22 avr. ~ Bosco, de plaisir et de Frustration ~ Ep.3/3
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La scène française est comme d’habitude. Il y a à boire et à manger avec des genres qui se détachent...
le garage/synth punk déglingo, l’electro-pop-varièt et la pop psyché bien léchée. Heureusement dans tout ce bordel, il y a de vrais musiciens très talentueux, lâchent les deux timoniers au long court de l'electro rock dancefloor de Bosco.
Un enregistrement avec Volt était la première expérience de Stéphane Bodin, et François Marché, en 2002 (?!), tant que producteurs. Ce fut une réussite pour ce qui est du résultat, tout comme ce résultat reste représentatif des raisons pour lesquelles des artistes les contactent aujourd'hui... C'est en général leur capacité à effectuer un croisement entre rock et électro qui est recherchée... eux qui se sentent aussi à l'aise avec les registres des Stones, des Beatles, des Sparks, de DEVO, ou des B52's.
On a toujours refusé de choisir entre les deux camps, assènent-ils.
Si parfois les gens fantasment leur musique et manquent de recul sur l'univers qu'ils projettent, les Bosco ont pour leur part une belle culture musicale, comme le confirme Fabrice, chanteur du groupe post-punk Frustration. C'est une fois de plus une belle proximité et une connaissance du genre qui les a amenés à travailler sur le groupe de rock déviant emblématique du label Born Bad.
Les deux capitaines du navire placent cette expérience à part du fait du travail en continuité sur les 3 albums.
Une histoire sur la durée donc mais aussi un challenge de taille pour un groupe réputé pour son énergie scénique.
Le challenge avec Frustration, expliquent-ils. C'est qu'on doit sentir que le groupe a joué en live quand ça a été enregistré, mais que ça reste un disque de studio, et pas un concert enregistré.
Il y a un équilibre a trouver.
Pour le travail sur Frustration, Stéphane et François n'interviennent pas de façon conventionnelle sur la matière première du quintette, c'eût été trop facile.
Avec Frustration, on ne participe pas au enregistrements, on fait juste le mixage. On récupère les ingrédients issus des sessions de recording et on cuisine tout ça.
Le groupe a beaucoup progressé dans son jeu. Le travail du studio One Two Pass It qui a fait l'enregistrement est tip top. Ça évite de perdre du temps dans les retouches techniques et de garder tout le temps dispo pour des artistiques.
Même s'il peut sembler paradoxal de travailler sur un disque sans participer aux sessions d'enregistrement, c'est en fait assez proche de la logique de sampling et d'electro que les Bosco affectionnent.
Une intervention a posteriori qui convient très bien au rythme de Stéphane et François.
On préfère avoir un seul interlocuteur quand on travaille avec un groupe. Dans ce cas précis, c'est Nicus le guitariste qui fait le lien entre le groupe et le studio. Généralement, on tâtonne sur un titre pour trouver la bonne direction, avec plusieurs allers-retours sur des mixes en cours, une fois qu'on a la direction, la couleur, on enquille les titres.
Ils nous ont sauvé la mise plusieurs fois, confessait Fabrice au micro des radios de la Ferarock lors du Printemps de Bourges.
Même si on passe notre temps à se chambrer sur nos looks, ce sont les seuls à avoir capté l'essence de Frustration, ajoutait-il, en citant l'exemple de l'EP de remixes de Dying City.
Pour Empires of Shame, le groupe a laissé dormir les prises pendant quatre mois, avant de décider de refaire les voix, expliquait aussi Fabrice.
Pour les Bosco, le bonheur c'est beau comme une belle chanson bien ficelée.
On a enregistré et mixé le deuxième maxi du groupe en 2006 dans les anciens studios EMI à Courbevoie. On a ensuite mixé leur 3 albums 2008, 2012, 2016 sans participer aux enregistrements. Au fil du temps, ils ont tous progressé (surtout Mark le batteur) ce qui a facilité le mix. Sur le premier album, nous avons passé énormément de temps à recaler la batterie, ce fut un sacré challenge.
Chaque fois qu'un mix est validé. Ça valide le travail fait et c'est excitant de partir sur un nouveau morceau.
Avec le dernier album de Frustration, on est en tout cas loin de She's So Tired (Relax) qui leur valait les plus laudateurs comparatifs avec le monstre de fausse joie mancunienne. L'album est résolument plus punk que post ou new wave, mais presque goth à merci par instants.
Ces moments de silence - faut le dire vite, ces moments sans chant, plutôt - ne peuvent que faire les affaires des deux Bosco. Il en ressort une marque de fabrique par superposition qui fait le succès des Parisiens et de leur danse transe punk. Les titres ont pris au fil du temps du corps pour jouer quasi systématiquement dans les 3 minutes 30, laissant largement de la place aux musiciens pour s'exprimer autrement qu'en mode rouleau compresseur - quoique - mais n'est-ce pas ce qu'on vient y chercher finalement ? une petite mort par Frustration.