13 nov. ~ Rien Virgule ~
l Rien Virgule l Trente jours à Grande échelle l
Entre le visible et l'invisible, entre l'audible et l'inaudible, aux frontières du son, de la musique et des objets sonores identifiés ou pas, il y a Rien Virgule. Point d'exclamation.
L'univers sonore du quatuor baroque post-moderne est tout à la fois métallique, synthétique et organique, gorgé de cette lumière noire qui révèle les couleurs d'une autre manière.
C'est un véritable voyage fantasmagorique cérébral, une transe gothique, qu'Anne Careil donne à entendre à base d'incantations en italien sur des forêts de synthétiseurs et sonorités sépulcrales.
La conception qu'elle et... Manuel Duval (synthés et samples), Mathias Pontevia (batterie percussive) et Jean-Marc Reilla (dispositifs électroacoustiques) ont de la musique appartient à un autre univers, voire à plusieurs d'entre eux, des univers pas tous parallèles comme la formule voudrait qu'on le dise.
Au-delà des textes, les univers que Rien Virgule fait s'entrechoquer sont courbes, elliptiques, sinusoïdaux... anticonformistes... avec une recherche du son qui amène notamment Mathias Pontevia à utiliser sa batterie à l'horizontale, comme le veut l'expression, pour signifier que grosse caisse et tambours sont placés à plat et qu'il les frotte, frappe, parfois directement avec les micros... le reste de leur instrumentarium pourrait être considéré comme classique s'ils ne s'en servaient pas pour développer des architectures bruitistes aux sonorités détournées qui évoqueront la musique tribale autant que les recherches liées à la musique concrète.
Moins improvisée et plus structurée, leur musique reste d'une liberté et d'une finesse qu'il n'est pas toujours donné d'appréhender, c'est donc l'esprit serein et l'oreille aux aguets que ce disque s'apprécie.
Au final, plus qu'un long discours sur la méthode ou d'inutiles ronds de jambes, le mieux reste l'écoute de ce Trente jours à Grande échelle qui fait l'effet d'un Jackson Pollock s'attaquant à la Nuit étoilée de Van Gogh, ou d'un David Lynch revisitant Murnau.
On ne peut pas tout entendre mais on commencer par peut écouter. Et réécouter, pour en entendre plus et mieux en comprendre la richesse des couches de cet objet musical non identifié édité par les soins cumulés de La République Des Granges, Les Potagers Natures, Permafrost, micr0lab, Animal Biscuit, Do It Youssef !, Attila Tralala et Phase! Records.