22 sept. ~ Montagne ~
l Montagne l Exorde l
Il y a cette blague très Carambar qui reste en filigrane pour qui a jamais habité ou séjourné en montagne...
Pourquoi les chalets sont-ils en bois ?... Parce qu'ils ont utilisé toutes les pierres pour faire les montagnes...
Cette montagne-là respire les grands espaces, les orages de fin d'été et le granite sauvage à l'état pur. Même si le groupe est né presque par accident, les cinq titres du premier EP de Montagne, étiqueté parisien sans vraiment l'être -mais y a-t-il vraiment encore des Parisiens à Paris ?- sont plus proches de La Grande Crevasse que du Premier de cordée, de Frison-Roche.
On a commencé à répéter en octobre 2016 (mais) la maquette de l'EP a été composée pendant l'hiver 2015/2016. Le projet était encore dans l'œuf, on ne savait même pas si le groupe allait vraiment se monter un jour, raconte Luc, à la guitare.
J'étais en colocation avec Lucas, le batteur, à l'époque. C'était l'hiver, il faisait froid, on s'ennuyait.
On a composé ce truc dans notre salon situé au 9e étage d'une tour du 19e arrondissement (de Paris).
On a décidé de vraiment monter le groupe quand Arthur, le bassiste, est revenu d'Allemagne.
[ On ne s'est donné aucune limite.
On a enchaîné des riffs (...) sans trop chercher à respecter les genres ! ]
Un premier concert en avril et très rapidement les cinq titres d'Exorde... qui mélangent autant des envies de double pédale, que des plans post-rock, ou post-hardcore, ou tout simplement metal, downtempo, lourds et... montagneux.
Oui ! On ne s'est donné aucune limite. On a enchaîné des riffs de stoner, des trucs post-rock, des breaks débiles de metal core, sans trop chercher à respecter les genres !, avoue Luc, au sujet de titres à la narration somme toute limpide.
En ce qui me concerne, je préfère croire qu'on est plus rattachés à quelque chose de metal ou stoner plutôt qu'au post-rock, répond Luc. Personnellement, ça me fait chier toutes ces guitares qui font des envolées lyriques bourrées de delay (...) Je trouve ça hyper redondant.
Après ça ne m'a pas empêché de prendre de bonnes claques devant des groupes de post-rock comme Oak, de Strasbourg, mais je t'avoue que God Is An Astronaut ou This Will Destroy You, ça me parle pas beaucoup.
Le ressenti global de ce disque-glacier, aux accélérations parfois vertigineuses, n'est finalement qu'un premier jet, mais qui recèle tout ce dont seront faits les lendemains du groupe. Un groupe d'amis qui aurait pu ne pas exister mais qui livrent 30 minutes de passages nuageux du plus bel effet.
[ Je pense notre prochain EP sera plus cadré ]
À l'image (sonore) des pas dans la neige qui viennent clôturer le titre Foehn, dont le nom vient de ce vent fort, sec et chaud, phénomène météorologique particulier dans les Alpes, l'orientation musicale de Montagne se cherche encore mais le cap semble défini.
Je pense notre prochain EP sera plus cadré, laisse entendre Luc. On cherche une formule qui fonctionne bien... Je crois qu'on l'a trouvé sur Foehn par exemple.
Histoire de filer la métaphore e de prendre la perche tendue, Montagne propose une musique à l'image de ce que Dame Nature offre... l'horreur du vide et la beauté par la simplicité et l'économie du futile.
Il y a tout de même quelques passages techniques, justifie-t-il... mais, en live, ça marche bien les choses simples, donc ne pas trop en mettre, Less is more, c'est une règle qu'on essaie de suivre.
[ Quand on habite Paris et qu'on est un peu en manque de nature, on improvise ]
Quitte à ne pas exister, ce disque est à l'image de sa conception... le fruit d'un heureux hasard auquel il aura été donné toutes les chances d'exister pleinement.
L'EP à été enregistré par Augustin Pannard, qui est un peu l'ingénieur du son le plus connu de la Bourgogne pour tout ce qui est rock, raconte Luc. On a enregistré ça dans le domaine viticole Sorine. C'est un petit château typique des domaines viticoles bourguignons. L'EP a ensuite été mixé et masterisé par Timothée Froger, un pote à nous qui est un bon gratteux et qui bosse hyper bien!
On sortira d'ailleurs après notre première petite tournée en Europe un making of sur l'enregistrement de l'EP. Une pote réal, Camille l'Héritier, a tout filmé et tout monté, ajoute-t-il... sans oublier le plus important... leur vin est bon et ils ont des pièces avec des beaux volumes pour enregistrer.
Une gageure pour un groupe dont le nom évoque les sommets mais qui enregistre en terres vinicoles et dont le seul point culminant enregistré, hormis les décibels de sa musique, est le 9e étage d'une tour d'immeuble.
Arthur et moi sommes originaires de Bourgogne, avoue Luc. On a grandit à Dijon. On se connait depuis le lycée. Lucas vient de Toulouse lui, comme pas mal de nos potes à Paris d'ailleurs.
Pas de parisiens dans Montagne finalement... Mais c'est là qu'on vit ! ... Disons que c'est un des plus hauts immeubles de Paris. C'était notre montagne en quelque sorte ! Quand on habite Paris et qu'on est un peu en manque de nature, on improvise.
Aujourd'hui, le doute initial laisse place à plus de perspective. Le groupe s'émancipe et part voir ailleurs, dans le reste de l'Europe et notamment en Allemagne, et songe déjà à la suite.
En fait tourner en Allemagne c'est bien plus simple que de tourner en France tout simplement. Il y a plus de concerts et plus de public.
Après la tournée d'octobre, on va s'y remettre et ré-enregistrer quelque chose oui ! Sûrement quelque chose de la même durée entre 30 et 40 min.
... et certainement plus de parties avec des textes... qui, sur Exorde, semblent avoir fleuri, avec parcimonie, presque par accident, mais pile aux bons endroits, plus comme un instrument supplémentaire qu'un outil à message.
C'est normal que le chant prenne toute la place dans un morceau quand on l'entend, je pense que c'est une sorte de truc humain de faire prévaloir la voix sur tout son (mais, oui) il y aura sûrement un peu plus de chant, acquiesce Luc.
Je ne sais pas encore à quel point mais vu qu'on a eu des bons retours sur les parties de chant... Je pense que oui c'est un instrument et c'est bien de le considérer comme tel.