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23 juil. ~ Howlin' Jaws ~


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Déjà cinq années d'une histoire de groupe et d'une musique (ré)écrite sur les chapeaux de roues pour les Howlin' Jaws.

Cinq ans et déjà un album, trois 45 tours et des dates en pagaille, pour Djivan (chant/slap), Baptiste (batterie) et Lucas (guitare) qui se sont lancés à bras raccourcis dans l'aventure...

En fait on s'est rencontrés au lycée, raconte Djivan. À la base, on faisait des trucs un peu plus punk, plus vénères. On était quatre... puis on a décidé de partir dans un truc plus rockab', rock'n'roll, contrebasse, etc. Ça, c'était y a cinq ans ouais !

Et Lucas de préciser,… ça fait cinq ans que le groupe existe vraiment, mais ça fait seulement depuis septembre qu'on est à fond tous les trois dedans, que c'est notre activité unique... Ça a commencé il y a cinq ans avec la même formation, mais ça doit faire deux trois ans qu'on tourne vraiment.

Le choix et un passage à une musique plus référencée, à contre-courant des modes, qui s'est fait, somme toute, naturellement comme l'évoque Baptiste...

Même si on était jeunes et qu'on faisait du punk et que c'était pour s'amuser à la base, parmi les groupes de nos âges, on considérait qu'on n'était pas parmi les mauvais. On répétait pas mal, on essayait de répéter régulièrement, de faire des concerts (...) et, en fait, à force de jouer, t'écoutes de la musique, tu joues, tu veux jouer d'autres choses, tu veux évoluer... T'as toujours besoin d'évoluer en tant que musicien.

… Djivan ne dit pas autre chose.

Ouais, on écoutait du punk, on aimait l'énergie, le truc qui défonce, l'énergie du rock'n'roll... et en fait en écoutant des trucs de plus en plus vieux, des trucs qu'on découverts au fur et à mesure, on a fait le choix un peu inverse.

On s'est rendu compte que dans les années 50 il y avait des mecs qui envoyaient du steak de malade et que ce n'était pas forcément le fait de jouer fort ou de jouer vite qui voulait dire jouer de manière sauvage ou énergique... bref, on a trouvé un peu notre délire là-dedans.

Après j'ai envie de dire... c'est pas... on s'est réveillé un jour... Ah ! Tiens ! On va faire un groupe de rockab'... et on a tout changé ! C'est un truc qui s'est fait progressivement et le punk est resté, ajoute Baptiste.

Et Lucas de conclure... le punk est bien resté, oui ! On est juste des punks avec des cheveux gominés.

Et effectivement, l'état d'esprit punk est bien là. Entre Djivan qui martèle sa mère-grand, Baptiste qui peut finir debout sur sa batterie ou filer des coups dedans, et Lucas qui alterne les riffs assassins et les couplets surf ou rythm'n'blues... Leur ligne de conduite pourrait en définitive se résumer à ne pas en avoir, une histoire de passerelles entre musiques comme on les aime.

On a vraiment des influences hyper variées, tous les styles que tu as cités, on les écoute à fond... disent les Howlin' Jaw, revendiquant d'une voix le mélange des genres.

...Djivan précise pour sa part que le groupe n'a pas vocation à faire une musique de musée.

On a plein de potes qui font du rockab' fifties comme ils le faisaient dans les fifties ou qui font du sixties comme ils le faisaient dans les sixties. Nous, on essaie de mélanger un peu tout ce qu'on aime et de faire un truc qui nous parle. Donc au niveau du style (…) il y a du surf, du rythm'n'blues, du rockab', du punk, parce que c'est notre univers. C'est tous ces trucs-là qu'on écoute.

