23 mar. ~ Near Death Experience ~
l Near Death Experience l Unreleased Tracks l
Il s'est passé un truc à la fin des années en 90 en France. Une sorte de tsunami sonore. De glissement de terrain avec tsunami à la clef qui a laissé la scène française orpheline de groupes qui auraient mérité plus que ce qu'ils n'ont reçu comme reconnaissance. En tout cas plus que ce qu'il n'ont laissé comme trace.
C'est le cas de Near Death Experience.
Les Orléanais avaient surpris beaucoup de monde quand ils ont sorti en 1998 l'album v4.1 qui proposait rien de moins qu'un trip industriel ésotérique électronico-noise avec inserts vocaux mais sans réel chanteur. Leur musique lardée d'influences musicales world et plus précisément indienne ajoutait une dimension planante impalpable qui vaporisait la couche noise. C'était l'émergence de l'électro dans le rock, les voyages en Inde, ... puis la vie s'en est mêlée...
En 1998 le groupe ne fonctionnait plus qu'à deux, Cyrille et Tintin, qui est parti à la fin de la tournée de v4.1, justement. Des histoires de changement de line-up comme il y en a pléthore dans l'histoire de la musique, finalement.
PE, qui officiait jusque-là comme leur technicien son, a repris le flambeau des machines, explique-t-il. Un nouveau batteur est arrivé et le groupe a fonctionné mine de rien sous le radar jusqu'en 2006.
À la question de savoir si c'est l'industrie qui avait écrasé le groupe et les autres groupes que l'on voyait à l'époque, PE note qu'effectivement à part Hint, il ne reste plus grand monde. Ez3kiel est dans la lignée de cette scène (...) et a porté les choses beaucoup plus loin, constate-t-il.
Peut-être était-ce trop tôt. Certains de ces groupes - qui ont tout bonnement disparu ou juste arrêté - découvraient et expérimentaient l'introduction de l'électro dans le noise, un indus à la française. Le label Boucherie Productions avait même monté une division musiques violentes appelée Abatrash, avec le logo qui va bien, avec dans son maigre roaster NDE, Hoax et Witches.
Le succès ne fut pas au rendez-vous. En tout cas pas à l'échelle que les patrons de label semblaient l'espérer... Sauf, peut-être dans un cas, où même le label fut surpris d'avoir signé un groupe de Saumur, d'en voir vendre plus de 3.000 disques et de devoir refaire un pressage... l'album Mouvements de Spicy Box.
Il en résulte un peu un vague sentiment de fin des combats faute de combattants.
C'est pas l'industrie qui nous écrasé les gens (...) c'est nous qui nous sommes fatigués ! À un moment donné, ça requiert un combat de chaque minute d'aller faire des concerts et le suivi n'était pas là..., analyse PE.
NDE a laissé de rares indices sur le web, dont un MySpace (j'en vois qui rigolent), quand ça veut bien fonctionner. Un idée de réédition à faire passer à Head Records peut-être ?
On y retrouve une bonne partie de leur discographie dont l'excellent v3.0, dont le nom cache le fait que c'était leur premier album. On retrouve, ailleurs, leur split avec Burning Heads intitulé Burning Experience sur la boutique d'Opposite Prod.
Un bandcamp* a été lancé pour héberger un autre de leur disque au titre antinomique From Scratch, sorti au tournant de 2006, juste un peu avant Unreleased Tracks, un beau recueil de titres inédits, écrits entre 1999 et 2004, dont certains encore avec Tintin, et qui dresse un portrait light de leur musique... avec toujours ce militantisme qui caractérisait cette scène et ces injections et injonctions de discours militants...
... car cette scène-là, à l'époque, avait soif d'exprimer ses opinions... une chose qui n'a rien à voir avec le rock engagé à deux francs six sous, et qui devrait un peu plus inspirer les gens... à une époque où avoir une opinion publique vous fait vaguement passer pour quelqu'un de pas fréquentable ou d'anti-social attardé. Peut-être que les haterz dématérialisés qui zonent sur le web et les complotistes de tout ordre ont contribué à cette résorption. C'est bien dommage.
* https://neardeath.bandcamp.com/album/unreleased-tracks avec une belle reprise de Depeche Mode
