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13 jui. ~ Christophe ~


l Christophe l Olympia 2002 l

Cet Olympia 2002 de Christophe est le genre de disque qui bouscule les certitudes parce que c'est l'un de ces disques live qui présente une musique effectivement vivante, quasi palpable, dont l'attention portée à l'enregistrement flirte avec la maniaquerie, un trait de caractère qui fait la légende de ce dandy morose. En cela, c'est un enregistrement public à ranger au même niveau que les Happy Birthday Public de Kat Onoma et Live in Dolores de Jean-Louis Murat.

Difficile de nier que les plus jeunes, mais pas que, pourraient avoir conservé une image vaguement gendre idéal d'un chanteur auteur de chansons à l'eau de rose, comme Aline et Succès fou, dont les versions live ici reflètent la qualité d'écriture et de composition. Cette idéal de magazine l'a toujours relativement hérissé, lui qui entonne dans les Paradis perdus qu'il n'est ni un Mickey de Walt Disney, ni un crooner de cabaret, ou l'idole des mots faciles, à défaut d'être bleus.

La découverte de ce disque a personnellement bousculé des repères et des a priori tenaces à propos d'un artiste que je n'avais, somme toute, jamais vraiment écouté plus que ça... un cas de figure que bon nombre de critiques peuvent prendre à bon compte. Une fois enterrées les idées préconçues (en un seul mot), Christophe apparaît résolument à part et en marge de la Variété avec ce grand V qui pique, pour trouver une place justifiée dans la grande maison de la Chanson.

La production du disque, précieuse, délicate et aérée, met en valeur le talent d'un artiste qui a toujours su se mettre en danger, tout comme il a su être à l'écoute du temps qui passait à mesure qu'il s'écoulait, à l'image de cette association avec un jeune auteur compositeur du nom de Jean-Michel Jarre, avec qui il a fait deux albums dès le début des années 70. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter Les Mots bleus et ce titre d'introduction épique Le dernier des Bevilacqua, hanté par l'air de la chanson éponyme, sorti sur les Disques Motors de Francis Dreyfus... responsable par ailleurs de la publication du premier disque Oxygene du pape de la musique synthétique.

...Et je passerai sur le fascinant duo du chanteur avec son idole personnelle Alan Vega sur le titre Tangerine.

La beauté et la magie de l'histoire de cet enregistrement tient aussi (surtout?) au fait qu'à l'époque, c'est la première fois que Christophe remonte sur scène, après quelque 25 ans de mise à distance des planches, pour deux concerts dans l'antre d'un nouveau nouvel Olympia reconstruit et rénové par rapport à celui qu'il avait également occupé deux soirs durant en 1975, avec la clef un autre enregistrement d'époque.

Il se présente modeste et ému, seul au micro, voire à la guitare, accompagné au piano, entouré de musiciens de choix pour un spectacle scénarisé, avec batteur dans une cage de verre, chorégraphies de Marie-Claude Pietragalla et projections sur un rideau de tissu translucide.

Débarrassé de longue date de l'étiquette yé-yé, celui qui n'a eu de cesse de chercher à se réinventer, à expérimenter, quand d'autres se contentaient de tirer le fil de leur carrière, immortalise par la même occasion des chansons revisitées, réadaptées, modernes, avec samples, batterie électronique et acoustique, des arrangements posés, sans faute de goût, au-dessus duquel trône une voix intense qui prend la mesure d'une existence baignée de cinéma(s), de femmes, de moteur(s), de sueur(s) et d'ambiguité. Les versions de Enzo, Les Paradis Perdus, Comme un interdit donnent le frisson, comme ce titre écrit par Alain Kan, Minuit Boulevard, qui n'était autre que son beau-frère à la ville. La version des Marionnettes au piano est bouleversante, celle de J'l'ai pas touchée ne l'est pas moins et celle du Dernier des Bevilacqua laisse entendre un résumé des cinquante dernières années de rock du siècle qui vient de s'achever... autant symphonique que psychédélique convoquant jusqu'à... Jarre, père et fils, autant que the Who ou Pink Floyd.

À noter que, depuis, il a sorti un disque Intime à souhait enregistré au défunt Studios Davout qui vaut le détour également pour les versions qu'il propose.

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