8 avr. ~ Steeple Remove ~
l Steeple Remove l Position Normal l
Parler de Steeple Remove est l'occasion d'évoquer ces histoires qui se répètent, de ces ripple effect temporels, de boucles bouclées et autres déjà vu.
En effet, si ma mémoire ne me fait pas faux bond, ce qui ne serait pas étonnant, la première fois que l'on m'a tendu un disque des Rouennais, c'était il y a une dizaine d'années, au petit déjeuner, à Rennes. Un camarade de radio qui m'hébergeait pour la saisonnière transhumance qui transforme la ville en place-to-be de la découverte nationale et internationale me conseillait d'écouter un EP dont je lui dirais des nouvelles...
Vital Sassoon, avec ce mélange de guitares, à l'endroit, à l'envers, qui refusent d'être trop pop - pour des Rouennais, un comble ? - sur un sédiment rythmique qui plonge un orteil dans l'electro ou le krautrock, fait depuis ce temps-là partie pour moi des titres emblématiques de la scène indé française.
Pour l'histoire des boucles bouclées, dix ans plus tard, c'est lors d'une tournée des bars début décembre, dans une même ville nettoyée du tapis de verre pilé qui, il fut un temps, recouvrait abondamment les pavés, que je prenais une des dernières grosses claques sonores comme on les aime dans un bar tout en longueur et bas de plafond avec beaucoup trop de monde pour accéder jusqu'au premier rang... l'espace restant laissant heureusement le loisir de se rapprocher du bar.
Le mur de gens masquait à peine celui du son qu'érigeaient implacablement des Steeple Remove ressuscités et possédés. Que ce soit sur les albums Radio Silence ou Electric Suite, la sous-couche de grosses guitares et rythmique Suicido-psychédélique a toujours quelque part par là, la patience du tempo et la longueur de pont aussi, donnant l'impression de prendre leur temps pour poser des ambiances tout en ne dépassant qu'épisodiquement les 5 minutes.
Ce retour après 7 ans d'absence nous donnait à entendre sur scène une version sonore en miroir de leurs précédents albums, dans le sens où ce qui y était souterrain remontait à la surface, renvoyant en arrière plan leurs autres influences, et rangeant sous le tapis leur côté shoegaze pour laisser éclater un psychédélisme noise. Mais il faut bien se l'avouer, ce ressenti pourrait être simplement dû à la sonorisation de l'endroit.
Une colère musicale qui, en tout cas, reflétait peut-être aussi et surtout les difficultés rencontrées pour sortir ce Position Normal dont trois titres, les plus sombres, figuraient opportunément dans la liste de titres additionnels de la saison 1 Les Revenants... en 2012 donc !!! Un album qui aura donc, me dit-on dans l'oreillette, pris un an à mettre en boîte et trois de plus à trouver un moyen d'être publié.
Le disque, plus globalement, renverse moins la vapeur que le live mais maintient la pression avec un tracklisting qui ouvre sur un titre - encore cette histoire de boucles bouclées - qui me rappelle Vital Sassoon justement. Au fur et à mesure, l'atmosphère du disque se détend avec le jouissif Ennio Morriconien Invisible Lights, et donne au disque entier une sorte d'ambiance Blade Runner forcément plaisante.
Le ressenti live, lui, était dans l'esprit de Calling Up (the Sky), d'Imaginary Girl aussi, et de la belle reprise Unclean (Jesus Walk Down on the Water), non pas selon Matthieu 14:22-33 mais de Psychic TV.