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27 juil. ~ Bison Bisou ~


l Bison Bisou l Bodysick l

Difficile de mieux se choisir un nom pour qui voudrait se lancer dans une carrière de groupe de rock. Avec ce cadavre exquis associant ces deux substantifs Bison Bisou délivre l'alpha et l'omega d'un genre musical qui vous embrasse d'un groove sauvage, tout en caressant dans le sens du poil une horde de punk sous l'influence de produits excitants.

Il aura pourtant fallu six ans pour arriver à ce premier album, bodysick, que l'on aurait presque finit par ne plus attendre, mais la route est plus sinueuse qu'elle ne peut le paraître, même si le groupe préfère être positiviste dans le récit de ces quelques années de bardage qui ont abouti à la sortie de ce disque sur le label belge d'It It Anita, Luik records.

On a pris le temps qu'il fallait, ni plus ni moins. On est des paresseux hyperactifs. Le groupe s'est formé en 2011. Depuis on a sorti deux splits avec Touming Magazine, un groupe taïwanais, et Shiko Shiko qui sont nos voisins de palier et de local de répét, racontent-ils.

On a aussi sorti un EP, Régine, fin 2015. Et on a joué dans pas mal de villes durant ces 6 années. Un album parfois ça nécessite de la maturation, là pour le coup, ce ne sera pas notre excuse car on l'a réalisé dans une forme d'urgence organisée, racontent-ils au sujet d'un disque enregistré, à l'ancienne, en session de groupe live, mais l'enregistrement de ce genre de musique peut-il réellement se concevoir autrement, à défaut de voir s'évaporer l'intention et l'énergie intrinsèque des titres ?

On est d'abord entré en contact avec À Tant Rêver du Roi, qui a l'habitude de travailler avec Luik Records sur des co-sorties franco-belges. Ce sont deux structures centrées sur l'humain, c'est ce qu'on voulait en premier lieu, confient-ils. Pouvoir bosser sur la sortie de Bodysick main dans la main avec des personnes passionnées et motivées.

Ce sont en plus des labels qui ont sorti des disques de groupes que nous apprécions musicalement et humainement comme It It Anita, Adolina, Mnemotechnic. Du coup difficile de parler de choses que ça apporte ou déclenche, pour nous c'est à la fois abstrait et concret, c'est l'idée d'appartenir à un mouvement dans lequel on se retrouve et on se sent bien, dans lequel on s'émancipe.

Il n'est pas difficile d'imaginer qu'ils ont dû s'entendre comme des larrons en foire.

Energie et live, deux mots clefs fondamentaux pour les cinq Nordistes, deux termes auquel il faudra ajouter indépendance, de caractère.

Nous avons fait une centaine de concerts, c'est pas forcément pharaonique comme chiffre. Ceci dit quand on y repense, l'ambiance dans le groupe dès les premiers concerts était déjà un peu à la folie. On s'est réuni autour de l'idée de faire une musique énergique, passionnée, donc on est plutôt ravi que ça se voit.

Une musique vivante, avec une conscience et surtout un rejet de la comparaison facile et une focalisation sur le résultat... un son mastoc (!), une avalanche sonore et sonique de quelque 35 minutes, denses. Le son de Régine avait déjà de quoi inspirer le respect. Avec Bodysick, un nouveau palier est franchi.

Nous voulions un son qui nous représente et nous ressemble. Grâce à Amaury Sauvé (également croisé derrière les manettes pour Fuzeta), cela a été possible. Nous avons enregistré avec lui à The Apiary, son studio à Laval. Il était aux commandes et on s'est super bien entendus, en fin de compte on n'a fait aucune concession, et on espère que lui non plus!

On ne s'est pas posé la question des influences, même si forcément on discute des groupes qu'on aime écouter. Quand on répète, parfois on sort un truc qui fait penser à tel ou tel groupe, mais quand c'est le cas, on préfère changer ce truc ou le faire sien, car recopier consciemment ou inconsciemment c'est triste, on veut juste être soi-même, et c'est notre combat, même si on se sent souvent incompris et même si on n'est même pas tous les jours sûr d'avoir envie que les gens sachent qui on est vraiment.

