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28 fév. ~ Speed Caravan ~


l Speed Caravan l Kalashnik Love l

Il eut été logique de parler de Speed Caravan en vous parlant de Big Blue Desert, dont le titre fait référence à Théophile Gautier*, mais ce très attendu deuxième album fait plus référence au Grand Bleu, pas le lac de Luc Besson mais plus l'ogre silencieux d'Hemingway.

Même si ce deuxième album intègre la composante des grandes étendues arides sahariennes et sub-sahariennes, ne serait-ce que par les influences de Mehdi Haddab - comme celles des multiples invités -, la création de ce disque renvoie moins aux vibrations urbaines qui débordaient de Kalashnik Love. D'où ma préférence. Quelque part.

Durant les sept ans qui ont séparé les deux albums, Mehdi Haddab n'a pas pour autant chômé, accompagnant une autre caravane, celle d'Africa Express et croisant le fer avec Mick Jones, John Paul Jones et le chef de tribu Damon Albarn... Ça et quelques compositions pour le théâtre ou le cinéma, et moult concerts. On comprend qu'imaginer une suite discographique n'ait pas fait partie des priorités.

Kalashnik Love est aussi en soi plus à même d'illustrer quelque part ce qu'a pu représenter de rebellion le fait d'électrifier un oud... De fait, les raisons sont les mêmes que celles qui ont permis l'émergence de la guitare dans le jazz, et de fait dans l'histoire du rock**... le besoin simple de se faire entendre...

Il n'en reste pas moins que le premier album de ce caravansérail aux allures de tour de Babel, avec Pascal 'Pasco' Teillet (basse), Hermione Frank (machines), et Mohamed Bouamar (percussion), est proche d'être incontournable dans une discothèque.

Les titres comme la performance de celui que l'on a eu tôt fait de qualifier de Jimi Hendrix du oud, sont incisifs, nerveux, tout en tension mais avec une part d'éther et de liberté. Outre le plaisir de l'instrument, auquel il a de toute evidence contribué en France à donner ou redonner ses lettres de noblesse avec le groupe Ekova, le défi qu'il s'était fixé, disait-il à l'époque, était d'ancrer dans la modernité un instrument millénaire qui par la magie de la fée électricité trouvait voix au chapitre du rock en même temps qu'une énergie nouvelle. Et ce n'est pas comme si ce n'était pas mérité.

Et puisque le projet était d'ores et déjà raccordé au circuit électrique, il ne restait plus qu'à Kalashnik Love de proposer un amalgame jouissif avec une culture de l'électro, préalablement testée et validée via son projet avec Smadj (DuOud).

Il suffit d'écouter le titre phare, Aissa Wah ou Daddy Lolo... et bien sûr les réinterprétations de Killing an Arab et Galvanize de The Cure et Chemical Brothers pour achever de se convaincre de l'apport de ce disque, en 2009, en parallèle de ce que faisait Serge Teyssot-Gay avec le syrien Khaled Aljaramani dans un style similaire - mais pas tout à fait quand même.

Et quand Mehdi déclare à Telerama qu'il faudrait organiser un Woodstock du oud... On ne peut qu'être d'accord.

*Les Matelots (Poésies nouvelles et inédites)

** cf la très instructive et plaisante série de documentaires Soundbreaking de Maro Chermayeff et Christine Le Goff

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