18 sept. ~ Apollo Noir ~
l Apollo Noir l A/N l
(actualisé avec interview)
Né dans une famille ouverte à la diversité musicale, Rémi Sauzedde, aka Apollo Noir, a baigné très tôt dans la musique; commençant par plonger dans le hardcore et autres musiques rageuses.
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui écoutaient pas mal de musique, concède-t-il. Beaucoup de rock soit, mais aussi Jarre, Pink Floyd, Yes, De La Soul, du jazz… bref, c’était assez éclectique, il a toujours été important d’être ouvert d’esprit.
A partir de 10 ans je tombe dans la musique hardcore, punk, etc. grâce à mon grand frère. A 16 ans je deviens le batteur du village pour les groupes de pub, hardcore, garage, etc...
Puis, à 20 ans je quitte l’Auvergne pour m’installer à Paris, poursuit-il.
[ J’adore en règle générale les énormes contrastes de styles ]
Compliqué de faire de la batterie dans un petit appart. Alors je m’achète mes premier synthés, boîte à rythme avec le désir de faire de la musique seul de A à Z. Je pense que c’etait aussi une réaction à une scène musicale que je trouvais parfois trop étroite en terme d’ouverture d’esprit, j’avais besoin de plus, souligne celui qui n'hésite pas à parler de Vangelis, plutôt qu'Aphex Twin, Autechre ou Amon Tobin et qui en tant que batteur propose un premier album dans lequel il n'y a pour ainsi pas de beats dans les constructions sonores.
C’est vrai ! Pourtant je suis très fan de batterie et encore plus de boîte à rythme mais je n’ai pas eu le besoin d’utiliser tellement de rythmique pour dire ce que j’avais à dire. (Aphex Twin, Autechre, Amon Tobin), je les aime tous c’est vrai, mais j’adore le côté epic de Vangelis ! Je trouve que cette facette est intéressante à développer VS un son plus deep.
J’adore en règle générale les énormes contrastes de styles.
La musique, ses codes, ses textes, son histoire, la raison pour laquelle un artiste cède à ses muses, à la rage intérieure, à l'espoir, à l'amour... devraient être perçus comme un instrument de rassemblement et de paix, et non un prétexte au déchaînement de violence, ni une source de terreur.
La musique adoucit les moeurs, laissait entendre Platon.
La musicologie devrait donc être un passage obligé de l'éducation nationale... explications de textes, avérées ou suggérées, pour libérer l'imaginaire, pour expliquer les passions, faire le corollaire avec des événements qui ont fait l'Histoire...
Si tel était le cas, Apollo Noir serait immanquablement au programme pour expliquer le simple phénomène physique de l'action-réaction, et l'équivalence qu'on lui trouve dans la philosophie de l'homme...
[ Crier, aimer, dénoncer, contempler ]
A/N est un disque né en réaction aux violents événements du 13 novembre 2015 en France, à l'image de ces nombreux artistes qui ont écrit, dessiné, composé pour dire leur rejet de toute forme de peur et de terrorisme... mais aussi comme un moyen privilégié, une soupape émotionnelle rendue possible par le fait d'être artiste.
Je suis quelqu’un d’à la fois très réfléchi et très impulsif.
Cela faisait quasiment 10 ans que je réfléchissais à faire ma propre musique, sans jamais essayer réellement. Pendant ces années, j’ai appris à utiliser les boîtes à rythmes, synthétiseurs, à mixer, à produire, collectionner les disques et réfléchir à quelle musique j’aimerais faire pour moi.
Le 13 novembre, quelques mois après la naissance de ma fille, ma femme et un ami se sont retrouvés dans Paris à quelques centaines de mètres des attentats, raconte Rémi.
Autant dire que ça été la panique, ils ont du se cacher chez des amis qui par chance étaient chez eux. Bref, je passe les détails. Mais ça a été une énorme gifle qui remet tout à sa place en terme de priorité.
Et effectivement les sentiments extrêmes se sont bousculés, entre incomprehension, haine, amour, pardon.
Dès le lendemain matin, le 14 donc, j’ai composé P.4.R.1.5. En 3h le titre était composé et produit.
Je ne parlerai donc pas d’acte de resistance car je n’y ai pas réfléchis, c’était plus de l’ordre de l’instinct de création. Ca m’a fait beaucoup de bien de le faire oui… un peu comme tu dis, une soupape.
Le 15 novembre, je faisais le titre POST REJECTO. Le 16 novembre, je voyais enfin que j’allais faire mon premier album.
[ Il est possible de voir dans A/N un peu plus que les initiales d'Apollo Noir ]
Désireux d'opposer, l'amour et l'optimisme à l'animosité et la noirceur, Rémi a créé ce double astral... Apollo Noir. L'oxymore réunit sous la même note d'intention (A/N*) la noirceur et la divinité grecque des arts, de la musique, de la poésie, de la lumière et de la divination, Apollon**
Armé d'un instrumentarium Roland, Jupiter 8, TR 909 et sa version antérieure TR 808, passée dans des pédales d'effet, le natif d'une des plus belles régions de France, les Bois noirs, entre Clermont-Ferrand et Saint-Etienne, peint une série de tableaux à la palette de couleurs tantôt pastels, tantôt électriques, fiévreuses ou glaciales... et dévoile une bande d'une réalité dystopique, d'un futur science fictif, ou pas, à la Blade Runner.
Habités de voix fantomatiques aux témoignages choisis, il propose des titres minimalistes et d'autres plus schizophréniques. On y entend crier, aimer, dénoncer, contempler. Il y dépeint un lever le soleil (Projet), et la force des sentiments dans un titre, I Love Real Mountains, qu'il décrit comme la version musicale des mots qu'il emploierait pour demander sa femme en mariage.
Nombre de titres ont été écrit live, à la faveur d'un instant, d'un élan d'émotion(s), dont le titre P.4.R.1.5, qui fait office de pierre angulaire de ce premier album, et qui, dit-il, est l'expression de ce qu'il a ressenti pour la première fois de sa vie, dans les jours qui suivirent les attentats... la peur du futur dans lequel sa fille pourrait grandir.
... en attendant que la musicologie devienne une arme, non pas pour la déradicalisation mais bel et bien un instrument d'éveil et de prévention.
*A/N - Author's Note en anglais
** Apollo en anglais