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27 mar. ~ I Am Stamgram ~


l I Am Stamgram l No Incoming Sounds l

Les artistes français n'ont plus aucune hésitation de nos jours à multiplier les projets parallèles, les fameux side projects qui peuvent parfois fasciner quand il s'agit d'artistes étrangers.

La raison en est parfois économique - impossible de vivre de sa musique avec un seul projet de nos jours -, parfois créatrice - pourquoi mettre tous ses oeufs dans le même panier si certaines chansons ne collent pas avec le répertoire de tel ou tel autre projet artistique.

I Am Stamgram est l'un de ces projets, Vincent Jouffroy étant également membre de My AnT, dont le nom figure sur la longue liste de groupes dont j'avais prévu de parler à un moment ou un autre cette année mais dont l'album, Not Special Except In a Normal Way, remonte mine de rien à 2011.

My AnT, le groupe est toujours vivant, s'empresse d'expliquer Vincent ! Mais avec les diverses activités de nos autres groupes, il est difficile de s'organiser ! On a un album qui dort, mais pas encore de temps pour l'enregistrer ! On espère revenir un peu à la vie cette année.

À suivre donc, mais en attendant c'est ce projet qui l'occupe au quotidien et dont on voit le nom surgir à droite à gauche régulièrement depuis les deux dernières années, via divers dispositifs de repérage bien connus, et soutenu par la pépinière bordelaise du Krakatoa.

Tout commence en 2012, avec l'enregistrement de ce qu'il qualifiera de chutes des morceaux qui ne marchaient pas avec (ses) autres groupes...

Je les bossais de mon coté et ça a été le 1er EP Let's Not Run The Race, mais de manière non formelle. Ensuite, comme j'avais le temps, que personne n'en avait rien à battre à part ma meuf et ma mère, j'ai pris mon temps. J'ai donc sorti avec les copains (dessinateur, vidéaste, graphiste, programmeur (...) un objet multimédia, étalé sur plus de 2 ans: le Patchworkitsch Triptyque...

L'aspect collage et fait maison de ce triptyque ajouté à la lenteur du processus pourrait donner l'impression d'un projet géré en dilettante. Que Nenni. Ce serait presque le contraire... car si l'axe de création pour son projet I Am Stamgram requiert patience et précision du fait de l'usage intensif de boucles, Vincent aurait plutôt tendance à virer hyperactif, entre des projets pour le théâtre, pour la danse, et pour la musique donc.

Une aventure avec la compagnie de danse de Gilles Baron pour La Nuit entre deux soleils a été une expérience marquante et intéressante, qu'il, dit-il, ne rechignerait pas à reproduire, la musique y étant abordée d'une manière radicalement différente.

C'était super intéressant. La rencontre s'est faite alors qu'il travaillait aussi sur un triptyque. Là ou c'est le plus intéressant avec la danse, c'est qu'ils parlent en termes d'espace... Réduire l'espace de la musique, créer des trous... Les vocabulaires sont très différents.

La perception d'I Am Stamgram pourrait donc en être celle d'un artiste semant au vent, selon l'inspiration du moment, un peu comme les aigrettes qui se répandent et atterrissent où et quand bon leur semble, à l'instar de la publication récente d'un nouveau titre Cities sur son bandcamp.

Après un 1er EP, qui n'en était pas un disait-il, il eut été logique - si on veut - que le tryptique fasse office de 2e EP, mais c'eût été trop simple... Une vague illustration donc de comment Vincent fonctionne... brique par brique, de la même manière qu'il construit ses chansons en live... Toute analogie avec une marque de pièces de jouets en plastique de couleur serait fortuite.

Nous avons ajouté Camilla et Eaten Alive aux 4 titres dispo' du Patchwork, ce qui a donné la naissance officielle du premier EP, Jurassic Poney (...) Ensuite est sorti No Incoming Sound, deuxième EP en novembre 2016 (...) En ce moment même, nous retouchons / ré-enregistrons des trucs pour compiler en un premier album ces deux EPs (et peut être un chouillat plus), égrène Vincent, précisant que le format long en question devrait sortir avant l'été si tout va bien !

