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05 jan. ~ GaBlé ~


l GaBlé l JoLLy TRouBle l

Chaque nouvel album de Gablé est une ration de plaisir intense, un gâteau, du genre pièce montée musicale dont on ne se délecte rien qu'à y chercher les petits détails, une somme de petites gourmandises.

Je pourrais feindre de ne pas comprendre pourquoi leur musique n'est pas plus populaire que ça. D'un autre côté, nombre de groupes seraient déjà ravis d'avoir une telle réputation même si j'entends encore souvent des arguments du style trop simpliste et pas assez grand public. La bonne blague.

La musique doit rester un plaisir mais parfois le plaisir peut résider dans cette petite nécessité perverse de pousser les gens à éplucher, décortiquer,... ou tout simplement à écouter les chansons et ne pas juste les ingurgiter passivement. La musique ne devrait pas se résumer à une visite au fast food du coin, que ce soit une radio, une plate-forme musicale, et autre chaîne de TV. Il est tellement facile de juger sans chercher à gratter sous le vernis.

À la première écoute d’un album de Gablé on pourra(it) s’arrêter donc à leur savoureux style foutraque mais personnellement j'ai toujours eu plaisir à les voir comme les cousins français de Ween. Ils ont cette même aisance dans la composition pop, avec une puissance de composition beaucoup plus rock qu'ils mélangent sans vergogne avec des rythmiques electropop pour un résultat multicouches.

Derrière la technique - parce que leur musique est technique ne vous y trompez pas -, comment rester indifférent à tout l'aspect ludique de ces lutins normands qui convoquent l'enfant qui sommeille en chacun de nous.

Le talent du trio de dreamers sans batteur est déflagrateur. Écoutez pour voir les titres allant de SK Hippie jusqu’à Rocking Skeleton sur seminéoproantiantiantifolk. Leur savoir-faire réside à n’en pas douter dans ces structures aux allures de frêles échafaudages de bambous qui laissent craindre le pire, mais qui démontrent une ingéniosité et une flexibilité à tout épreuve, et qui surtout survit au passage sur scène.

Avec JoLLY TRouBle, la naïveté tranchante de l’enfant est comme à l'accoutumée associée à des histoires rocambolesques. Magic Gift vous décrit un tour de magie de cartes comme les pratiquent les Garcimore en herbe… en demandant d’en choisir une autre. Dans la même catégorie, Tropicool. Les trois petites canailles agitent l’homérique idée de se baigner dans un étang rempli de requins en habit de poulet, résultant en une sorte de gloubiboulga sonore assaisonné de chants et contrechants rehaussés d’une flûte mutine, avec en toile de fond cette énorme rythmique déambulatoire si caractéristique de Gablé. How long renvoie autant à la guitare pop caraïbéenne empruntée par tant de groupes anglo-saxons depuis quelques années, qu’ils soient d’Oxford ou de New York, qu’à la déviance punk voire métal de chevelus moustachus et/ou tatoués. Les textes restent eux saperlipopettement ancrés dans le cartoonesque.

Cette rafraîchissante salade de vas-y-que-je-te-vide-le-frigo fonctionne à plein pour tout auditeur un tant soit peu attentif mais surtout curieux voire gourmand de mélanges et de références maniées à la baguette. J'ai toujours trouvé qu'ils évitaient avec une facilité déconcertante la maladresse du surjoué et de la copie carbone. Il y a fort à parier que les apparences restent trompeuses. Ne dit-on pas que le plus difficile est de faire croire que ça ne l'est pas ?

L'écoute de leurs disques me fait systématiquement l'effet de monter à bord d'un rollercoaster digne d’un train fantôme façon South Park. Déjà à l’époque de seminéoproantiantiantifolk, ils enchaînaient (ou presque) leurs 22 titres, certains de 25 secondes, des autres n’atteignant même pas les 2 minutes 30, cultivant ainsi un format de composition qui sait ne pas se perdre dans d’inutiles circonvolutions. Comme me l'expliquait un jour dans une interview Robert Pollard, 'lorsqu'une chanson a dit ce qu’elle avait à dire pourquoi la faire durer plus que nécessaire' ?

Voilà une forme de respect de l’auditeur face à la tentation du formatage/remplissage de 3’30 qui laisse une prime à la spontanéité rafraîchissante.

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