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14 déc. ~ Hint ~ Arnaud Fournier ~ Ep. 1/2


l Hint l 100% White Puzzle l

Une pochette aux allants de découverte archéologique. Un titre inaugural d'une minute finissant sur un cri strident écrasé par un fracas métallique et cristallin qui finit en agonie saxophoniste.

Telles sont les bases discographiques officielles de Hint, véritable ovni musical qui a marqué son époque, les années 90, pour entrer dans l'histoire de la scène indépendante française comme un groupe de référence, et ce même 20 ans après la sortie du dernier album.

Arnaud Fournier, guitare, trompette, saxophone au sein du duo angevin, avoue ne pas trop savoir si Hint mérite l'étiquette de groupe mythique qu'il est facile et évident de vouloir lui accoler.

Ce qui est sûr, dit-il, ce qu'on voit de nous aujourd'hui, c'est que 19-20 ans après la sortie du dernier album, il y a toujours de la demande, du monde dans les concerts...

On n'a pas touché grand monde mais on les a touchés à coeur, on les a touchés à vie... Artistiquement, je ne sais pas si on a été fondateur de quelque chose. La musique, c'est très cyclique... les années 90 n'ont pas la même influence que les années 2000, ajoute-t-il, évoquant une influence peut-être plus récente sur le math rock et sur un certain retour au Do It Yourself qui lui rappelle ce que le groupe a vécu.

Difficile toutefois de ne pas être impressionné et honoré par l'attente provoquée par une éphémère et donc trop courte récente nouvelle série de concerts, du sentiment de leurs fans.

Il y a quelques jeunes qui ont découvert sur le tard et qui pensaient qu'ils ne nous verraient jamais... comme moi quand je suis allé voir le Velvet quand ils ont rejoué, souligne-t-il. Il y a un peu de jeunes, une audience de 30-35 ans jusqu'à cinquante... c'est tout à fait normal. On retrouve des têtes de l'époque, ça rebascule 20 ans en arrière, c'est limite une cure de jouvence, confesse Arnaud.

Il n'y a pas de nouveaux morceaux, ce qui n'est pas forcément un bien, mais pas un mal non plus, admet-il. Mais les gens connaissent les titres et ont plaisir à les entendre...

On a réussi à remettre le couvert sur le live, qui dit qu'on ne remettra pas le couvert sur un album...

[ on est un peu le chaînon manquant de la scène française entre le hardcore et l'indie ]

Modeste par rapport à l'influence que peut avoir eu Hint, il concède néanmoins croiser de temps à autres, lors de sessions de coaching qu'il donne en parallèle de ses multiples projets musicaux, des musiciens qui avouent avoir voulu faire de la musique parce qu'ils avaient vu le groupe quand ils avaient quinze ans.

À la base (…) on avait un son très spécifique qui était different de ce qui se faisait à l'époque... Bastärd, Portebello Bones, Drive Blind... on est un peu le chaînon manquant de la scène française entre le hardcore et l'indie, tente l'artiste qui s'explique les choses par le fait qu'Hervé Thomas et lui étaient les seuls à brasser les choses tel qu'ils le faisaient dans leur musique...

Du coup, on n'a jamais été à la mode. On n'était pas inscrit dans un courant précis contrairement par exemple au skate-punk à roulettes qui est très identitaire… Du coup, on n'a jamais été démodé non plus. Avec nos backgrounds à tous les deux, ça a créé un truc un peu bizarre et un peu unique…

Et de revenir sur le fait qu'Hervé et lui se connaissaient, se croisaient avec chacun de leurs anciens groupes en répétition.

Hervé, c'était le premier mec à Angers à utiliser des samplers, explique Arnaud, resituant le contexte international qui voyait exploser une scène industrielle que l'on sent sous-jacente en termes d'influences, et le fait que son camarade l'ait ouvert en parallèle aux choses que faisait John Zorn, pour l'exemple.

Mais la caractéristique intrinsèque de Hint est ailleurs, comme il l'explique. Un saxophone très Lynchien pour un univers parfois plus proche du free jazz que de la noise.

C'est le fait de ne pas se poser de questions, dit-il. Un jour Hervé m'a dit vouloir faire lancer un projet. Il m'a demandé si je jouais du sax, mais moi je faisais de la trompette et de la guitare. Je ne savais pas jouer de sax mais je l'ai pris à pleines dents (…) le sax était hurlant parce que je ne savais pas en jouer.

Il n'y avait pas de réflexion. C'était un peu du système D. Très à l'instinct. J'avais ma trompette et ma guitare et lui guitare et sampler… voilà la palette sonore.

[ au troisième concert, les gens de Black & Noir étaient là...

Ils nous ont proposé tout de suite de faire un album ]

Depuis, entre 15 ans de disques et tournées avec La Phaze, Arnaud s'amuse à dire qu'il se contente de traverser les époques, sans amertume ni regrets, ni C'était mieux avant.

