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27 mai ~ 3dK ~


l 3dK l Koan Zen l

Hier, je parlais d'un groupe puisant ses références dans les années 90's. Les plus assidus lecteurs de french-o-rama auront bien noté une certaine tendance à considérer que la scène française telle qu'on la connaît aujourd'hui a pris son essor à ce moment-là, comme si cette période était incontournable dans les racines musicales actuelles. C'est bien entendu un peu exagéré, mais pas tant que ça.

Il est plus ou moins difficile de contester que cette décennie a représenté dans l'Hexagone une phase de développement de certaines capacités et techniques d'enregistrement, de production et une certaine, elle-aussi, appropriation d'une musique qui n'est pas la nôtre. Combien de fois ai-je entendu un Anglo-Saxon s'interroger... Ah bon ? En France, vous faites du rock/de la pop/... ? (choisissez la mention qui convient) Pourquoi pas mais bon... c'est quand même NOTRE musique...

Certains plus consensuels que d'autres pouvaient ajouter... Mais bon VOUS vous avez Serge Gainsbourg et Air... les plus érudits allant jusqu'à évoquer les Négresses Vertes...

Que l'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit. Je ne dis pas que la scène made in France telle qu'on la connaît est née à cette époque-là - ce serait faire affront à beaucoup de gens qui ont travaillé d'arrache-pied pour faire émerger et exister toute une scène (forcément) qualifiée d'alternative, (très) underground ou Do It Yourself, à une époque où les moyens de communication étaient tout autres... tout comme cela reviendrait injustement à fermer les yeux sur la persistance de groupes référencés sixties ou seventies, même ces musiques-là ont elles aussi indéniablement bénéficié de cette prise en main des capacités et techniques de production sus-citées.

Mais pour revenir à nos moutons, nombre de groupes français ont puisé, et continuent à le faire, dans les références anglo-saxonnes de cette époque, des références et une période auxquelles ils n'ont parfois pas toujours survécu. On pourrait se contenter de se dire que ce qui est fait n'est plus à faire ou que l'on ne peut pas revenir en arrière. Ça ouvre à discussion, mais rien n'empêche de ressortir le vieil album photo.

C'est le cas de 3dK, qui porte, certes, la marque sonore des auto-productions d'époque mais qui libérait sans peine sur scène toute l'énergie que l'on sentait tapie sous les octets.

Un démarrage au lycée, trois disques officiels enregistrés entre Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, dix années de compositions orientées noisy pop, voire pleinement noise à leurs débuts, et mine de rien, des centaines de concerts sur de vraies estrades comme sur de beaux carrelages de pizzerias qui les mèneront sur la grande scène de feu le festival Rock au Max et de l'Élysée Montmartre en finale d'un dispositif de repérage conjoint entre une ex-enseigne de grande distribution de disques en quatre lettres, un réseau de centres infos rock et des radios associatives têtes-chercheuses.

Sur cet album un peu en marge, Koan Zen, leur musique respire autant la new wave que le rock sonique, en anglais dans le texte, le premier n'étant pas étranger à la voix de la chanteuse Ana, le second aux compositions d'un certain Mickey promis ensuite à d'autres aventures, disons XL.

Les textes trahissent déjà un tempérament de révolte teintée de colère face aux injustices politiques, sociales, et quelques allusions environnementalistes. Des thèmes qui feront le succès, en français dans le texte et avec un chouilla plus de cynisme, de Mickey 3D.

Si le dernier disque sous le nom de 3dK, Play Station, est plus brutal, plus masculin, et croise des influences exploitées aussi par ailleurs à l'époque au sein de son groupe de hardcore, Nopajam, ses six titres ouvrent déjà la voie au passage au français dans le texte tout en restant sur un terrain des Thugs, Burning Heads, Seven Hate, Condense (?)... Ce Koan Zen tire, lui, sa richesse la présence féminine magnétique d'Ana, le groupe proposant alors un rare mélange de Sonic Youth, Siouxie & the Banshees et Girls Against Boys.

On se prend à rêver d'entendre ce que donnerait une réexploitation des bandes d'origines re-mixées et re-masterisées avec les outils actuels... la modernité des trouvailles, breaks de batteries, de basse, de guitares prendraient tout leur essor... mais en attendant, avec peu de traces de leur discographie en ligne, les plus chanceux se contentent de réécouter les enregistrements d'époque et de quelques souvenirs de concerts forts, au propre comme au figuré.

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