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14 jui. ~ I, Useless ~


l I, Useless l Twister l

[correction 25e paragraphe, bien lire qu'Ian habite Clermont-Ferrand]

Trois magnifiques titres clipés pour trois chansons délicates qui dessinent les contours d'un univers fragile et cathartique, à l'image du vécu et du parcours qu'il représente pour son auteur.

Twister, publié début 2016, donnera son titre à un album de dix titres qui devrait voir le jour fin 2017, espère Ian, l'homme camouflé au timbre altier qui se cache derrière la signature I, Useless.

L'album est terminé depuis quelques mois, mais je prends mon temps pour décider de la meilleure manière de le sortir (…) et puis je suis quelqu'un de plutôt lent, plaide-t-il.

La raison est surtout que cet album est le fruit d'un processus intérieur, artistique, qui a réclamé du temps face au questionnement de la disparition d'un être cher.

La mise en abîme suggérée par ce nom foncièrement auto-dépréciatif fonctionne comme le révélateur d'un album argentique à fort contraste, attachant, délicat et intense,pour celui qui avance jusqu'ici masqué.

Pour citer Stuart Murdoch (de Belle and Sebastian)... la musique est plus importante que ceux qui la font, dit Ian. Un beau résumé de ce qu'il donne en dix chansons envoûtantes.

J'ai fait une pause de cinq années sans faire de musique. J'ai perdu quelqu'un de proche et je trouvais le fait de faire de la musique assez vain, confesse-t-il. Et quelques années plus tard, quand j'ai été prêt à raconter cela, le nom m'a semblé correspondre à mon état d'esprit.

Paradoxalement, la musique a germé avant les textes, pour venir la première fendre la coquille d'un travail de deuil, d'introspection, et donner à germer 28 minutes fiévreuses et tourbillonnantes.

Bizarrement, je compose avant d'écrire. J'ai toujours fait comme ça. Et même si le choix des mots était particulièrement important sur ce projet, j'aime la liberté qu'apporte le fait de composer avant d'écrire.Tout aussi bizarrement, ça s'est fait très rapidement. J'ai écris et composé l'album en deux semaines, puis maquetté pendant deux mois.

Mais il n'est pas difficile d'imaginer une volonté en toile de fond de proposer un recueil abouti, une volonté de dépassement, pour un musicien qui avait jusqu'alors joué avec pas mal de gens avant de (se) stabiliser sur un projet solo.

Ian cite quelques noms de projets… principalement de la pop, mais plus énervée, voire un peu noise. J'ai fini par me calmer, s'accorde-t-il.

L'intimité du sujet qui l'animait n'était pas non plus de nature à pousser vers une logique de groupe, vu la dimension de confidence du projet.

Cela dit je n'ai même pas réfléchi à l'époque. Je l'ai juste fait !

J'ai toujours écrit et chanté. L'idée de ce projet, c'était vraiment d'aller vers quelque chose de nouveau, et que je n'avais jamais fait, comme composer au piano et chanter à cette hauteur. Je me suis dit que les contraintes permettraient d'arriver à quelque chose de spontané, de moins réfléchi (…) en tout cas plus de possibilités.

Je suis comme ces gens qui travaillent mieux avec moins d'outils, ou ceux qui sont meilleurs avec des dates-butoir, dit-il évoquant des restes d'éducation judéo-chrétienne, l'écorce de cet écrin cachant comme une volonté de ne pas céder à la facilité d'un simple guitare-voix ou piano-voix, et presque une recherche de la souffrance dans le processus de l'hommage à rendre.

Aujourdhui, on est dans le confort, dans la facilité très souvent. Ce n'est pas comme ça que j'envisage l'art. Je pense que la vérité réside dans l'inconfort, et l'art dans la prise de risque. Là, c'était des prises de risque techniques en l'occurrence.

Les conditions de confection du disque rendent d'autant plus éminente les chansons plus entraînantes, voire joyeuses.

De toutes façons, on n'a pas le choix (…) Puis la vie continue, quoique que tu veuilles ou fasses au final.

