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28 août ~ Ali Danel


l Ali Danel l L'écume des nuits l

Décider de se laisser surprendre et arriver à être effectivement surpris, voilà deux des plus grands plaisirs à l'écoute d'un disque, d'autant plus quand l'approche de l'artiste est aussi sincère que dénuée d'arrière-pensées ou de calculs liés à quelque courant musical qu'il soit.

La magie de ce que donne à écouter et entendre Ali Danel réside dans le fait qu'il est aussi le premier à se laisser surprendre et à absorber, au risque d'exagérer un peu, tout ce qui lui tombe entre les oreilles pour en livrer un mélange à la fois moderne et classique, entre chanson, sixties américaines, yé-yé, et bossanova... qui explique l'engouement journalistique à citer les débuts du label Saravah et la curiosité de feu son père fondateur Pierre Barouh.

Par contre, celui qui cite de son plein gré Joe Dassin, Johnny Cash, Katerine, Gainsbourg et Francis Bebey parle plutôt d'une auto-éducation musicale relativement tardive et d'énormément de choses qu'il semble curieux et impatient d'appréhender et d'ingurgiter pour nourrir une créativité débordante.

Je suis né dans les années 90', la mondialisation culturelle avait déjà fait son chemin. Les tubes tels que la Lambada, ça a toujours existé dans mes soirées dansantes, dès mon plus jeune âge.

Joe Dassin c'est l'enfance (...) Johnny Cash c'est mon adolescence folk et rock'n'roll, Philippe Katerine m'a inspiré avec ses premiers albums, surtout Mes mauvaises Fréquentations qui m'a justement amené à écouter et adhérer aux débuts de Gainsbourg. Là j'étais presque adulte.

Et Francis Bebey, c'est une découverte de 2015, au détour d'un disquaire nantais avec mon grand frère... Je n'en suis pas sorti indemne dans mon approche de la musique, ce fut une vraie révélation !

Cependant, la richesse de l'empreinte musicale, que le jeune auteur-compositeur s'apprête à laisser, va bien au-delà, puisque certains titres intègrent habilement d'autres influences plus caribéennes et africaines, avec une fraîcheur et une curiosité désarmantes.

Chanté ou parlé, à la guitare, avec ou sans une flûte pour la touche exotique, des échos ici ou là renvoyant au couple Areski/Fontaine, à Françoise Hardy, il construit un registre éclectique comme d'autres dispersent les aigrettes aux quatre vents... sans parler de l'instrumental Sanza Bonheur, dédié à l'auteur de La Condition féminine, qui sonnerait presque comme une version de House of the Rising Sun enregistrée dans la jungle.

Mais le plus révélateur sur ce qui l'anime est illustré par cette petite anecdote qu'il nous livre...

À 10 ans, je suis parti en Corse en famille. Durant la traversée en ferry, nous avons eu droit à un concert, et le groupe a repris Chan Chan de Buena Vista Social Club. Ça a été un choc pour moi, c'était très envoûtant.

Je n'avais hélas pas pris de guitare avec moi, la suite d'accords m'a hanté pendant tout le voyage. De retour dans ma Picardie natale, la première chose que j'ai faite a été de retrouver à l'oreille les quatre accords sur la guitare classique que j'avais alors.

Douze ans plus tard, j'ai écrit le refrain de ma chanson L'Écume des nuits sur ces quatre accords avec une nonchalance que Katerine et Gainsbourg m'ont inspirée depuis...

De fait, à l'heure où sort sa mixtape concoctée pour La Souterraine, c'est avec plaisir que l'on retrouve des titres de l'EP L'écume des nuits publiés sur le label picardo-havrais Major Sinus... dont son obsessionnelle Petite fourmi qui le suit depuis le bien nommé Wouw ! Car, effectivement, à une lettre près, Wow ! est l'exclamation qui s'impose dès les premières notes de ce deux-titres, avec Cheveux malices, aux accents rockab' et crooner d'époque, façon Memphis.

Le concept de mixtape me permet de canaliser ma créativité, dit-il.

J'ai bossé jusque là avec le label de mon frère, Major Asinus, qui m'a suggéré de me tourner vers La Souterraine. On a donc envoyé des mails et j'ai eu le plaisir de découvrir des artistes francophones qui me parlent, ce qui ne court pas les rues ! Ensuite, mon projet s'est structuré avec différents partenaires dont La Souterraine, l'agence de presse I See colors, l'association havraise Papa's Production qui me soutient efficacement et m'a fait rencontrer mon booker Lionel de Never Mind Booking...

Une effervescence à laquelle sa discographie actuelle ne rend pas hommage mais il ne devrait pas trop falloir attendre au regard de sa manière de travailler, décomplexée, libérée et ludique - de toute évidence !... car comment expliquer autrement ce côté taquin à narguer l'auditeur avec sa prononciation à répétition de Guadalaraja... ou son duo avec l'ex-Suprêmes Dindes, Cécile Jarsaillon.

J'ai déjà plein d'autres titres déjà produits, dans des registres musicaux différents, avoue-t-il.

Je m'amuse, j'expérimente, et je collabore avec qui me chante. Souvent, je compose en produisant, c'est à dire j'enregistre sans savoir ce que ça va donner (...) c'est le cas de plusieurs chansons comme L'Écume des nuits, À peine défigurée,...

Pour le premier titre, j'ai commencé la compo et sa production avant d'avoir le texte, et pour le second, j'ai lu le poème de Paul Éluard et ça m'a inspiré un riff de basse, et tout le reste a suivi. En tout juste une heure, le poème était adapté et mixé.

De mixer à shaker, il n'y a qu'un pas, qui continue et achève de présenter tout ce qu'il lui reste à proposer...

...Quels que soient les genres musicaux que j'aurai envie de mettre dans mon shaker, c'est ma personnalité et ma spontanéité. Alors si tu me trouves crooner, ça ne devrait pas changer sur mes prochaines sorties ;)

Pouvait-on en douter.

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