12 avr. ~ Roken is Dodelijk ~
l Roken is Dodelijk l Broken Bones l
Dès les premiers titres rendus publics en 2007, un engouement s'est manifesté pour ces I'm From Barcelona made in Lille. Présence sur scène, musique enjouée, calibrée et riche, avec au micro Fonzie, dandy aussi enjoué et lupin qu'un Arsène ou qu'un Tex Avery.
Les choses ont démarré en trombe. Pendant près d'un an ou deux, Roken is Dodelijk était partout. On leur présageait le meilleur, ce qui était d'autant plus un exploit qu'ils étaient six sur scène.... de quoi filer le frisson à n'importe quel organisateur de concert scrupuleux de respecter une quelconque convention collective.
Puis l'amour ne durant que trois ans, les choses se sont étiolées et surtout les nuages noirs se sont amoncelés... ceux auxquels on ne s'attend pas quand on est en lune miel avec sa passion, Dame Musique. Le genre de problèmes technico-administrativo-professionnels qui ruinent autant le moral que l'énergie créatrice.
Où est-ce que ça a foiré ? Qui a a mis du sable dans les rouages de ce qui semblait huilé comme sur une plage de Zuydcoote.
À un moment, tu as un truc qui se passe (…) et ça passe ou ça casse, analyse Fonzie.
C'est assez dur quand tu es autant de monde sur scène. Aujourd'hui, tu n'as plus aucun groupe qui commence à autant sur scène. Tu n'as pas souvent des groupes avec plus de une, deux ou trois personnes, ajoute-t-il, avant de dresser par le menu un parcours du combattant fait de désillusion et de déceptions ou deceptions en franglais**...
Quand un groupe se lance dans l'aventure, à la conquête d'un public, il est effectivement cruel de constater le décalage, voire le gouffre parfois qu'il existe entre mythologie et réalité des relations étriquées et imbriquées avec labels, éditeurs, tourneurs qui voient en l'artiste un produit à vendre et un chiffre à faire...
En plus, les gens restent pas toujours en poste non plus très longtemps, philosophe Fonzie.
Le plus frustrant côté public, c'est peut-être qu'en neuf ans, il n'existe pas plus que la petite quinzaine de titres répartis sur des EPs épars alors que l'on attendait tous un album à un moment ou un autre. Très frustrant.
On a eu du mal a sortir l'album pour plein de raisons de tambouilles internes (…) Il n'est d'ailleurs jamais sorti en fait, raconte Fonzie.
On a failli signer avec (un label) qui voulaient qu'on retravaille sur certains trucs (mais) l'album n'était pas fini non plus. C'était la première fois qu'on lâchait un peu les manettes, ajoute-t-il au sujet de leurs sessions de studio avec Fred Avril. On avait enregistré en simili-live et ce n'était pas notre qualité première. Il faut être super carré. On a manqué de maturité sur ce choix-là, se remémore-t-il.
Mais c'était sans compter sur leur détermination, car même si c'est la vie dans l'industrie du disque, ce n'est pas une fatalité.
On a continué à travailler avec Jérôme (Mackowiak, bassiste du groupe). Mais quand tu n'as pas de deadline tu refais les morceaux 40 fois...
On allait reprendre les répétitions avec Nico (Degrande), le batteur, et avec Anouk (Amati), au clavier et au chant et, à ce moment-là, Jay s'est fait renverser à moto par un chauffard.
C'est à ce moment-là que le lecteur frénétique que vous êtes est effaré comme moi par autant d'acharnement du destin. Non ? Et le cynique qui sommeille en chacun de nous de tenter un brin de dérision et dire qu'avec un nom de groupe pareil et un premier EP intitulé reposer en paix, ça ne les destinait pas pour autant à une carrière à la Stephan Eicher.
Mais c'est là que nous sauvent nos fameux adages de bouts de comptoir, dégainant au débotté quelque chose dans le genre À quelque chose malheur est bon.
Il a eu la clavicule cassée. Ça a été une opportunité (...) Ça nous a permis de nous mettre une deadline pour la fin de l'année. Il était immobilisé sur son lit. On a enregistré et on lui a envoyé les bandes pour ne pas le laisser comme ça à bader. Les prises ont été faites dans la cuisine, un voisin guitariste qui a pris la basse et Jay lui donnait ses instructions. On a travaillé par Skype, parce qu'il est à Lens...
Ceci expliquant peut-être cela, Broken Bones est plus... ou plutôt moins... plus calme et posé, dira-t-on. On y retrouve avec plaisir la légèreté de titres comme In These Places et Even After All.
On voulait à un moment sortir un truc qui s'écoute le matin. Là, l'idée c'était de sortir un truc qui s'écoute pendant l'hiver, beaucoup plus boisé, plus de piano, de guitare acoustique... C'est effectivement plus King of Convenience que I'm From Barcelona, mais justement, on veut continuer à sortir des choses qui ne sonnent pas toujours de la même manière. On va continuer à essayer de sortir des choses comme ça...
On va essayer de ressortir un nouveau truc pour la rentrée mais on n'a pas pris de décision sur quel genre de titre, promet-il.
Donc des news à attendre aussi rapidement que possible, sous une forme ou sous une autre, entre un projet parallèle ou un autre.
On lancé EP (fin décembre 2016) pour dire qu'on était là et que ça allait repartir. Le titre Broken Bones est en référence à tout ça, conclut-il avant d'ajouter Ça nous a redonné de la vitalité et une envie de live.
En termes d'actu, c'est surtout GYM et Roken en ce moment. GYM, on est maintenant quatre sur scène, avec Antoine qui joue aussi dans Fonzie, et on a fait quelques premières dates avec (les Belges) Sold Out notamment. On a un single qui va sortir clipé en mai normalement et on a commencé à collaborer avec un producteur suédois qui a bossé sur The Knife et Coldplay.
Mais Roken, dans tout ça (?) sachant en plus, que depuis 2008, la liste des membres du groupe a été pour le moins changeante.
Pour ce qui est du line-up, on a compté le nombre de versions différentes qu'on a proposées en concert. On est arrivé à 23 !!, avoue-t-il d'un demi-sourire. Tu dois faire une première partie, tu prends pas le batteur, tu prends le percussionniste (…) pour le Chorus des Hauts-de-Seine (en 2008), on était sans Jay et Lena qui étaient en tournée avec Brisa Roché ? On les a remplacés par un guitariste qui devait se substituer aux deux.
Aujourd'hui, on essaie de rationaliser. On propose trois versions différentes, rassure-t-il. Solo, duo avec Anouk (aperçue au micro d'un autre groupe lillois à surveiller, EVRST), ou en groupe.
Donc, et comme le disait si bien Jay Jay Johansson, Tell the Girls That I Am Back in Town, qu'ils reprennent avec brio.
En attendant - avec impatience - la suite, on ne peut que se réjouir que si Roken is toujours Dodelijk, ils sont toujours bien vivants et que surtout Roken is Popelijk.
*Fumer tue = Roken is Dodeljik en néerlandais
** même orthographe, signification légèrement plus lourde puisque deception se traduirait par tromperie