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07 jui. ~ Das Kinø ~


l Das Kino l The Call of a Vision l

Das Kinø a cette lenteur cinétique de quelques images à la seconde en mode lanterne magique... autant d'images qui conviennent à merveille à cette petite boite à musique dont s'échappe une lumière et quelques mélopées enveloppantes... face auxquelles il est difficile de ne pas dodeliner de la tête en rythme et de tapoter délicatement du pied.

David Darricarrère a longtemps laissé s'exprimer sa facette soul-jazzy avec le groupe Smooth -même s'il minimise volontiers la validité de l'étiquette de musique exigeante* face aux capacités de musicien qu'il s'accorde-, tout comme il savait jouer de l'émulsion électronique avec le projet Dtwice. À l'époque déjà, Léa Colombet est là. Elle officie aux claviers avec le Nantais dans ce groupe qui finit par souffrir -quelque part- de l'économie de la musique qui veut que tourner à cinq (ou plus) sur scène rend les choses moins viables.

Quand Dtwice meurt -comme on dit- de sa belle mort, il avoue s'être retrouvé avec pas mal de chansons qui, dit-il, ne pouvaient de toutes façons pas figurer sur un 4e album de Smooth, qui n'aurait pas lieu, des chansons qui par ailleurs ne collaient pas, ajoute-t-il, à l'electro plus dancefloor de Dtwice. Certains titres se sont retrouvés sur l'album solo d'Aymeric Maini, guitariste de DTwice. D'autres ont une première fois été utilisés de manière impromptue, il y a trois ans, mais l'idée d'un Das Kinø traînait déjà dans un coin de la tête du Nantais depuis un certain moment.

Ça a commencé, on a rendu service à un pote au Panonika**... Un soir, il me demande Vous ne feriez pas un petit truc d'une demi-heure ? (...) On a répété en dix jours... À ça, est venue se greffer Isla qui s'était faite repérer aux Découvertes du Printemps de Bourges... puis l'album de Dtwice est arrivé et on a laissé tomber l'idée Das Kinø...

Donc, c'est un projet vieux et pas vieux, raconte David. J'avais ce nom qui traînait dans la tête (...) Ça devait être un titre d'album pour Smooth, mais ça n'aura pas lieu...

Mais les bonnes idées, comme les bons morceaux ne meurent jamais vraiment et l'acte de décès de Dtwice redonne donc vie à Das Kinø. C'est à ce moment, se souvient-il, que Léa lui dit combien il serait dommage de ne pas donner vie à ce répertoire-là et propose de retravailler dessus.

Sa technique au piano est imparable, lâche David. Les mélodies se sont ouvertes comme des fleurs, raconte-t-il au sujet d'un répertoire qui donne en quelque sorte vie à un personnage enfoui au plus profond de lui, mais qui saisit alors l'opportunité d'aller à confesse, avec quelqu'un de confiance, qu'il a toujours considéré comme une petite sœur.

Léa a 25 ans, j'en ai quarante... Elle est d'une fraicheur et d'une simplicité, innocente, moi je suis un peu Gainsbarre dans cette histoire-là…

Volontiers présenté comme une expiation, c'est musicalement plus une version Dr Jekyll que du Mr Hyde qui est développée sur The Call of a Vision, plus cotonneuse, sous la forme d'un univers résolument lounge, plus sombre certes, mais aussi plus éthéré que ceux qu'on lui connaissait.

David confesse avoir laissé resurgir une certaine admiration pour des groupes comme LCD Soundsystem, Tosca, ou Kruder & Dorfmeister, (et Portishead sur Le silence ?, voire Hot Chip par moments ? ), quand DTwice était plus Talking Heads, autant de groupes dont les influences, si elles ne transparaissent pas directement dans cet album n'en sont pas moins présentes et le fruit d'une découverte de l'électro grâce et avec un ami de longue date, jamais bien loin pendant des années, et féru de machines.