C'est à la lumière de ce contexte qu'une phrase surgit au détour d'une chanson...

Not too many friends came to bid you farewell (Pas grand' monde n'est venu dire au revoir)

... laissant perler un sentiment qui, dit Ian, n'est pas de la colère.

Pas vraiment de colère concernant cette phrase, juste de la tristesse de constater qu'on est toujours seul au final, plaide-t-il...

… si la perte d'êtres chers est vécue différemment, selon les individus, et, souscrit-il, il revient à ceux qui restent et qui le peuvent d'aider les gens qui souffrent plus qu'eux, ça n'a pas de valeur, mais la vie se charge de nous rappeler que rien ne se fait sans effort, même quand il s'agit de faire un disque.

Au sujet de la conception du disque, que Ian donne l'impression d'avoir survolé sans accroc, il faut creuser un peu pour l'amener à admettre qu'il aura fallu une bonne tranche d'abnégation... surtout quand les éléments, cette loi de Murphy bien connue, n'y mettent pas toujours du leur. Entre force et nécessité de l'objectif à atteindre.

À la base je bossais sous Logic mais j'ai eu deux accidents de disque dur, coup sur coup, et j'ai perdu deux fois les projets... Oui, je ne fais pas de sauvegarde, sourit-il.

Pour aller plus vite, je suis passé sous Garageband, que je maîtrise mieux en plus !

La mise en boîte se fait ainsi dans l'espace clos et intime de son studio de 29m2 à Clermont-Ferrand avec pour résultat une petite demi-heure riche et ciselée, sans fioritures.

L'univers se peuple au fil des titres de piano, guitares, claviers, glockenspiel, cordes, cuivres, …

Je sais pour la longueur. Cela dit aujourd'hui les formats sont un peu mouvants si l'on peut dire, nuance-t-il, prenant en exemple les formats de chansons d'un album comme Either/Or d'Ellioth Smith. Mais sinon, oui, on a délibérément choisi d'aller à l'essentiel (…) le plus important pour moi reste le message.

Ce, on, lâché au détour d'une phrase dévoile la la dimension de soutien et de partage qui est venue se greffer autour du projet pour sa finalisation. Ian fait ainsi référence à l'aide qu'il est allé chercher dans un cercle d'amis et de membres du groupe Kaolin... dont on garde -enfin, personnellement- un souvenir ému du premier album, Allez.

Une fois les maquettes finies, j'ai fait appel à des amis pour la réal, Tweed Music. C'est des musiciens de Kaolin, que je connaissais bien. Je leur ai fait écouter, et comme ça leur plaisait, on a commencé a réfléchir ensemble.

Une partie s'est fait chez moi, et le reste en studio entre Montluçon, Clermont et Paris donc, vu que j'ai aussi eu la chance de travailler avec Loic Bénart comme arrangeur.

Même s'il a travaillé seul à une grande partie de l'album, la volonté d'honnêteté et de réalité pour cet hommage intime l'a poussé à s'entourer pour obtenir les textures souhaitées sans samples ou émulateurs d'instruments.

Toutes les cordes sont vraies, je les ai enregistrées chez moi avec le violoncelliste Alexandre Perrony. Tout comme les guitares acoustiques et les voix. Il y a pas mal de claviers, enregistrés par Sodany Sean... elle a un meilleur toucher que moi.

Ce qui a été refait en studio, ce sont la batterie, la basse, et les guitares électriques ainsi que le mix et certains cuivres.

Vu les fondations de ce disque, les titres plus envolés comme Because of You, I Want You, apportent un peu de soleil et surprennent par leur caractère enjoué sur un mode de conversation.

Oui c'est vrai, en fait le disque se compose de constats actuels, et de flashbacks d'une époque plus heureuse, bien que Because of You soit le contre-exemple car ce n'est pas un flashback. Dans celle-ci, c'est plutôt moi qui m'adresse à elle, mais c'est vrai qu'elle me répond dans Reverse par exemple.

