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27 avr. ~ Sierra Manhattan


l Sierra Manhattan l s/t l

Pas besoin d'être canadien de Colombie-Britannique, de s'affubler d'un patronyme à l'italienne et d'émigrer à Brooklyn pour exceller dans la pop no-wave lo-fi... même si Sierra Manhattan ne prend pas la peine de masquer des influences qui sont effectivement à chercher outre Atlantique.

On peut effectivement fermer les yeux et imaginer les falaises de bâtiments de Broadway au coucher du soleil projetant les images mentales d'une sierra plus urbaine que Nevada. Bien que cultivées dans le triangle Valence-Annecy-Lyon, les graminées d'Antoine Aubert pourraient avoir été déterrées aussi bien au pied de la Grosse Pomme que du Golden Gate ou de la Cité des Anges.

Ses chansons mutantes, comme celles d'un grand nombre d'artiste adeptes du son faussement minimaliste, retiennent l'attention par leur fausse simplicité, aux structures multicolores tissées et tressées avec soin et débordant de soleil.

On pense à du Black Lips lo-fi, du Growlers roots, , du Dogbowl, du Casiotone For The Painfully Alone et autres artistes Tomlab...

Cette culture lo-fi peut hérisser le poil quand c'est en soi plutôt une musique qui le caresse dans le bon sens. Inutile de se demander pourquoi choisir à l'heure actuelle d'enregistrer de la sorte quand la technologie permet de produire des sons d'une douceur et d'une couleur parfaite... la réponse est simple... Pourquoi ? Parce que !

Parce que c'est possible ! Et qu'abondance de fard n'est pas synonyme de beauté !

Parce que ce qui en fait le charme, hypnotique de ces titres qui ne cherchent pas la perfection dans l'apparence, le sont grâce à des rythmiques de guitares simples, noyant une voix le plus souvent fantômatique et/ou éraillée, dont le filet, la plupart du temps tenu, porte avec fébrilité et pudeur de petites histoires simples et universelles, comme par exemple You Are Real ou Stay With Me...

Ces sons à peine traités rendent justice à une intelligence mélodique parce qu'à une certaine époque est arrivé l'enregistreur 4 pistes et que c'est tout un exercice, toute une finesse, que d'enregistrer en multicouches, de détruire la précédente version en y ajoutant de manière indélébile une couche supplémentaire de mélodie... ça pousse à l'économie, à l'immersion dans le morceau tout en gardant le recul nécessaire pour ne venir en gâcher le résultat. Une grandeur naît du fait de savoir s'exposer à tout perdre comme à se satisfaire d'un résultat pour ce qu'il est... simple, sans copier-coller*.

C'est une pure expression de l'urgence créatrice entre instinct et éphémérité (effet mérité ?)...

Bienvenue dans un monde où règne le sens de la mélodie comme d'autres ont le sens de la punchline et où l'existence d'une chanson se justifie plus par le moment et la raison de sa création que la carrière à lui apporter.

* À noter que ce recueil de titres est sorti en cassette avant d'être aujourd'hui disponible en digital

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