23 fév. ~ Drive Blind ~
l Drive Blind l Be a Vegetable l
Ce qu'il y a d'excitant avec la musique, c'est qu'il est possible de découvrir chaque jour de nouvelles choses intéressantes... Ce qui veut dire qu'on en rate aussi beaucoup et qu'il n’est donc jamais trop tard pour découvrir tel ou tel artiste.
D’où l’utile réédition de petits bijoux qui firent bonne impression à leur époque.
Autant les années 80 sont largement considérées comme une vraie plaie pour la scène française - il y a des exceptions bien sûr mais la gueule du Top 50 est quand même là pour attester du désastre -, autant les années 90 virent fleurir toute une scène rock locale des esthétiques hardcore, noise ou pop-noise (comprendre grunge ?) dont il n'y a pas à rougir.
La capacité - enfin - des groupes français à absorber, digérer et créer à partir de références rock US faisait plaisir à entendre, surtout que dans le même temps émergeaient une poignée de studios et d'ingénieurs du son capables d'accompagner des mêmes artistes dans les phases d'enregistrement, aux premiers rangs desquels le Black Box (Angers) et feu-Iain Burgess et le Pôle Nord (Blois) avec Fred Norguet - dans le style de musique qui nous intéresse ici.
On pense donc aux Thugs bien sûr, à Portobello Bones, à Spicy Box, en passant par Sloy, Mush, Skippies, Condense, Sleeppers, … et Drive Blind donc !!!
Head Records a eu la bonne idée l'an dernier de rééditer leur grand et bel album Be A Vegetable, avec petits bonuses histoire de...
Je ne saurais donc que conseiller de vous (re)pencher sur ce qui fut leur dernier disque - ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! - ne serait-ce que pour One Reason To Smile, un tube en puissance qu'il faudrait demander à Dave Grohl d'écouter pour revenir dans le droit chemin.
Sous le soleil nîmois, les titres Five Seconds… ou Placebo ne pâliraient pas devant le meilleur de Mudhoney, au féminin pour l'occasion, tout comme Fiasco, qui préfigurait déjà un peu à sa façon la naissance de Tantrum.
Bref, c'était un peu comme si la famille grunge de Seattle avait eu des cousaîngs dans l’arrière-pays montpelliérain.
En de cerise sur le gâteau, The Last Temptation Of The Modern Man et 14th of January sont de vrais bijoux sortis d'usines comme il s'en trouvait et s'en trouve encore à Chicago...
Comme il reste impossible de passer sous silence ou à côté de My Second Rate Fulfilmen et de l’ultrapop Subdued, parfaites ballades punk à roulettes... il en ressort que sur les 12 titres originaux, il n'y a avait pas grand chose à jeter. Une chose devenue rare, non ?
L’album nous est donc revenu sous la forme d’un double vinyle bien rempli grâce à l’ajout de Wrecking, publié à l’époque en face B de Vegetable Vendetta, et à l’ajout du morceau caché en fin de CD, sans titre à l'époque, 1, 2, 3 Get Ride Of Me.
En vrai vrai bonus, on trouve sur la réédition un inédit enregistré à l’époque au bout du bout du lac Léman, à Genève, le très Nirvanesque Love², comme la tête au carré béate avec laquelle on se retrouvait au sortir de leurs concerts*.
Drive Blind avait opté à l’époque pour un autre célèbre studio... celui des Forces Motrices, avec aux manettes David Weber des Young Gods, qui a tout remasterisé pour l'occasion.
Le travail de l’époque parlait déjà de lui-même, et même si les jeunes oreilles limiteur-mid-tempo-intégré n’entendront pas la différence, ni les vieilles esgourdes éreintées aux décibels sauvages en concerts... le plaisir reste entier et la décharge reste électrique vive et saisissante.
C’était il y a 20 ans. C'était l'année dernière.
*Spécial souvenir d’un concert avec A Subtle Plague à Victoire 2, à Saint-Jean-de-Védas !