C'est plus difficile aujourd'hui, il y a beaucoup moins de labels, c'est plus dur de vendre des disques. À l'époque, sans se fatiguer, on vendait 2000 disques en tournicotant. Aujourd'hui, soit tu es très gros, soit tu es microscopique, dit celui qui mesure par exemple la différence de parcours entre La Phaze, justement, ou son projet Dead Hippies, par rapport à l'époque de Hint.

Il y avait beaucoup d'insouciance, confesse-t-il. Je montais dans le camion, j'allais faire des concerts (...) Je sortais de la fac, je me laissais un peu vivre...

On a sorti une démo cassette, parce que c'est ce qu'on faisait à l'époque.

On a commencé à faire quelques concerts. Hervé a monté une tournée (…) une belle tournée avec de beaux spots... Il avait un peu de réseau avec les tournées de son précédent groupe.

Au troisième concert, les gens de Black & Noir étaient là, dont l'un des fondateurs était le chanteur des Thugs. Ils nous ont proposé tout de suite de faire un album chez eux. Ça a donné 100% white puzzle.

Avec le recul, je me dis que je n'ai pas assez travaillé mon instrument, la comm', la promo, ... Je pense qu'il faut vivre avec son temps. Tu gagnes en autonomie en temps, en argent... Internet a révolutionné un peu les choses, ajoute-t-il citant à la volée les possibilités de ne pas vivre dans la même ville, de brancher un GPS au lieu de recevoir un fax illisible avec la feuille de route d'un concert en Italie, ...

C'était pas mieux avant, non… le seul truc... je suis juste peiné que ce soit devenu plus difficile de faire des concerts... avec l'économie du live qui a fortement augmenté, les cachets des artistes, l'érosion de la fréquentation, le nombre d'assos en baisse, les programmateurs peinent à prendre des risques. C'est plus difficile pour les jeunes groupes qui ne sont pas dans une mouvance radiophonique. La prise de risque, plus personne n'ose, constate-t-il, regrettant au passage que ce qui s'appelait à l'époque les radios libres appartiennent aujourd'hui à de grands groupes qui obéissent à leurs actionnaires.

Aujourd'hui, Hint se retrouve donc dans une position enviable... puisqu'il échappe au syndrome du groupe devenu mythique parce qu'ayant cessé toute activité, et jouit d'une réputation et d'une notoriété qui crée l'événement chaque fois que le groupe appuie sur Play après Pause, ce, sans avoir jamais vraiment splitté...

Oui, ça na jamais splitté, admet-il. On a arrêté fin '99. On a fait une vingtaine de dates jusqu'en 2005. Ça s'est terminé sans se terminer, c'était comme ça.

Quand un groupe s'arrête les gens sont tristes... des gens sont attachés au groupe, c'est normal... Quand ça s'est arrêté c'est parce qu'il n'y avait plus de concerts, plus d'actu. Quand on a fait la tournée avec EZ3kiel... on s'est rendu compte qu'il y avait des gens qui étaient des vrais fans.. des gens qui pleuraient pendant les concerts... des gens qui connaissaient les morceaux mieux que nous...

[ Aujourd'hui, tout est du plus, du bonus… ]

Ce qui a relancé la dynamique c'est ça, c'est quand Jarring Effect a lancé la création Hint versus EZ3kiel. On a passé deux ans sur la route avec ce projet qui était génial artistiquement. Ça nous a redonné l'envie des concerts mais après, comme d'habitude, chacun est retourné dans sa ville, dans sa vie... et on a oublié.

Cinq après... c'est Jarring Effect encore avec son festival à Lyon qui nous a demandé de refaire un concert de Hint... un concours de circonstance, moi, avec la Phaze, on venait juste d'arrêter de tourner... fallait que je renumérise tout le show video, il y avait énormément de taf.

Ça s'est réarmé comme ça. On a fait trois dates d'essai... il y avait beaucoup de monde, beaucoup d'attente, … On est dans une position où on peut continuer sans chercher... les gens qui veulent nous faire jouer nous appellent... On a chacun nos activités, dit-il.

Aujourd'hui, tout est du plus, du bonus… des concerts pour le plaisir !

Mais prudence ! De là à sauter sur l'idée d'un nouveau disque comme il pouvait le laisser entendre, la tentation est là mais il y a quelques bémol.

On n'en sait rien, avoue Arnaud. On est dans le camion, avec l'équipe... on est sur quelque chose de festif, sans aller plus loin... On n'a pas vraiment de discussion sur le sujet...

Et de résumer... Hint c'est ça ! C'est On ne sait pas. On verra...

Hervé, il a arrêté la musique, il est développeur informatique. Il a fait trois albums sous le nom de Fragile en plus de son job de développeur informatique… Quoi qu'il arrive, ça repartirait jamais en tournée... s'il y avait la demande pour 60 concerts... ça prendrait six ans à dix dates par an !

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