Et quand t'es sur scène, t'as juste envie de prendre ton pied. Pour nous ça veut dire danser, s'exprimer corporellement et balancer tout ce qu'on a, comme ça nous chante, pour ne pas avoir de regret.

On remarque les uns les autres qu'on essaie de se transcender aussi bien dans la composition des morceaux, (et) dans la mise en place logistique du tout, l'argent qu'il a fallu débourser, l'investissement qu'on devrait appeler dévouement.

Indépendance... financière aussi, le plus possible en tout cas... puisque malheureusement, bienheureux (ou pas) ceux qui arrivent à développer un catalogue et un répertoire sans avoir à se soucier des tenants et des aboutissants économique de la chose.

Un album, c'est plein de petites choses à gérer, surtout quand tu es indépendant, et pour le coup on assume complètement ce statut, clament-ils au sujet de Bison Bisou, qui est plus qu'un groupe de musique, ajoutent-ils.

Même si on voudrait déléguer parfois, on s'en occupe... c'est une condition sine qua non. On a bien sûr des activités à côté, d'autres projets artistiques, des boulots, des familles (...) on est tous très soudés, et c'est aussi à ça que sert un album, auquel ils se disent tenir beaucoup et pour lequel les concerts post-release (leur procurent) énormément de plaisir.

On se sent hyper libéré, comme s'ils devaient encore nous en convaincre.

Et du coup, histoire de mieux joindre le geste à la parole, le groupe profite de sa proximité avec la frontière nord de l'Hexagone pour s'exporter... avec l'obligation de prendre énormément de plaisir.

Nos dernières dates, c'était aux Pays-Bas, et on a adoré. On y était déjà allé mais là c'était un peu fou. On a joué dans un lieu un peu incroyable à Groningen, le Orkz Bar, qui se trouve à l'intérieur d'un ancien hôpital squatté, aujourd'hui légalement, depuis les années 70. 250 personnes y habitent. On y trouve aussi un cinéma, un théâtre, un restaurant... C'était une nuit un peu hors du monde.

Comme il est parfois plus difficile pour un groupe français de s'affirmer nationalement sans passer par les dispositifs pré-réglés, en gros difficile d'être prophète en son pays, voyager peut ouvrir des portes, et, peut-être apporter une expérience moins cadrée, non ?

Bouger, jouer ailleurs que dans ta petite ville, même quand tu y es attaché, ça t'apporte beaucoup, ça t'ouvre les yeux. L'accueil y est pas forcément si différent. Y'a des gens qui te regardent dubitatifs, et y'a des gens qui tombent sous ton charme. On est tous des européens non?, détaillent-ils avec un petit clin d'oeil à Arno, époque TC Matic.

Dès septembre, on a une grosse vingtaine de dates un peu partout en France mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. On a vraiment hâte de reprendre la route. Tu ne sais jamais si tu vas te casser les dents dans telle ou telle ville et face à tel ou tel public, mais c'est ça qui est excitant. Aller vers l'inconnu, le rencontrer, ou tout simplement revoir une ville, des gens que tu as rencontrés et qui au fil du temps peuvent devenir des amis. C'est une forme de récompense après pas mal de temps passé à écrire, enregistrer, faire la promo etc...

... et de confesser sans surprise que ... Le live, c'est quand même l'essence de Bison Bisou. C'est plus que jouer ta musique, c'est toute l'expérience qu'il y a autour. On a la chance de pouvoir jouer à l'étranger, ça veut dire beaucoup pour nous, puisqu'on ne conçoit pas l'idée de devoir se cantonner à son propre pays. Le pouvoir de la musique est justement de pouvoir transcender ça, de se passer de mots, de codes, de langages, donc quand tu peux vraiment mettre ça en pratique et voir comment réagissent les voisins, qui sont en fait des gens comme toi et nous, c'est assez intéressant. Ça permet de confronter des cultures, de se rendre compte que ce qui a été créé dans un contexte peut trouver un écho dans un autre.

Du rock et une philosophie de vie. Que demander de plus.

Encore une fois, c'est l'idée de partage et d'échange. Aller jouer puis "ciao bonsoir" c'est pas notre truc. On n'est pas des ouvriers de la musique. Si tourner devait se résumer à besogner 1 heure chaque soir, on resterait chez nous.

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