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29 août ~ Grand Blanc


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Quel est donc ce Grand Blanc capable de glacer le sang du spectateur, d'embaumer les émotions de son auditoire dans un linceul de glace dès les premières mesures d'un premier titre ?

Un set de trente minutes en découvertes d'un printemps plus si jeune dévoilaient une formation avec en guise de brise-glace une voix, celle de Benoît David qui donnait corps à une musique sombre et martiale, encordée, limite shibari.

C'est pas qu'on joue pas l'jeu / mais les terrains se font vagues / comment retrouver ta place dans les vapeurs de douches froides... le texte des Petites frappes, posait le décor.

C'était un EP que ses quatre auteurs s'excusaient presque d'avoir réussi à réussir et susciter un tsunami d'enthousiasme. Blafard comme un titre de Taxi Girl, froid comme les titres les plus noirs de Bashung et empreints de toute une culture d'outre-Manche et d'outre-Rhin, presque d'outre tombe aurait-on pu conclure.

Mais le monde de la musique est un gigantesque Palais des glaces, avec tous les faux semblants et miroirs déformants qui vont avec. Et, comme dans le monde réel - ou presque-, les promesses n'engagent que ceux qui y croient et l'ascension vers les sommets peut virer à la pente savonneuse.

Dans ce monde de musique, d'artifices, et d'incandescentes carrières qui peuvent s'éteindre aussi vite qu'elles se sont embrasées, le Grand Blanc est des deux côtés de la vitre.

Quand un groupe montre une certaine prédisposition au talent, il se retrouve parfois comme un faon pris dans les phares d'un semi-remorque, l'industrie musicale n'étant pas la dernière à dessiner une autoroute que l'on ne traverserait pas à pieds aux heures de pointe.

Quand un groupe montre une certaine prédisposition à plaire au plus grand nombre, les conseils à visées monétaires se pressent au portail comme les Rémoras sur leurs hôtes, Kaa-librant de fraîches proies vers des destinées aux issues qui auraient pu être toutes autres.

Qu'importent les choix personnels ou téléguidés par quelques spin doctors conseillers ad hoc, c'est le coeur de glace qui bat sous cette pochette noir et blanc que je préfère aux ambiances tamisées de mémoires musicales délayées au fil de rythmes pavloviens.

Qu'importe si le groupe a cédé à l'erreur de jeunesse de promesses et punchlines faites par quelques inspecteurs des travaux finis, prompts à dispenser des katas et strophes darwinistes qui profitent moins à l'artiste qu'à tous les autres animaux de cette terrible chaîne alimentaire musicale, que l'on sait nourrir plus promptement les modèles économiques en bout de chaîne que la créativité qui l'alimente à la source.

Et si le futur reste une grande inconnue ouverte à toutes les possibilités, le passé reste une valeur sûre, à l'image de cet EP.

Dans l'attente d'une suite en forme de retour aux sources -ou pas-, le choix de confier à Spitzer et Molecule des remixes laisse la porte ouverte à toutes les perspectives possibles, une sorte de Quichottesque... Où il y a de la vie, il y a de l'espoir.

La musique n'est-elle pas peuplée de moulins à vent ?

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