14 août ~ (Thee) Stranded Horse
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(Thee) Stranded Horse offre à l'écoute un bain de sérénité conjurant et convoquant les esprits du folk et de l'Afrique de l'Ouest, même si, par moments, la façon qu'a Yann Tambour d'utiliser la kora, cette harpe mandingue, laisse flotter dans ses compositions des parfums qui vont bien au-delà de l'Afrique, de la France et de l'Angleterre, qui forment le trépied de son inspiration, en termes de langues, instruments et reprises qui égrènent ses albums et EPs.
Cet enfant de la pop, du trip-hop, et de l'electro, tombé amoureux de l'instrument du jour au lendemain, le conjugue au gré des collaborations avec quelque guitare, violon, contrebasse, balafon, ...
Avec le recul, sa précédente vie en tant qu'Encre laissait entrevoir d'un côté la possibilité de ce virage potentiel vers les musiques du monde tout comme, d'un autre côté, il explique l'hybridation et les mélanges opérés dans la définition de son nouvel univers, qui a fleuri et qu'il étoffe au fil de ses trois premiers albums. Avec, puis sans, la particule, il revient épisodiquement au croisement de répertoires audacieux, avec des reprises de Marc Bolan, The Smiths, Joy Division, Leonard Cohen, jusque l'obscur, déraciné mais révéré Jackson Carey Frank.
D'Encre, largement apprécié pour la beauté et la finesse de textes et d'arrangements, il a conservé cet instinct pour les rythmes décalés et les cascades de notes que délivre et autorise la kora. Du côté des textes, il retrouve sur Luxe l'intimité et la sensibilité qu'il déployait à l'époque d'Encre, et qu'il avait réussi à préserver déjà sur Churning Strides, il y a dix ans déjà.
Depuis ce premier album solo aux ambiances qui rappelaient les titres les plus aériens de Damian Jurado, Yann a su s'entourer de musiciens à ranger dans la même catégorie d'ouverture au monde bien que de divers horizons. Il convie ainsi avec Luxe... Sarah Murcia (Las Ondas Marteles, Magic Malik Orchestra, Rodolphe Burger, Elysian Fields, Piers Faccini...), Boubacar Cissokho, Bakoutoubo Dambakhate, et Eloïse Decazes (Arlt), tout comme il avait invité précédemment Ballake Sissoko (Toumani Diabaté, Piers Faccini) ou Carla Pallone (Mansfield TYA), n'hésitant jamais à s'effacer parfois derrière l'un de ses compagnons de route.
Les ambiances varient au fil des titres comme autant de cartes postales glanées au long de ses voyages qui l'ont emmené, entre autres, dans le Cotentin, à Paris, Bristol, Nantes ou Dakar avec des ambiances à la Win Wenders, avec ou sans Juliano Ribeiro Salgado.
Ce cheval égaré est au final comme une bouteille à la mer qui glane et mixe les quatre éléments au gré des courants pour apporter un métissage qui s'illustre jusque dans la fabrication de certains de ses propres instruments.