Loin d'un vieil excellent premier titre très façon Neil Young dans l'esprit et intitulé A Dangerous Man - qu'il n'a pour ainsi dire jamais joué en live et qui relève pour lui plus d'un brouillon, une face B enregistrée à l'arrache -, les titres de l'EP No Incoming Sound sont dans la droite lignée des compos folk/pop romantico-ludiques et raffinées avec ce je-ne-sais-quoi dans le timbre de voix qui fait penser à un autre lutin touche-à-tout de la musique, Damon Albarn.

La langue française refait d'ailleurs son apparition par bribes sur deux titres de l'EP, utilisé avec parcimonie, mais avec autant de justesse que la langue de Shakespeare.

Le français vient de temps en temps comme des parenthèses, parfois comme une évidence (...) mais c'est encore rare. Ça dépend du processus. Pendant la compo, il peut y avoir juste des mots qui émergent, mais en général je m'attache au son du mot plutôt qu'au mot lui-même, explique-t-il, concluant par ce refrain célèbre. C'est dur d'écrire en francais !

Mais la porte n'est pas fermée, et de toute façon, personne ne vient l'embêter avec ça, donc advienne que voudra.

En parallèle, l'installation sur scène, avec notamment un pédalier digne d'un tableau de bord d'avion, révèle à la fois la florescence des orchestrations et la complexité de la transposition à la scène de titres créés en studio... surtout à l'écoute de titres fragiles tels que Serra's Snake ou Saut de ligne sur l'EP précédent Jurassic Poney, avec la finesse d'un filet de voix dont on imagine qu'il n'est pas forcément facile de retranscrire l'émotion au beau milieu de l'énergie libérée en live, au milieu des couches de boucles de piano, de cordes et autres autres percussions.

L'exercice est en tout cas réussi et en devient impressionnant sur un titre comme Eaten Alive dont la gestion des loops est scotchante, à l'instar - pour ceux qui ont connu - de ce que faisait en solo en début de carrière un certain Joseph Arthur.

Joseph Arthur, c'est le monsieur qui a un peu démocratisé tout ça. Je me rappelle avoir beaucoup écouté ça, se souvient Vincent.

Transposer sur scène est toujours un défi. C'est une autre étape, un match contre le home studio. Il faut trouver des compromis (...) Sur les morceaux des deux EPs, on s'en sort pas trop mal mais c'est beaucoup de prépa technique, de résidences, de choix à faire.

Pour ceux qui ont connu et vu en concert à l'époque, mais qui se voyait moins, c'est que l'ingénieur du son de Joseph Arthur assurait une partie de la réalisation en direct... une conclusion doublée d'une solution utile et nécessaire à laquelle il est aussi arrivé, s'entourant pour I Am Stamgram d'un batteur à tout faire, même bibliophile, et d'un homme orchestre à la console.

Notre ingé son est primordial, en l'occurrence Benjamin ou Jean, pour enlever et remettre des parties, et éviter les larsens, la repisse... La configuration sur scène est compliquée. Il faut la connaître, il faut qu'on parle le même langage...

Aspect amusant différenciant le perçu du vécu, ce ne sont pas forcément les morceaux en apparence les plus complexes qui intègrent le plus de boucles et demandant de fait le plus de travail.

Non, ce n'est pas Eaten Alive. Je crois que ce sont Set a Thought et Underwater Tank, un morceau plus récent, où y en a le plus. Mais en ce moment j'écris pour la suite et j'essaye de changer ça, parce qu'en composant avec un looper, il y a un peu un format obligatoire, avoue Vincent, évoquant une volonté d'approche plus centrée sur la guitare, quitte à remplacer des parties par d'autres instruments par la suite. Mais ça va pas être facile parce que j'ai tendance à mettre des cordes partout, concède-t-il amusé.

Rendez-vous donc quelque part, bientôt, sous un projet ou un autre pour de nouveaux titres (ou pas) de ce funambule du son.

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