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2 avr. ~ REZA ~


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Si l'on en juge par sa discographie, on serait tenté de penser qu'il faut en général trois ans à REZA pour se remettre du processus intense de composition et de réalisation d'un album.

Tornado est sorti en janvier 2015, mais pour autant rien ne point à l'horizon qui fasse espérer un nouveau disque de sitôt.

Dommage, serait-on tenté de dire. D'un autre côté, il est honnêtement difficile de se lasser de ce disque qui déborde d'une redoutable mélancolie dont l'abysse de sentiments et de souvenirs patinés à l'épreuve de la vie (My Blue Scar) redonneraient presque la force d'affronter des jours plus sombres encore. On se surprend à chercher et trouver quelques éclaircies ouvrant sur un ciel bleu sans faille au travers de ce plafond de nuages tenaces (The Fear is Gone).

Les magnifiques balades que sont Room 502 et A Man with No Country at All sont à elles-seules des monuments du genre, le break à 1'04 de la première étant tout bonnement étourdissant tandis que la fin le doigt levé de la seconde est un exemple rare de maîtrise de narration musicale.

Outre un duo aussi logique qu'évidemment réussi avec H-Burns, Moonless, en 2009, renfermait déjà un panel de chansons country-folk magnifiques, enregistrées et orchestrées avec Stéphane Garry, aka Pokett. Le folk aérien mâtiné de pop élégante et d'americana auquel il est parvenu sur Tornado croise de plus larges références que beaucoup lui envieront. Avec REZA, l'exercice vire à l'indécence. Entre les indices semés par l'homme lui-même au gré de reprises des Go-Betweens, de Bashung ou de Morrissey, on peut trouver ici et là Leonard Cohen, Lambchop, Magnetic Fields, Mark Eitzel, Giant Sand, auxquels je rajouterais volontiers Low, The Little Rabbits, et j'en passe...

Si les noms défilent comme dans un Who's Who du genre, c'est peut-être tout simplement la preuve d'un style personnel et abouti développé par un artiste qui mérite une reconnaissance plus ample que celle acquise à ce jour.

...Il en reste d'autant plus difficile de voir des journalistes découvrir sa musique après trois albums et d'entendre des gens dire qu'ils ne connaissent pas cet auteur à la voix aussi profonde et grave que la poésie qu'il livre depuis une dizaine d'années.

Lors d'une discussion avec l'un des fondateurs d'un label mythique qui fêtait alors son 20e anniversaire, il réagissait par une boutade à l'avènement de MySpace, qui est devenu ce que l'on sait, soulignant d'autant plus la portée de sa réflexion... Il disait en substance... MySpace et internet c'est génial ça ouvre sur un océan de musique (...) mais qu'est-ce qu'il y a comme merdes ! Il y aura toujours besoin de prescripteur comme nous pour aider les gens à s'y retrouver.

C'est évidemment encore plus vrai à l'heure où la plupart des prescripteurs d'antan semblent avoir démissionné et que la propagation peine à trouver une voie de dissémination au-delà de likes et d'algorithmes qui sont autant d'impasses au partage de la musique...

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