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05 fév. ~ Brigitte Fontaine ~


l Brigitte Fontaine l est... ? l

Je me souviens d'une période de transition mal vécue par les mastodontes de l'industrie du disque, qui, perturbés dans leur suprématie face à de nouvelles pratiques de circulation de la musique n'hésitaient à freiner des quatre fers - avant de mieux tout vampiriser par la suite (mais ceci est un autre débat).

A cette époque-là, je me souviens d'un disque arrivé sur mon bureau de programmateur de radio... l'album d'une belle - donc talentueuse dans le jargon de certains - chanteuse nordique qui ne recelait vaguement qu'un titre valable, mais beau - un single bankable comme ils savent les fabriquer -, noyé au beau milieu d'une dizaine d'autres chansons que j'avais du mal à considérer au mieux comme des chutes de répétition mal dégauchies et même pas finies... le tout vaguement emballé dans un manchon en carton avec un pauvre plateau coulissant en plas-toc, sans livret. Même pas un pauvre boîtier cristal ! Un des plus beaux exemples de foutage-de-gueule du consommateur accessoirement mélomane. Mais bon ! Qu'attendre de Méduses dont la convention collective était à l'époque celle de la métallurgie !

Oui et donc ?

Donc, CE disque-ci, parmi bien d'autres à cette époque-là, celui de Brigitte Fontaine, et du label Saravah, écrit en lettre de noblesse l'histoire de la musique telle qu'elle doit être racontée et chahute au passage quelques clichés de la femme objet, dressant quelques pièces maîtresses d'une indépendance féminine (Eternelle, L'homme objet).

... mais peut-être après tout n'aimez-vous pas la poésie (Comme Rimbaud).

Ce Brigitte Fontaine est... ? est LUI un disque que l'on peut acheter sur la foi d'un seul titre. Il Pleut. Nombre d'artistes auraient rêvé écrire un texte aussi au peu académique et d'une ingéniosité rare.

La production, les arrangements, notamment les deux titres de Jean-Claude Vannier, le timbre de voix, la poésie mutine, légère et raffinée de cette grande artiste... impossible de ne pas tomber sous le charme. S'agirait d'en faire bon usage.

Les textes et l'interprétation sont modernes et impertinents. (Il était) une fois mais pas deux, avertit-elle, et pourtant Fontaine, Vannier, (Olivier) Bloch-Lainé et Higelin elle réussit un quasi sans-faute.

La production du visionnaire qu'était Pierre Barouh, décédé fin 2016 pour notre plus grand regret, fait avec ce disque, le premier album solo de Brigitte Fontaine, la démonstration d'une passion et d'un talent de découverte qui fait de Saravah un modèle de maison de disque audacieuse et visionnaire. En gros, c'est un peu ce qui sépare le bon grain de l'ivraie, le velouté de la soupe, le steak de la semelle, le... Mais peut-être après tout n'aimez-vous pas la musique.

Je résisterai à la tentation de faire étal de morceaux choisis pour vous laisser le bonheur de vous indigner à la première écoute et ce doux plaisir de la surprise de ces bons mots qui surgissent tels des diables en boîte, de ceux qui font dire - mais quand même ! Tout ceci n'est pas très politiquement correct !

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