Pour la première fois, dira-t-on, David délaisse donc les piano, claviers et autres Wurlitzer qu'il affectionnait dans ses précédentes aventures pour prendre en main la guitare, quelques percussions, avec tout de même quelques interventions aux samplers et synthétiseurs. C'est à Léa que revient le soin de mettre au pas les blanches et les noires, comme les nuits de certains et les idées d'autres.

J'ai appris à dire que je n'étais pas musicien mais mélodiste, une chose que j'ai apprise au contact de Léa. Je joue de plein de d'instruments mais assez médiocrement, avoue-t-il face à la pratique de sa camarade de jeu issue du conservatoire. C'est pour ça qu'on a beaucoup misé sur le piano. On voulait garder quelque chose d'intemporel, ne pas coller au TR 808 et aux synthés...

Ce piano, qu'il soit léger ou introspectif comme sur le titre qui donne son nom à l'album, ou qu'il porte le poids des nuits sombres de Grand Royal... donnent des ambiances qu'il suffit juste de qualifier de... belles. Ils obtiennent des couleurs sonores en mode XX+XY. Le chant de Léa cultive un dialogue, tour à tour en anglais ou en français, un échange, une complémentarité faite de vécu diamétralement opposés et pourtant contigus qui cohabitent sans peine dans l'acceptation et l'autre... qu'il s'agisse du contenu textuel, des ambiances musicales ou tout simplement des arrangements de voix.

Ça ma confirmé l'importance des mélodies... Dès que je parle mélodies, je parle des Beatles, les bonnes mélodies dépassent le temps...

La réalisation est sans surprise menée de main de maître, mais là où il serait facile d'imaginer que c'est l'œuvre de David, qui menait la barque dans ses précédents projets, comme pour Pégase, Rhum for Pauline, et d'autres groupes de Nantes... et bien non, c'est un vrai groupe, insiste-t-il.

Plus que de désapprendre, je me suis remis à ma place avec Léa. Avec Smooth, les morceaux ont toujours été très léchés, les samples devaient tomber au bon moment... mais quand il fallu faire des choses plus rough... laisse-t-il planer sans finir sa phrase.

Et de se souvenir presqu'amusé qu'à l'époque du premier album de Smooth, ils voulaient faire du rock pour finalement se retrouver avec une étiquette lounge !!

Il y a plein de mecs qui se sont cassé la gueule en voulant aller à l'encontre de ce qu'ils sont... Un jour, je me suis pris la tête avec Eric Piffeteau des French Cowboys qui me disait Tu ne sais pas faire du rock'n'roll... J'étais vexé mais aujourd'hui je pourrais lui dire Ben ouais t'avais raison. Je pense qu'à un moment un artiste doit l'admettre... je suis très heureux du projet Das Kinø...

Il laisse d'ailleurs entendre que la suite va arriver assez rapidement pour ce projet dont les racines affichées puise dans une forme d'essence analytico-confessionnelle transgénérationnelle par le son et le contenu des textes.

J'ai suivi une formation au Studio des variétés après un prix Sacem... On a mis le doigt et l'accent mis là-dessus mais il reste des choses très pudiques à tirer des onze ans de tournées avec Smooth pour passer au mode de la confidence. Donc rester en anglais est encore une forme de pudeur... mais le prochain album sera à 95% de français.

Modeste, il voudrait conclure en disant... On vient de nulle part... On fait tout nous-mêmes..., dit-il au sujet d'un disque effectivement fait à la maison, avec un ancien complice de DTwice, Yohann Goulais. Il faudrait en théorie arriver avec un EP, faire un petit peu de buzz...

On est déjà sur la suite pour une raison très simple... On a beaucoup plus de matière que ce qu'on propose là. On avait une vingtaine de chansons, là on n'en a mis dix.

Mais était-il vraiment possible d'imaginer d'en rester là ? À suivre, donc.

* si ce ne sont pas plus du fait de certains musiciens de caste que de la musique elle-même

** cinéma à Nantes

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