25 mai ~ Filiamotsa ~
l Filiamotsa l Sentier des roches / Soufflant Rhodes l
Violons énervés et ambiances enlevées qui savent se poser pour mieux prêter le flanc aux vents mauvais et tourbillonnants. Voilà qui décrirait assez bien Filiamotsa.
On pourrait penser à Dirty Three, et à moult autres références sur la face cachée de la lune du grand public, sauf qu'ils étaient théoriquement deux à la manoeuvre, Emilie Weber et Anthony Laguerre... Il fallut attendre en théorie le Sentier des roches pour dire qu'ils étaient trois mais qu'ils avaient quelque part déjà été cinq, sur l'enregistrement live-performance sous le nom de Filiamotsa Soufflant Rhodes.
Entre engouffrement et appel d'air, leur premier disque Tribute to KC (2009) a très vite appelé à pousser l'expérimentation plus loin d'où l'enregistrement au Centre Culturel André Malraux de Vandoeuvre-Les-Nancy, revisitant à peine deux ans après leur jeune répertoire.
C'est néanmoins l'un des meilleurs témoignages de ce qu'était Filiamotsa et qui voyait rien de moins et pêle-mêle surgir une orchestration ahurissante à base de mots, claviers, Rhodes, Theremin, sax baryton, monotron, trombone, trompe marocaine, trompette, Multivider, conques, mégaphone... en plus de la batterie et du violon.
Comme quoi une musique pensée à deux peut ressurgir sous de multiples formes... On en voudra pour fil conducteur le morceau Montroyal en version(s) successivement desséchée, kraut-psychédélique ou juste brute de décoffrage, et dont le pile et face de Soufflant Rhodes et Sentier des roches hérissent le poil chacun à leur manière.
La forme mouvante, et cultivée comme telle, de leurs titres, comme la conception de la musique à plus ou moins deux violons + batterie, ne pouvait que séduire. Ils ont donc logiquement et rapidement (trop ?) eu tendance à se faire plein d'amis, puisqu'en théorie, la liste de membres associés de près ou de loin à la paire Nancéienne liste rien de moins que G.W.Sok, Philippe Orivel, Véronique Mougin, Antoine Arlot, Youssef Essawabi, Olivier Mellano, Louis Warynski, Louis-Michel Marion, Stann Duguet, Bastien Pelenc, en plus du duo originel formé d'Emilie et Anthony.
Filiamotsa aura pour le moins rempli avec ardeur et hardiesse la mission qu'ils s'étaient (ou pas) vu attribuer... jouer partout, inviter et partager une musique hybride, sombre et puissante pour proposer un ouragan de structures musicales néo-classiques trempées dans l'acier d'une transe bruitiste.
Les étincelles et les frictions, à même la roche, ils sont allés les chercher un peu partout, sur disque et sur scène, en France, en Europe, aux Etats-Unis aussi, face à un public habitué à des monstres du genre d'Oxbow, The Ex, Giant Sand, l'Archipel Nocturne, We Insist, Chapelier Fou, Steve Shelley...
D'un autre côté, comme le Port Salut, c'est écrit dessus. Que fallait-il attendre d'autre d'un groupe qui s'appelait Filiamotsa... à part une enfant de la musique de l'âge de pierre ?
Ce n'est pas moi qui le dit, enfin pas eux non plus, mais vous avouerez que Filia (fille, en latin) + M pour music et OTSA (Of The Stone Age), comme Queen, mais en mieux, prédisposait, voire annonçait, des ambiances taillées dans le roc, ou le silex, et que les étincelles étaient prévisibles.
Restent Le Sentier des roches et Filiamotsa Soufflant Rhodes, deux témoignages fulgurants de quelque chose d'audacieux, éphémère (relativement) et qui peut-être n'était pas destiné à pouvoir survivre à sa propre cosmogénèse.
Pourquoi un groupe se forme et quelles sont les raisons qui font que la fin ensevelit les moyens... cela reste un mystère. Dans le cas présent, le mystère restera à la hauteur de la surprise qui fait qu'au détour d'une simple question sur l'actualité à venir du groupe, la réponse se fait sibylline et définitive, comme leur musique.
Merci pour ton intérêt. Malheureusement, nous avons pris la décision d'arrêter le groupe il y a deux mois. Bonne journée à toi et à bientôt ici ou là!
... nous laissant seuls, avec de simples remerciements pour les (auto) productions existantes que des gens continueront à découvrir, forcément... puisque la musique et surtout les enregistrements qui en sont faits survivront aux prescripteurs (ou leur absence...)... et qu'il serait bon d'en faire (par sécurité) nos propres sauvegardes face à l'hégémonie-passoire des tourniquets digitaux que sont les plates-formes de streaming et autres agrégateurs de contenus... qui tôt ou tard écraseront leur disques durs sans plus de cas pour des histoires comme celle-ci.