Ce métissage pourrait faire hurler les esthètes du genre, mais le trio produit de fait un mélange agréablement détonant qui évite le piège de rester le cul entre deux chaises. Le résultat est une patte musicale particulière qui parle potentiellement à un public large dès lors que les gens ont envie de passer un aussi bon moment qu'eux, en live notamment... Ce sentiment est d'autant plus prégnant sur scène puisque, en observant Djivan, Lucas et Baptiste brûler les planches, il en ressort un sentiment que chacun joue dans son coin, empruntant chacun à un genre différent, parfois dans le déroulement même d'un titre, une partition potentiellement différente d'une chanson à l'autre, tout en livrant un set globalement homogène. Un vrai régal à l'écoute, au-delà de l'ambiance festive et de la banane sur le visage du public.

Clairement, quand on compose, on ne se pose pas de limites du genre on va faire une chanson qui va être du psycho donc il faut que telle partie soit comme ça ou comme ça, explique Lucas. Je pense que finalement ce que tu décris, c'est peut-être le fait que, notre style, c'est la somme des manières de chacun de jouer...

On s'est toujours concertés sur ce qu'on fait, qui, quoi, même les paroles, on les fait à plusieurs, nuance Baptiste.

Le groupe réussit du coup à obéir aux ambiances rockab' tout en les baignant d'influences qui explosent les limites potentielles du simple trio batterie, guitare, contre-basse, donnant l'impression d'en tirer plus de liberté que de contraintes.

C'est un défi intéressant à relever d'être trois, acquiesce Lucas. On ne va pas avoir une section cuivres qui va débarquer d'un coup. Et Baptiste d'ajouter... Puis, le fait de composer à trois, tu ne peux pas imposer des choses… Il faut toujours jouer avec les sensibilités des autres. Faut beaucoup de recul sur les décisions que tu aimerais prendre et les mélodies que tu voudrais faire… Ça a ses avantages, ses inconvénients, mais globalement on est plutôt contents du résultat.

Ce mélange et ces hybridations sont évidentes sur scène. Discographiquement, il suffit d'écouter un premier disque, très fifties dans l'esprit, qui est arrivé assez rapidement après la création du groupe, et d'enchaîner avec les trois 45trs qui ont suivi, chacun explorant subtilement des variations de style.

Le premier album est arrivé vachement vite ouais !! acquiesce Djivan. On venait de sortir de notre période punk. Ça sonne vachement néo-rockab', un peu psycho parfois... C'était un peu ce qu'on jouait à l'époque en fait !

Y avait cette volonté de coller à l'esthétique, abonde Baptiste. On essayait, on avait moins l'habitude de jouer cette musique.

Je pense que nous on était persuadés de faire du rockab' quand on a sorti cet album... mais c'en est pas du tout et c'est très bien comme ça, ajoute Lucas au sujet de ce disque éponyme, composé uniquement de titres originaux, à l'exception de deux reprises.

Mais la réalisation de ce premier disque est aussi le point de départ d'une autre histoire, la rencontre avec Mr Jull.

Mr Jul, c'était un peu notre ambassadeur, parrain, grand frère, avec Tony Marlow aussi... Il nous a enregistrés, et en fait c'est devenu un super ami... racontent-ils en choeur et avec enthousiasme.

C'était un de nos premiers contacts de ce milieu-là, le milieu 50, 60. Il était guitariste dans Ghost highway, un groupe de rockab' en France qui a beaucoup marché et bousculé beaucoup de codes, parce que eux ils étaient acceptés comme un groupe de rockab' mais ils amenaient des accents country... et là, il a monté un trio country, hillbilly primitif, on va dire... Cactus Candies.

C'est lui qui a enregistré notre premier album. C'est lui qui nous a fait rencontrer certaines personnes. C'est lui qui nous emmenait en concert quand on avait pas le permis. On avait quinze, seize ans en 2012, ajoute Baptiste.

Djivan ajoute... On a enregistré avec lui dans un studio avec des trucs à lampes, à bandes, des micros à ruban. On a vraiment voulu se faire un truc à l'ancienne, en live, sur bande avec le son mixé directement sur la table...

