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01 jan. ~ Diabologum ~


l Diabologum l #3 l

365 jours ouvrables, le clin d'oeil de circonstances pour ce french-o-rama et quel autre choix pour ouvrir cet éphéméride sur tout un pan de la scène française telle que je l'ai connue, découverte et suivie jusqu'à ce jour ?

Diabologum fut et reste un groupe marquant pour toute une génération de fans de rock à guitares et de textes affûtés et porteur de sens, sans verser dans la caricature du rock dit engagé. Les critiques eurent tôt fait de parler d'album culte*...

...en 2015, à l'occasion de sa réédition près de vingt ans après la mort du groupe !!!

L'Effet Nirvana, de cette tendance qu'ont des dizaines de professionnels de la profession en mal d'authenticité à clamer avoir été présents au concert des petits gars de Seattle aux Transmusicales en 1991, mais ceci est une autre histoire...

Ce troisième album made in Toulouse** marque à l'époque une mue sévère d'un projet érudit auto-proclamés infristes/situationnistes, dont les deux premiers albums laissaient déjà espérer le meilleur à coup de guitares saturées, de textes chargés de références à l'art.

Il n'en reste pas moins que ce dièse trois est encore aujourd'hui considéré un disque de référence, puisqu'il est la pierre angulaire d'une nouvelle grammaire musicale, celle d'un rock en français scandé, flirtant parfois avec le chanté.

Les deux LP précédents - publiés déjà par l'aujourd'hui défunt label Lithium - C'était un lundi après-midi semblable aux autres et Le Goût du jour participaient de l'émergence et de l'affirmation d'une certaine scène française, comprendre des groupes à la hauteur musicalement de leurs références anglo-saxonnes mais sachant en termes de texte s'affranchir d'ombrageux pairs et aînés de l'intouchable chanson française, tels que les Brel, Ferré, Gainsbourg, ...

Nombre d'artistes français de cette nouvelle génération continuaient à contourner l'obstacle, avec talent, en choisissant l'anglais, mais il fallait une audace et une force de caractère qui ne pouvait, dans le cas de Diabologum, que forcer le respect, tant les textes de Michel Cloup et Arnaud Michniak, s'inscrivait dans une logique bien différente de leurs contemporains.

Ah ! le rock (en) français et les textes ! pour ceux qui s'y intéressent... ces petits trucs saupoudrés de-ci de-là qui font la différence avec la musique instrumentale et que l'on critique si souvent quand ils sont dans la langue de Molière et que l'on comprend si rarement quand ils sont dans celle de Shakespeare...).

Je me souviens de l'effet produit par les premières notes entendues au sortir d'un été que j'avais, comme beaucoup, passé à écouter et diffuser à nos auditeurs plusieurs titres d'albums tels qu'Odelay de Beck, Tidal de Fiona Apple ou encore Songs for a Blue Guitar de Red House Painters, Tigermilk de Belle and Sebastian ou Beautiful Freak de EELS.

Alors que je me remettais tout juste du choc du printemps et d'ovnis tels qu'After Murder Park de The Auteurs, Arise Therefore de Palace et Nearly God de Tricky et la rentrée n'offrait guère de répis avec What Would the Community Think de Cat Power, Fashion Nugget de Cake, l'éponyme Fountains of Wayne et Trailer Park de Beth Orton.

Et voici donc que débarquait ce disque noir, au propre comme au figuré, sobrement marqué d'un #3 et d'une ligne blanche. De la neige en été attaquait bille en tête avec cet épitaphe 'Quand j'ai ouvert les yeux, le monde avait changé'. Je me souviens des frissons ressentis. Les titres suivants enfonçaient le clou, à commencer par Il faut et cet éloge funèbre 'on dit que l'art est mort / mais s'il ne l'est pas encore / il faut le tuer / les choses seront plus claires / on saura mieux à qui on a affaire'.

Pour la première fois, de ma jeune expérience de programmateur radio, je ressentais et comprenais le subtil équilibre d'une construction du tracklisting d'un album qui veut qu'un auditeur attentif et scrupuleux laisse une chance à l'artiste de le convaincre... en acceptant de souffrir l'espace de deux titres supplémentaires avant de décider d'en écouter plus ou de le ranger dans la pile des disques oubliés.

De fait, j'achevais d'être conquis avec A découvrir absolument, satyre à sa façon d'une société de spectacle transformée en chronique de la vie ordinaire, à moins que ce ne soit le contraire. En guise de coup de grâce, La maman et la putain et ce monologue de Veronika (Françoise Lebrun) tiré du film du même nom de Jean Eustache (1973) vient parfaire une précédente expérimentation sur Sticky Hair-Pin (Sailor & Lula de David Lynch), sous forme de pièce cinématographique noisy.

Et donc, ce titre 365 jours ouvrables, chronique d'une génération blanche : 'il n'y a rien à gagner ici'.

* culte : cynique adjectif masculin abusivement utilisé pour tenter d'excuser de ne pas avoir pu ou su écouter le disque ou l'artiste de son vivant.

** bien que le groupe soit considéré comme toulousain, l'album #3 a lui été enregistré au studio Black Box, à Angers.

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