12 jan. ~ Love and Revenge ~
l Rayess Bek & La Mirza l Love and Revenge l
Le cheminement qui mène à la découverte d'un genre musical m'a toujours fasciné. Enfant de la radio FM, j'ai toujours vénéré ce grand frère que je n'avais pas et qui m'a fait découvrir une tonne d'artistes d'influences musicales différentes de ce que mon paternel écoutait.
En l'occurence, merci à Couleur 3 qui m'a donné cette furieuse envie de faire de la radio mais surtout d'explorer la musique hors des sentiers battus, comme ce titre Mouammar du trio bâlois Touch el-Arab, sorti en 1987 initialement en face B, mais que les programmateurs de l'époque avait eu l'intelligence de mettre en avant pour son modernisme et une certaine dose d'humour.
La première écoute de ce bel ouvrage qu'est Love and Revenge m'aura en quelque sorte renvoyé à cette première impertinence suisse. Ici, Randa Mirza (aka La Mirza) et Wael Koudaih (aka Rayess Bek) proposent une rêverie, un voyage qui fait se rencontrer modernité et tradition, musique et video.
Conçu, nous dit-on, en une dizaine de jours en résidence à la Dynamo de Banlieues Bleues, monté comme une performance, le projet se démarque du simple ciné-concert par l'intervention et la manipulation en temps réel d'images tirées de cinquante ans de filmographie arabe, commençant dans les années 1940, avec notamment la sublime Tahiya Kariokka. L'artiste d'origine libanaise La Mirza est à la tour de contrôle du versant visuel.
Au niveau de la construction musicale, la musique populaire est revisitée, remixée mais jamais broyée. Les voix de référence d'Asmahan et Sabah mais aussi de cheikh Imam, Khadim el Saher, Najat El Saghira, Warda, Wadad, Naima Akef, ... viennent habiter les compositions électroniques imaginées par Wael aux machines, à qui Julien Perraudeau prête un renfort de basse et de claviers et Mehdi Haddab son oud. Ce dernier est à proprement parler le Jimi Hendrix du oud qu'il utilise comme personne, que ce soit entre autres dans Speed Caravan ou à l'époque d'Ekova.
Toujours un plaisir donc de suivre et découvrir chaque nouveau projet de ce rapper, slamer et beatmaker franco-libanais qu'est Rayess Bek, qui donne du coup également envie de se repencher sur le projet de prime abord loufoque Enrico Experience, sorti au tournant de l'an 2000 et qui voyait Bill Laswell, Concorde Music Club, Qaballah Steppers, Mike Ladd, Freddy Jay et d'autres remixer une partie du répertoire d'Enrico Macias.
Bon voyage.