Ça nous a appris aussi à jouer en studio, rajoute Baptiste. La batterie, y avait un micro ! T'as pas le droit à l'erreur, tu peux pas baisser un petit peu ça ou ça. Ça va sonner comme tu joues... le fait de jouer en live, de ne pas pouvoir refaire la prise... Faut qu'elle soit bonne, faut que personne ne se trompe.

...sachant que c'était pas un choix de principe mais de goût, conclue Lucas. On aime bien le son des chansons de cette époque. C'est pas pour le principe de pas faire de re-re, c'est que ça donne un son de ouf. Recréer ça, ça a vraiment été une expérience complète.

Tous sourient à l'évocation de ces chutes de studios qui viennent grossir certaines rééditions de disques... take one, take, two...

take on recommence demain parce que là... take j'ai plus de voix, take take une merde, éclatent-ils de rire.

Bref, une belle aventure, qui les a déjà amenés hors de France, jusqu'au Japon, et dont on a hâte de voir arriver les prochains épisodes... à commencer certainement par un nouvel EP, peut-être plus long d'un simple 45trs mais pas avant début 2018. En attendant, l'option prise de sortir une série de 45trs, toute frustrante qu'elle puisse être pour certains, a tout de même un certain nombre d'avantages.

Pour le coup des trois 45trs, l'idée c'était de faire un triptyque, de les sortir successivement à quelques mois d'intervalle, détaille Lucas... pour avoir trois 45trs un peu différents, pour tenir les gens en haleine... On a quasiment tout vendu, on a sorti le 3e il y a six mois,

Ce que Djivan résume ainsi... Ils ont tous une couleur un peu différente, même s'ils sont tous un peu dans le même style. Y en un qui est plus rockab', le premier, le deuxième est plus un peu surf, sixties, rythm'n'blues, un peu, et le troisième qui est un petit peu plus genre gros blues, un peu gras, bien vénère et c'etait un peu l'idée nous quand on les a enregistrés, d'avoir… de faire un petit peu les trucs qui nous plaisent, pour essayer de définir un peu la musique qu'on aime jouer, sans qu'on soit axés sur un truc... et puis comme on a beaucoup tourné et qu'on les a sorti de manière assez espacée...

Oui, c'est pas... Voilà le nouveau truc, il faut oublier ce qu'il y avait avant... C'est des trucs qui ont été pensés quasiment en même temps, qui ont été enregistrés à très peu de temps d'intervalle, ajoute Baptiste.

... Et puis à l'époque, on était encore étudiants, on ne se payait pas encore avec l'argent qu'on gagnait en groupe... ça nous permettait de nous autoproduire. En fait, l'autoproduction d'un 45trs, on trouvait ça vachement plus logique dans ce qu'on faisait... même nous, par rapport à notre façon de consommer la musique... quand on va dans des concerts, qu'on aime bien le groupe, on achète le 45, le single, ou parfois le 33 ou le maxi, mais c'est plus rare.

Toujours à compléter ou expliquer leurs pensées entre eux ou finir les phrases des uns des autres, cette fois-ci c'est Lucas qui apporte des détails dévoilant une autre logique au fait de sortir des 45trs...

Ça a été une carte de visite auprès de DJs aussi. On a déjà entendu des soirée où le 45trs passait, c'est assez pratique dans ce genre de milieu. C'est le format par excellence des DJs... et Djivan d'apporter une touche plus historique, rappelant que dans les années cinquante, les fans de musique achetaient plus facilement deux titres, forcément moins cher par rapport à un album entier - un des arguments de vente de lorsque RCA lance le 45trs pour contrer Columbia et son 33trs, un épisode de l'industrie du disque très bien raconté dans le documentaire Soundbreaking.

La tête sur les épaules, le rythme dans la peau, et une furieuse envie de jouer et de défendre le son de leurs trois mâchoires hurlantes partout où l'on veut bien d'eux. Voilà un beau plan de carrière.

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