09 jan. ~ Les Lignes droites ~
l Les Lignes droites l Les Humains l
L'histoire de ce disque est incroyable.
Et non, ceci n'est pas une accroche hook sink and liner mais bel et bien un exemple de détermination, de prise de risque et de talent pur jus.
Ma première écoute des Lignes droites est consécutive à une session en appartement organisée quelque part à Montreuil par un fan de musique rapprochée, d'origine allemande et au goût affirmé mais néanmoins sûr en matière de talents féminins, mais ceci est une autre histoire.
La rencontre avec la voix des Lignes droites se fait donc via quelques titres posés sur le nuage du son, suivie de quelques sessions d'open mic rue Amelot. Déjà des titres comme Drapeau rouge, Drapeau noir ou Le couloir s'imposent d'emblée comme prometteurs. La présence et l'aura de ce chanteur a de quoi captiver. Les textes aussi, très photographie du réel, de la vie, des sentiments.
Une scène montée dans la gare Montparnasse pour la Fête de la musique 2014 me fait découvrir la puissance du binôme réellement à la base d'un projet qui va bien au-delà d'un simple guitare/voix chanson parlée. Le duo guitare sèche/électrique pose ses compos sur un lit à essence plus bruitiste et déstructurée proprement renversant.
Les mois passent. Les deux garçons s'imposent comme étant d'une culture et d'une créativité débordante, à l'instar de leurs trois clips DIY inventifs, mais dont l'exploitation fut à mon goût trop expéditive, gâchant par un empressement naturel une matière première qui eût été propre à étendre plus encore leur popularité naissante. Il n'en reste pas moins que Pour que la nuit passe* et Pas d'autre réaction** sont de beaux objets visuels montrant de quoi ils sont capables.
C'eût été un épisode à ranger au rang des actes manqués de groupes immatures si le projet Les humains n'avait pas surgi.
Sur proposition de réaliser une simple mixtape de covers et de titres divers pour un collectif expert de la nouvelle scène de chanson française, le groupe, devenu entre temps un quintette, decide de partir de zéro et de proposer l'équivalent d'un album.
Instantanément, un certain penchant naturel m'incite à brandir un vieil adage qui voudrait que Moins on a de confiture plus on l'étale... ou au pire si on en a assez (de confiture) mieux vaut l'étaler quand même... bref, ma première réaction fut plutôt Mais vous êtes fous de proposer un truc 100% original quand on vous demande juste des reprises et quelques titres pour enrober le tout !!!
Surtout à l'heure où l'écosystème de l'industrie du disque et la persistance rétinienne dans la presse expose les groupes à la noyade dans les trois semaines si le lancement de leur disque passe inaperçu.
Six mois plus tard, dont une tournée autogérée de huit dates au Japon, je me retrouve avec un lien d'écoute de pré-versions. Téléchargement. Transfert sur mon lecteur portable multimédia que je ne nommerai pas. Direction les transports en commun.
Play.
Bam !
Le premier titre introductif La Machine pose le décor et sert de rampe de lancement au titre éponyme Les Humains, qui n'est pas sans rappeler la première écoute de Remué de Dominique A. Il y a pire comme entrée en matière. Re-Bam ! Les deux titres suivants creusent le sillon, avec une mention spéciale pour Apocalypse qui donne des frissons tant cette chanson n'aurait pas fait défaut sur un album d'Alain Bashung.
Oubliées les craintes préalables. L'album déroule avec une aisance déconcertante. à cheval sur la face A et la face B, des titres qui renvoient à la première époque du groupe avant de lâcher la bride avec Masse et énergie, tirer sur le frein à main avec Champs de Higgs et finir sur un slight return des Humains.
Les Lignes droites, pas parallèles ni perpendiculaires, juste droites, comme une affirmation d'une volonté certaine et d'un caractère déterminé.