top of page

26 fév. ~ Slow Joe & the Ginger Accident ~


l Slow Joe & the Ginger Accident l Let Me Be Gone l

..., bagarre, torture, vengeance, monstres, poursuites, évasions, grand amour, miracles.

Ces promesses faites par Peter Falk au jeune Fred Savage dans le film culte Princess Bride, sont aussi parfois le cruel apanage d'une carrière musicale.

Lutter pour émerger, survivre, entre sirènes diverses et méduses persiflantes. S'arracher aux mauvais jours, profiter de l'instant présent et de moments de grâce que seul l'artiste sur les planches peut ressentir et partager cet amour avec un public le plus souvent bienveillant... Tel est souvent le scénario écrit sous le feu des rampes.

La rencontre à Goa, en Inde, entre le Lyonnais Cédric de la Chapelle et un crooner de service usé à la corde par la vie a jeté les bases d'un roman digne d'un conte de fée, avec possibilité de rédemption à la clef, de happy end et autres rêves d'artistes...

Mais la réalité finit toujours par rattraper les acteurs à leur propre jeu, et Slow Joe, Joseph Rocha de son vrai nom, en est un des exemples flamboyants.

Décédé le 2 mai l'an dernier, à 73 ans, il aura néanmoins vécu ces dix dernières années une épopée digne de celle contée par Rob Reiner, n'enlevant rien à la beauté de la rencontre entre un touriste de passage et une figure locale du passé éprise de musique d'un autre continent. Tout l'amour et le respect qui en ont perlé ont parlé au travers de chansons qui témoigneront d'une aventure rare, même si la musique qui en a germé et toute l'énergie consacrée à changer une ou plusieurs destinées, n'a pas suffi à anéantir les démons tapis dans l'ombre.

Le portrait* qui sert de pochette à ce troisième disque, posthume, de Slow Joe & the Ginger épouse toute la beauté, la douleur, la noirceur et la pureté d'un triptyque qui se referme sur un album sombre mais auquel son interprète et la bande musiciens français qui l'accompagne confèrent une brillance et une lumière dans les arrangements et les sonorités qui rendent l'épreuve de l'hommage plus acceptable mais pas moins définitive.

En arrière-plan de cet album, l'invétéré crooner continue à prêcher jusqu'au bout la seule religion qu'il connaisse... l'amour (My Sway, She Makes Love Like Crazy).

Mais Let me Be Gone est un aussi album lourd, tellement lourd qu'on se réjouit de la légèreté avec laquelle son interprète entonne des textes sur la guerre futile des religions face à l'amour (Temple, Mosque, Church), les tranches de vie bazardées, son vécu de beautiful looser (I Was a Stooge), mais avec un recul (God Damn the Pusherman) empreint de sagesse et de lucidité qui donnent à l"oeuvre sa plus belle profondeur.

Slow Joe laissera cette vision de la vie et de la sienne comme celle d'une ballade au rythme du lollypop beat, le rythme des glaces à l'eau, qui lui permettent d'affirmer tout en douceur :

Man, I tell you for sure / Life has been good to me / Life has given me chocolate sprinkles and candy sparkles (...) and we will be transformed and loved

Mec, je peux t'assurer / La vie a été bonne avec moi / La vie m'a apporté des pluies de chocolats et des étincelles de sucreries (...) et nous en serons métamorphosés et nous connaîtrons l'amour

(Candy Sparkles)

Dix ans, trois albums, plusieurs centaines de concerts, et quelques chandelles brûlées par les deux bouts emportées par une flamme déclarée à la soul, au rock, à la musique.

* photo Magali F. Fouquet

Posts similaires

Voir tout
Recent Posts:
Similar Posts:
bottom of page