Après je trouve que tout est contrasté dans la vie, les joies les peines, tout se mélange à chaque situation. C'est donc plutôt normal de retrouver un peu ça dans le disque, une sorte de mélancolie positive comme diraient certains.

La musique est une muse que chaque artiste aime à détester mais sans laquelle il ne saurait vivre. Dans l'intimité du processus de création, la profondeur des sentiments auxquels il faut parfois faire appel conduit à faire émerger un format original qui convoque immanquablement de vieilles amours musicales, des influences qui font, lorsqu'elles arrivent à l'oreille de l'auditeur, se multiplier les comparaisons, comme par exemple, au fil du disque, Eels, Sigur Ros, Grandaddy, Death Vessels, et tant d'autres...

... L'originalité et la personnalité émerge alors du fait que l'artiste s'éloigne du copier-coller pour proposer une alchimie tout à fait personnelle.

Dans ce disque je ne saurai pas dire, mais je peux dire tout ce qui m'a influencé et m'a construit musicalement ... par exemple, quand j'ai découvert Belle and Sebastian, c'était une révolution pour moi. Tom MacRae aussi, et récemment des chanteurs qui ont des voix assez diaphanes. J'aime les voix aigües... Je pense à Iko, Spinto Band, ce genre de choses mais oui j'ai beaucoup écouté Grandaddy (…) Sigur Ros m'a aussi beaucoup influencé.

Belle and Sebastian, c'est pas tant pour la voix que pour le coté storytelling, et cette façon d'être le témoin muet des tragédies quotidiennes.

… avec une tendance à privilégier un mix de voix relativement toujours rentré, affleurant avec la musique...

Oui, c'est plus ou moins prononcé selon les titres... concède Ian, qui a vécu en Écosse et qui admet quelques restes d'accents assez typés et une façon de poser la voix.

La voix fait office de storyteller sur les chansons plus calmes, et devient plus un instrument sur les morceaux plus pop. J'avoue que je me suis toujours senti plus anglo-saxon qu'américain musicalement.

En guise de touche finale, et pour expliquer la lenteur du processus, Ian a souhaité garder la main autant que possible sur l'univers visuels, réalisant et filmant lui-même les trois premiers clips qui allient animation, effets spéciaux DIY et là aussi un storytelling.

Alors je fais tout moi même car j'ai zéro budget. Cela dit, je bénéficie de l'aide de mes amis parfois, notamment Sodany Sean sur Twister ou Lionel Picard sur Reverse. Pour celui qui sort cette semaine j'étais tout seul, et j'ai fait les six personnages.

L'idée est de sortir la moitié des clips avant l'album et la moitié après, après ça fait pas mal de taf j'espère m'y tenir.

J'ai trois clips terminés et non diffusés pour l'instant mais je n'ai pas de planning précis encore, d'autant que sur les prochains je ne serai plus forcément le réal, donc ça dépendra des dispos des gens qui bosseront dessus.

Plus sérieusement j'aimerais bien travailler avec une structure, label/éditeur/tourneur. Je suis en train de démarcher à l'heure actuelle, c'est pour ça que je ne sors pas le disque maintenant.

Et puis ce qui m'intéresse reste la création, j'adore écrire, filmer..., développer l'univers.

Et même s'il est précoce de parler de la suite alors que ce Twister bien nommé n'est pas encore disponible dans sa totalité, l'écoute de ces premiers dix titres pas si useless laisse espérer qu'il n'en restera pas là... ce à quoi Ian répond...

C'est une très bonne question. Je me la suis aussi posée. Je pense avoir dit tout ce que j'avais à dire concernant cette histoire... après il n'y a pas qu'une histoire à raconter... si je fais un deuxième disque, ce sera quelque chose de différent...

Après, je pense qu'il est trop tôt pour envisager une suite pour l'instant... une fois qu'on a crée quelque chose, ça ne nous appartient plus, on verra ce qui se passe avec Twister, mais j'imagine que ça influencera mes volontés futures...

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