzniewski

Derrière le rideau de paroles certainement effrayantes de références littéraires, d'histoires gorgées d'un humour gigogne, Helmut et Raoul Tellier laissaient libre court à de luxueuses références musicales... allant de Will Oldham à Willard Grant Conspiracy.

Les plus audacieux auraient pu se contenter d'admirer le talent de reprises intelligentes, hors répertoire, à la sauce country, de Rage Against The Machine, Britney Spears et Gravediggaz. Mais non.

[ Le coup du duo (...) ça simplifierait plein de choses...

Après, ce ne serait pas La Maison Tellier telle qu'on a envie de la voir ]

Le milieu des professionnels de la profession ne put tristement s'empêcher de prodiguer une somme de conseils - à mon humble avis - mal placés... Car comment, qui, pourquoi conseiller à un groupe capable d'une telle richesse mélodique de conseiller une approche plus variété ou de leur demander d'opter pour un simple duo guitares-voix quand la contrebasse et la trompette, entre autres, apportaient une dimension rare et explosive à des compositions respectueuses de leurs influences que peu d'artistes français osaient exploiter.

Ce genre de conseils mal placés - toujours de mon humble avis - a laissé de regrettables séquelles, surtout quand leur justification, officielle ou officieuse, a plus trait à des considérations économiques qu'artistiques...

Alors le coup du duo, disons que oui, ça simplifierait plein de choses, c'est sûr, concède-t-il. Après, ce ne serait pas La Maison Tellier telle qu'on a envie de la voir. C'est sûr qu'on ne nous dit plus ça, au bout de 10 ans de carrière, ce serait un peu idiot. Aujourd'hui, on est un vrai groupe (...) Mais ce n'est pas tous les jours évident !

Un groupe, c'est pas le plus simple (...) Il y a surement des choses qui nous passent sous le nez, admet-il, en référence aux considérations économiques... Mais tant pis. On fait d'autres choses, qu'on ne peut pas faire en duo ou seul.

Mine de rien, le groupe aura mis du temps à surmonter ce que votre humble serviteur appelle le syndrome de la Rochelle... et ce au prix de terribles périodes de doute, qui n'auront heureusement (?) fait que retarder l'inéluctable... une notoriété et un respect qu'ils méritent depuis longtemps.

Tout cela n'enlève rien, bien au contraire à tout le chemin parcouru.

Je dirais que notre premier concert s'est déroulé dans le salon d'une amie, et le (presque) dernier en date dans la Grande Nef du Musée d'Orsay. Ça résume pas mal le parcours, non?, s'interroge Raoul Tellier, au lendemain de la tournée pour l'album Avalanche qui les aura emmenés dans un théâtre antique, un grand musée parisien, un théâtre surplombant la Méditerranée, de multiples salles de concert et scènes extérieures, au milieu des champs, au bord d'un lac, au coeur de villes entourées de montagnes et de centres commerciaux... comme ils le racontent en ligne.

[ La sérénité, en musique, ça n'existe pas trop...

On n'est jamais arrivé... sinon il faut s'arrêter ]

Aujourd'hui, ils peuvent imaginer sereinement le meilleur pour l'avenir, après deux disques forts... qui redonnent confiance... Beauté pour tous dont le mix a été confié à Antoine Gaillet (M83, Elista, Zombie Zombie, Berg Sans Nipple, ...) et Avalanche, passé entre les mains de Yann Arnaud (Syd Matters, Sebastien Schuller, Mina Tindle, ...).

Deux disques dont le premier a même illustré l'ouverture vers des influences que l'on peut rapprocher de Passion Fodder/16 Horsepower/Jeffrey Lee Pierce... ou Morriconesques pour le second.

Concernant les influences, dit Raoul T., ... Forcément, on emprunte un peu moins aux influences du début, mais d'autres sont arrivés depuis, il y a toujours des influences !

Disons qu'aujourd'hui, on sait un peu mieux ce qu'on vaut et où on se place. C'est une forme de sérénité, c'est sûr (...) Après, la sérénité, en musique, ça n'existe pas trop, je crois, explique-t-il.

On est toujours en chemin. On n'est jamais arrivé... sinon il faut s'arrêter.

Au fil du temps, la pondération entre l'anglais et le français a sensiblement penché vers le second, avec une maîtrise du verbe qui donne des textes habilement durs et sévères envers la société (Haut, bas, fragile ou Bon français) mais aussi terriblement romantiques, façon Chateaubriand.

Helmut assume aujourd'hui pleinement sont rôle de frontman et continue également à distiller quelques comptines rappelant les histoires de deltas, de pieds tendres, et de meurtres de la première heure sans jamais gommer le penchant littéraire intimement lié aux références qui ont guidé le gang des Telliers dans le choix de leur nom de scène.

Sur Beauté pour Tous et Avalanche, la volonté c'était 100% de français, confesse Raoul. Pour la suite, on ne s'interdit rien, mais maintenant qu'on a pris le pli du tout français... On verra.

Aujourd'hui, on écrit plus naturellement en français qu'en anglais. L'anglais sur une chanson, c'est devenu un peu comme un pis aller.

Il y a un côté plus satisfaisant intellectuellement à réussir une chanson en français mais on ne s'interdit pas du tout l'anglais. Aujourd'hui, c'est plus qu'on trouve ça moins amusant.

Sereins et heureux, comme en témoignent les photos de la tournée qui s'achève, ils peuvent à présent espérer, comme le dit modestement Raoul, pouvoir continuer l'aventure LMT (...) tout en s'amusant (...) pour enregistrer la musique qu'on a envie d'entendre.

Pensant à la suite... ils travaillent à de la musique pour le théâtre et songent bien évidemment à un 6e album dont l'enregistrement devrait vraisemblablement avoir lieu en 2018 tout comme ils ont envie ... de BO, de collaborer avec plein de gens, comme on l'a fait avec Marina Hands récemment, par exemple (...) et puis continuer à tourner. Il y a encore plein d'endroits dans lesquels on n'a toujours pas joué !

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