09 jui. ~ Skippies ~
l Skippies l MASSIVE and 14 other songs l
Ce disque des Skippies recèle toute l'essence et tout le parfum de la mutation de la scène française et internationale de l'époque.
Colère noise, puissance de la power pop, samplers vagabonds, guitares et basse lourdes et rugueuses, voix à l'unisson faisant le grand écart entre déchirement grunge et antienne pop punk.
L'ouverture de cet éloquent recueil de musique Massive n'avait rien à voir avec le slow d'anthologie du groupe de rock progressif écossais Nazareth. C'était plutôt tout le contraire avec des guitares sales et rampantes, et une jouissive tendance à la régression post adolescente laissant filtrer une sévère envie de tout envoyer balader. Go Go Suckers.
Ensuite, le disque dans sa version digitale étendue, incluant l'EP Roll, suit un scénario en quatre (et cinq) épisodes, avec transitions de rigueur qui lui donnent un aspect de quadruple album au format 45 tours.
Le passage derrière la console de Martin Bisi fait sens quand on sait que le producteur installé à Brooklyn était responsable de rien de moins que trois des premiers albums de Sonic Youth. En plus d'avoir travaillé à l'enregistrement de disques de John Zorn et Herbie Hancock, il venait à l'époque de faire un disque avec Unsane,... et le premier album de référence d'un autre groupe français, Bästard.
Cet album comme leurs prestations scéniques est un véritable monstre. Dégagés d'un penchant plus skate punk, ou juste australien, du premier album, réalisé mine de rien sous la houlette de Harvey Birrell (Therapy?), ils accouchaient d'un album fuluguro point dans l'estomac et les gencives. Une fulgurance qui les aura somme toute dépassés et lessivés au point de jeter l'éponge à peine trois ans après.
Trois années, deux albums, des dates partout en France, en Italie, Belgique, aux Pays-Bas et une entrée aux Productions du fer qui leur ouvrira les portes du label de musiques mastodontes de l'époque, Roadrunner.
Ils tourneront d'ailleurs avec les tout jeunes Sloy, aussi passés par les Productions du Fer, et invitaient sur le titre phare Rémi Saboul de Drive Blind. Bon sang ne saurait mentir.
Et si les archives de Transmusicales laissent entendre qu'un journaliste du NME les aurait qualifié de meilleur groupe français depuis les Thugs, ça nous fait un bon classement.
De là à imaginer que c'est la seule raison pour laquelle Eric Sourice a réédité les deux disques avec Nineteen Something, c'est un raccourci clavier que j'en ferai pas, mais qui a le mérite de dessiner la carte des affinités de toute une époque*.
La chute aussi précipitée que fut l'ascension et le buzz entourant les Rennais a néanmoins donné lieu à l'un des groupes les plus sexy de ces dernières années, mais dans un autre style, Bikini Machine. On en reparlera certainement.
* Nineteen Something a également réédité, outre les albums des Thugs, Dicky Bird, Garlic Frog Diet, Sixpack, Casbah Club...