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20 fév. ~ Zenzile ~


l Zenzile l Pawn Shop l

Comment considérer Zenzile autrement que comme l'un des monuments de la scène indé française ?

A l'époque de Pawn Shop le groupe a quinze ans d'existence.

Peu de groupes français peuvent se prévaloir de cette longévité*, surtout que 2017 et leur album à venir fait monter la barre à 22 ans et l'équivalent de 16 albums et projets collaboratifs formant un univers vaste, cohérent et non linéaire !!!

Cette longévité s'accompagne d'une foi en leur musique teintée de détermination et d'une philosophie épanouie face à la difficulté de mener une carrière dans un style de musique que beaucoup ne comprennent juste pas ou rejettent tout simplement.

Heureusement les fans, nombreux, de Zenzile sont là pour attester que ce n'est pas une vague niche marginale... Le dub est plus qu'un sous-genre de reggae, et encore, le terme de sous-genre est discutable... C'est aussi une technique, un état d'esprit, une approche de la musique qui ouvre les bras à d'autres styles... ne serait-ce que le punk, la jungle, le rock (steady) et réciproquement...

Nous avons la chance en France d'avoir vu, et pour certains vécu, l'explosion d'une scène dub riche et hybride... Émergeaient ainsi à peu près tous en même temps (1998-2000) le dub trip hop avec Ez3kiel, le dub electro d'High Tone, le roots dub d'Improvisators Dub, le dub noise de Lab°, et le dub rock de Zenzile, pour ne citer que ceux-ci...

Pourquoi donc parler de Pawn Shop plutôt que de Sound Patrol, Electric Soul ou de Totem ? Bonne question. Ce sont tous de très beaux disques, dirai-je, et les autres aussi. Peut-être parce que c'est le plus chanté ? Et qu'il peut être considéré comme une porte d'entrée idéale dans leur discographie - pour ceux qui en auraient besoin.

Pour la première fois, à l'époque, ils avaient décidé d'arrêter de tourner pour se concentrer sur la conception d'un disque et lever le pied face à l'intense routine de compo-studio-tournée-compo-studio-... L'album arrivait également à un moment charnière dans la vie d'une tribu comme Zenzile... 15 ans de mariage... Un appel au bilan qui correspondait aussi à la disparition du label qui avait sorti Living in Monochrome, un recueil de titres plus radical et riche en featurings (K-rol Gola, Jean Gomis, Tricky, Jamika, David Alderman, Paul Saint Hilaire)...

Cet album noir et blanc était plus complexe, ne serait-ce que dans sa transposition sur scène. Il est perçu et présenté par les principaux intéressés comme un pont, une passerelle entre certaines des influences communes au sein du groupe, et exploitant moins la veine des riddims old school, donc déroutant pour les fans hardcore.

Pawn Shop revenait à plus de sérénité et s'articulant pour la première fois plus précisément autour de Jamika, leur emblématique chanteuse-poétesse-réalisatrice qui depuis dix ans déjà faisait des apparitions régulières, franchissant une étape par rapport à leur série de 5+1.

L'album creuse également la bonne idée de la collaboration avec David Alderman de Warehouse (... 99 Project**), dont le phrasé post-punk met en lumière à perfection la puissante du moteur dub du groupe.

Il n'a jamais été question pour eux d'opposer dub et rock, comme le disait Matthieu Bablee (basse), et pour cause, leurs antécédents musicaux les montrent plus ou moins tous fricotant avec une musique plus bruyante (ce qui resterait à prouver), notamment au sein de Casbah Club***.

Ce Pawn Shop offre - à juste titre - une belle vitrine de babioles hybrides chargées d'histoires, cinq titres pour Jamika, trois pour David et deux instrumentaux purs. C'est surtout un disque qui bouleverse les étiquettes et refuse d'être gentiment rangé sur une quelconque étagère.

Cette manie de mettre les gens dans cases, une mauvaise habitude bien française, non ? Un avis partagé par nombre d'artistes dont Zenzile bien sûr, un état de fait que Mathieu résumait à l'époque en posant la question... Est-ce qu'ils vont prendre la tête à Damon Albarn quand il fait Gorillaz ? se réjouissant dans la foulée de ce que la perception du dub c'est de pouvoir faire ce qu'on veut avec de la musique...

Et ce titre donc, qui, même si cet album-ci est plus chanté que les autres, montre combien un message peut passer par de la musique instrumentale, ou une image, qui, en l'occurrence, pousse à s'insurger contre une époque qui poussait beaucoup trop de gens à mettre au clou des choses de valeurs... Jusqu'à certains de nos idéaux.

* oui d'accord j'exagère un peu mais quand même, quand on voit tous les projets avortés ** on y reviendra *** auquel appartenait aussi Jean-Christophe Wautier

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